L’islam politique tend d’abord sa toile au niveau local. Pour consolider leur base électorale, des élus municipaux cèdent au clientélisme communautaire. Ces voix se monnaient en échange d’avantages divers, de places au cabinet du maire, jusqu’à laisser les islamistes imposer leurs normes.
Vous connaissez Molenbeek, riante commune de l’agglomération bruxelloise, où le contrôle social des islamistes sur la population est acté grâce à leur alliance avec la gauche ? Si ce quartier est si célèbre, c’est parce qu’il a été la base arrière de l’attentat du 13-Novembre à Paris et qu’il a fait découvrir l’ampleur de la mainmise des Frères musulmans dans le système politique, administratif, judiciaire et universitaire belge. Au point que plus personne ne sourcille quand certains parlent de Belgistan.
Or à Molenbeek, l’appropriation territoriale s’est faite d’abord par le bas. C’est précisément la méthode que dénonce le rapport « Frères musulmans et islamisme politique en France », qui affirme que, « d’ici une dizaine d’années, certaines municipalités seront à la main d’islamistes, comme en Belgique. » C’est dire si les élections municipales qui s’annoncent en 2026 nécessiteront une attention accrue de la part des renseignements territoriaux.
C’est en effet l’un des principaux enseignements du rapport : la diffusion de l’islamisme se joue surtout au niveau local « autour d’une mosquée, offrant généralement des cours d’éducation coranique […], comprenant souvent des associations caritatives, culturelles, qui voisinent parfois avec des commerces communautaires ou des activités sportives distinctes de la mosquée, avant d’investir le champ de l’enseignement privé. » Un environnement construit par des militants aguerris qui se retrouvent très vite en position de négocier avec les élus municipaux pour imposer leurs normes dans le cadre d’une relation clientéliste. C’est de cette façon que, petit à petit, « des normes sociales s’imposent (voile, barbe, vêtements couvrants, respect du jeûne du ramadan) », comme l’écrivent les auteurs.
Un clientélisme islamique peu coûteux
La crise démocratique contemporaine rend du reste de plus en plus rentable pour les islamistes, le marché consistant à échanger leurs votes contre de l’influence territoriale et politique. Quand seuls 25 à 40 % des citoyens en droit de voter participent au scrutin, des villes de 50 000 habitants peuvent basculer grâce à l’apport de quelques centaines de voix.
Il faut dire que pour un élu, le clientélisme islamiste peut sembler, dans un premier temps, peu coûteux : votez pour moi et en échange je prête une salle, j’autorise l’ouverture d’un magasin communautaire, je subventionne une association d’aide aux devoirs et à l’insertion, et bien sûr je nomme deux ou trois représentants islamistes, parmi les plus habiles en stock, dans mon équipe municipale, voire au sein de mon cabinet du maire ou dans une direction technique de la Ville. Les services jeunesse, association, éducation, animation ou même le social représentent de bons incubateurs pour cela. Le rapport décrit le phénomène en ces termes : « L’augmentation importante de l’influence municipale gagnée ces dernières années par les islamistes laisse présager le passage d’une gestion électorale de la communauté, au moyen duquel certains élus locaux consolidaient leur base électorale contre avantages, à des alliances plus étroites pouvant notamment comprendre l’incorporation d’islamistes à des positions importantes sur les listes électorales ou dans les cabinets d’élus. »
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Les auteurs se penchent même sur un cas d’école : la ville de Colombes, emblématique de cette démarche d’islamisation.
L’histoire commence quand, en 2014, la mairie socialiste de cette commune des Hauts-de-Seine est sollicitée par un converti islamiste, qui obtient une salle municipale pour une association. Ladite salle est très vite soupçonnée d’être un lieu de prière. Mais la même année, lors des élections municipales, la ville change de bord. La nouvelle maire, une LR moins naïve que son prédécesseur PS, ferme la salle de prière clandestine et annule la cession à titre gracieux d’un terrain qui avait été promis pour la création d’une école soi-disant Montessori, mais en réalité islamiste et coranique. Face à cette hostilité, l’association MUSC (Musulmans de Colombes) demande à la gauche locale de l’aider à récupérer son pouvoir et son influence en échange de ses voix lors du prochain suffrage. Patrick Chaimovitch, un écologiste, se porte volontaire. Et ça marche ! Stéphane Tchouan, le président de l’association, réussit à mobiliser les quartiers à majorité arabo-musulmane de sorte qu’en 2020, l’écologiste est élu. Et qui nomme-t-il directeur de cabinet ? Le président de l’association MUSC, Stéphane Tchouan…
« Nécessité fait souvent loi«
S’il y a peu de doute quant à la volonté des Frères musulmans de monter en puissance dans les municipalités, les coucous islamistes iront donc probablement, à l’image de Colombes, pondre leurs œufs à l’intérieur des listes des partis classiques. Un célèbre connaisseur de la carte électorale que nous avons interrogé, mais qui veut garder l’anonymat, risque ce pronostic : « Il y aura des listes qui afficheront clairement leur orientation religieuse, d’autres qui la dissimuleront sous l’appellation “liste citoyenne”. Mais dans l’ensemble, la progression de la représentation islamiste se fera par une présence des leaders communautaires sur les listes des formations traditionnelles. Elle sera encore renforcée à gauche par l’entrisme local dans les partis, et surtout par la dynamique de l’alliance LFI-islamiste qui affaiblit les autres succursales. »
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Je lui fais toutefois remarquer que le clientélisme islamiste se porte aussi au centre, en particulier à l’UDI, avec des élus comme Jean-Christophe Lagarde à Drancy (Seine-Saint-Denis), Bruno Beschizza à Aulnay-sous-Bois (idem) ou Julien Polat à Voiron (Isère). « C’est vrai, convient-il, mais peu se risquent à cela à droite car un clientélisme si voyant risque de tuer leurs ambitions nationales. Toutefois, localement, nécessité fait souvent loi. Lorsque votre place, donc votre avenir, dépend d’abord du renouvellement de vos alliances, vous êtes moins regardant. Et puis on finit toujours par pardonner aux vainqueurs en politique. »
Quoi qu’il en soit, une seule conclusion s’impose, le vote islamiste est devenu un vote communautariste puissant, qui rapporte gros dans certaines enclaves. Il sera donc présent en 2026, et progressera mécaniquement et mathématiquement. Surtout avec un président à la fois ambigu et impuissant.