À la recherche de l’esprit français. Le regard de Bruno Lafourcade, écrivain.
Les cinq mers qui nous entourent ont fabriqué des marins, des commerçants et des explorateurs ; des flibustiers comme Lafitte, des corsaires comme Surcouf. Cartier a fondé Québec et La Salle exploré le Mississippi ; Jean-François de La Pérouse a visité la Nouvelle-Calédonie, Jean-Loup Chrétien l’espace et Jean-Louis Étienne l’Antarctique en cerf-volant. Tous appartiennent à cet esprit de conquête qui baptisa un jour New York « La Nouvelle-Angoulême ». L’aventure, c’est aussi la science et les arts : Cousteau étudiait les fonds marins, Bombard la survie en mer et les impressionnistes la peinture en plein air, mais un même élan, inventif et audacieux, les animait. Ce premier trait de caractère ne nous est pas propre. Le second l’est entièrement, c’est le râleur compulsif, qui gueule avant tout, qui gueule a priori, qui gueule pour gueuler. Il a donné le sympathique anar de droite, inconnu hors de France ; sans parti ni idéologie, il défend moins qu’il ne s’oppose. C’est le Français du barbecue et du mot de Cambronne. Le point commun à l’explorateur et au râleur ? La volonté de rester libre, de vivre à sa guise. Les marins ont inventé la voile, dit-on, faute d’avoir pu brider le vent. Dieu a inventé la liberté faute d’avoir pu brider les Français. C’est pour ça qu’on part, c’est pour ça qu’on râle.
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