Accueil Édition Abonné À force de diviniser la nature, la terre brûle et les rats pullulent…

À force de diviniser la nature, la terre brûle et les rats pullulent…

Gare au dogmatisme vert pour préserver la nature


À force de diviniser la nature, la terre brûle et les rats pullulent…
Forêt landaise / image d'archive. Unsplash.

Après des jours d’âpres combats contre les flammes des incendies géants qui ont ravagé la Gironde et la Bretagne, l’heure est aux mesures préventives. L’analyse d’Isabelle Marchandier.


On évoque la nécessité de renforcer et de moderniser les moyens aériens de nos soldats du feu. On insiste sur l’impératif de gonfler les effectifs des pompiers, tout en se refusant à réintégrer les 5 000 pompiers non vaccinés qui manquent à l’appel. Mais, en premier lieu, il faudrait rompre avec le dogmatisme écologiste qui empêche parfois de mener des actions préventives contre les feux de forêt.

Une polémique entre Mac Lesggy et Sandrine Rousseau

« Notre maison brûle et nous regardons ailleurs ». La sentence accusatrice de Jacques Chirac a été citée jusqu’à plus soif. Mais, il est difficile de ne pas y penser lorsque l’on évoque les récents incendies en Gironde et en Bretagne. Le président français qui a réalisé le dernier septennat est devenu notre prophète gaiesque, presque un mentor pour notre collapsologue rageuse préférée Greta Thumberg ! Pourtant, l’aveuglement systématique des hommes devant les effets dévastateurs du dérèglement climatique, dénoncé avec raison par Chichi, pourrait paradoxalement concerner également nos actuels dénonciateurs les plus intransigeants – à savoir les écologistes eux-mêmes. Il suffisait pour s’en convaincre d’écouter l’incontournable écoféministe Sandrine Rousseau, interviewée an début de la semaine dernière, dans la matinale de RMC.

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Sans surprise, l’élue Nupes a passé tout l’entretien à décharger sa verte colère sur les « entreprises climaticides, les profiteurs de crise et les plus riches », agitant l’argument d’autorité qui coupe court à tout débat, les rapports du GIEC. Puis, elle s’est offusquée de la bétonisation, oubliant que cette dernière était aussi engendrée par les éoliennes qu’elle aime tant. Mais, la partie la plus intéressante de l’interview, c’est lorsque le journaliste Philippe Corbé est revenu sur ces mégas feux de forêts et a décidé, très pertinemment, de titiller notre impayable députée sur une polémique bien précise.

Le 15 juillet, le présentateur de l’émission scientifique bien connue, E=M6, Mac Lesggy, a en effet mis le feu aux poudres en rappelant, dans un tweet, la supposée responsabilité de l’entourage de la sénatrice EELV Monique de Marco dans les dysfonctionnements de la politique de prévention du risque incendie.

En effet, en juillet 2021, des élus avaient obtenu la suspension d’un plan d’aménagement de la forêt de la Teste-de-Buch, pourtant réclamé par les pompiers pour mieux protéger le site forestier aujourd’hui ravagé. Pour éteindre cet incendie, qui grille la crédibilité de nos écolos, Mme Rousseau a alors recours à de l’enfumage en guise de pare feu : « La nature, si on la laisse s’autogérer, a les moyens de s’organiser elle-même pour limiter le réchauffement » a-t-elle rétorqué, confondant sciemment réchauffement et embrasement, l’urgence climatique et la prévention des incendies. Radicale, Mme Rousseau préfère prêcher les commandements de son dogme païen et recouvrir d’un voile vert une triste réalité. Car c’est justement parce que l’homme a trop laissé faire la nature, qu’on peut lui reprocher cette rapide propagation des flammes en Gironde ! À d’autres endroits en Gironde, où l’on a tracé de grands chemins larges de six mètres où tout arbre a été abattu, les camions de pompiers circulent plus rapidement.

La forêt n’est pas une vache sacrée

Mais peu importe ! car, selon la vision dogmatique de l’écologie politique, la nature est absolument divinisée et, par conséquent, aussi intouchable qu’une vache sacrée ! Dès lors, toute intervention humaine s’apparenterait à un sacrilège hérétique. Et par conséquent, débroussailler, ramasser le bois mort ou pratiquer des coupes rases ne sont plus des techniques d’entretien envisageables pour limiter la propagation des incendies, mais des gestes « écocides ».

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C’est d’ailleurs ce qui s’est passé dans le Var, l’été dernier, où un autre incendie gigantesque avait fait la une de nos journaux, quand 7 000 hectares de forêt avaient été ravagés dans le massif des Maures. Ce fut à peu près le même scénario que ce qu’a connu le Sud-Ouest cette année : 10 000 habitants évacués et dix jours de lutte intense contre des flammes qui avaient même provoqué la mort de deux personnes. L’une des raisons de la difficulté à fixer cet embrasement meurtrier ? La gestion de la réserve naturelle de la plaine des Maures qui, depuis un décret passé en 2009, est placée sous la gestion du Conseil départemental du Var, lequel en a fait un sanctuaire naturel où l’entretien est jugé comme une atteinte. Fabienne Joly, présidente de la chambre d’Agriculture, et Jean Bacci, sénateur LR du Var, étaient alors montés au créneau pour dénoncer cette aberration. Au nom de l’écologie, pas question de débroussailler, même avec une technique aussi ancestrale et respectueuse de l’environnement que l’éco-paturage : les éleveurs qui osent braver l’interdit et font paître leurs brebis sur les terrains sacrés risquent de se prendre une prune !

La fable de l’autogestion

Asséner, comme le fait Mme Rousseau, que la nature s’autogère, laisse à penser que la nature est douée de conscience, qu’elle sait se limiter et qu’elle est capable de le faire par elle-même. Il suffit de laisser son jardin sans entretien pendant un an pour voir ce qu’il en est et se rendre compte de cette ineptie.

Cette idéologie verte sévit en outre également en ville. Dans la capitale, le laisser-faire de la main verte d’Anne Hidalgo fait des ravages : les habitants sont priés de cohabiter au péril de leur santé avec les 4 millions de rats – ô mille excuses pour cette insulte spéciste, de « surmulots » ! Et des centaines de lapins défoncent les parterres, déciment les géraniums et pullulent à foison sur le Champ de Mars. La capitale tend ainsi à devenir une jungle peuplée d’animaux liminaires, où l’anarchie de la végétalisation artificielle obstrue peu à peu l’harmonie classique de la ville lumière. Paris n’est plus vraiment une fête !

Le 3 août, la mission de prévention du risque incendie, lancée par le Sénat en juin, rendra des préconisations. À la veille d’une date historique qui célèbre l’abolition des privilèges, espérons que celui du dogmatisme vert soit aboli pour le meilleur de la nature !




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