Le multirécidiviste Didier Laroche, 59 ans, n’aurait pas du être remis en liberté par la justice, estiment hallucinés les habitants de la ville de Vivonne où résidait la malheureuse Agathe Hilairet.
Le 12 septembre, sur BFM TV, dans une émission de débat intitulée « La Dispute », deux avocats ont dialogué au sujet de l’affaire criminelle dont a été victime Agathe Hilairet le 10 avril dernier, de l’auteur présumé de cet enlèvement puis du meurtrier Didier Laroche et, plus généralement, « du difficile suivi des condamnés pour viol » (Le Parisien).
Tragique récidive
Même s’il n’y a pas de preuve, pour l’instant, de la présence ou de l’absence de violences sexuelles, le parcours judiciaire de Bruno Laroche et l’exécution des sanctions qui ont été édictées à son encontre ne peuvent que conduire à s’interroger sur la pertinence des échanges entre ces deux conseils à peu près accordés sur le fait que la justice n’est pas responsable, que les crimes sexuels sont imprévisibles et qu’en définitive, les polémiques au sujet de la trajectoire de Didier Laroche seraient inutiles.
Je crois exactement l’inverse.
En 2003, l’avocat général qui avait requis contre Didier Laroche, pour une double agression sexuelle, devant la cour d’assises de Riom (63), avait déclaré à son sujet « qu’il est un homme dangereux, qu’il recommencerait ». Ce qui s’est tragiquement avéré.
En 2004, en appel, pour viol avec arme, il est condamné à trente ans de réclusion criminelle dont vingt ans de sûreté.
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Vingt ans plus tard, Laroche se retrouve à Casabianda (Corse) – ce centre de détention sans murs – où le régime pénitentiaire est souple. En avril 2024, il a été libéré sur décision du juge de l’application des peines de Bastia, malgré l’opposition formelle des parties civiles et les conclusions d’un expert psychiatre qui jugeait « incertaine sa curabilité ». On connaît la suite.
Si on remonte en amont, à l’âge de 29 ans, il a été condamné à douze ans de réclusion pour le viol d’une joggeuse. En 1999, il a bénéficié d’une permission de sortie durant laquelle il a agressé à nouveau une joggeuse.
Sorti de prison en 2000, il a été à nouveau arrêté en 2001 pour viol avec arme sur une jeune femme de 24 ans.
Calamité
De cette histoire criminelle répétitive et rendue confuse par une exécution des peines calamiteuse, inspirée par l’optimisme à l’égard d’un Laroche « récupérable » et « réinsérable », comment ne pas s’indigner d’abord du fait qu’aucune des sanctions n’a été purgée intégralement ?
Contrairement à ce qui avait pu être affirmé dans « La Dispute », il était non seulement facile mais élémentaire, en raison de l’histoire criminelle de Laroche gangrenée par d’atroces similitudes, de prévoir que cet homme était enfermé dans un système où il serait inéluctablement coupable de crimes sexuels et victime de ses pulsions terrifiantes. La conclusion à en tirer était de récuser un humanisme béat et de refuser une générosité et un laxisme dont la société allait payer le prix.
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C’est ce qui s’est produit. Il est essentiel, pour conforter cette argumentation, de souligner que, soumis à une surveillance judiciaire à Vivonne (86), après sa sortie de Casabianda, moins d’un an après, il a commis le pire sur la malheureuse Agathe Hilairet.
Non seulement la criminalité sexuelle est singulière parce que, sauf miracle, le condamné récidive, mais dans les intervalles du contrôle qu’il peut apparemment respecter, il s’abandonne au pire de ses pulsions.
Il me semble que ce n’est pas instrumentaliser l’horreur que de considérer que, pour la faire cesser et éviter qu’elle se reproduise jour après jour, il faudra radicalement changer notre logiciel : l’État de droit n’est pas destiné à nous faire plaisir mais à protéger la société des Laroche réels ou à venir.
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