À Libourne, Nicolas Vanier est le secrétaire du Père Noël pour 2025
Cette année, un Père Fouettard vert remplacera-t-il le Père Noël ? Transformer la magie de Noël en séance d’endoctrinement écologiste: voilà l’idée lumineuse de La Poste, qui a confié à Nicolas Vanier la mission de répondre aux lettres adressées au Père Noël par plus d’un million d’enfants. Au lieu des cadeaux rêvés par les petits, place à la morale verte ?
« Cher petit Pierre,
J’ai bien reçu ta lettre, qui, hélas, a émis beaucoup de CO₂ en traversant la France. Tu as donc contribué, sans le vouloir, à aggraver l’état catastrophique de notre belle planète et à augmenter ton empreinte écologique. Mais comme c’est la fête de l’Hiver, je te pardonne.
Tu demandes un avion en Lego. J’en ai bien un, tout neuf, juste à côté de moi. C’est un très joli jouet. Mais sais-tu qu’un avion pollue énormément ? Ce rêve-là est trop écocidaire et beaucoup trop hétéronormé. Il ne faut plus le faire. Je préfère t’envoyer à la place un kit-tricot écoresponsable, avec de la laine de moutons homosexuels sauvés de l’abattoir et élevés dans une ferme gay-friendly en Allemagne. Grâce à ce kit 100 % écoresponsable et labellisé LGBTQIA+ compatible, tu pourras fabriquer toi-même de merveilleux pulls à col roulé inclusifs, avec un message brodé en laine épaisse rose fluo : “I WOOL SURVIVE”.
Cela t’apprendra à te passer de chauffage, si destructeur pour le climat, et à entrer, dès cinq ans, dans une démarche responsable de déconstruction du “genre”. Je te souhaite de très belles fêtes d’Hiver, avec la bénédiction de la sainte patronne de la Terre, Gaïa. »
Voilà donc à quoi pourrait ressembler la magie de Noël d’ici quelques années : une séance de culpabilisation climatique qui transformerait la lettre au Père Noël en série de commandements écologiques.
C’est en tout cas la mission confiée à l’explorateur-prêcheur écolo Nicolas Vanier, choisi cette année pour répondre aux lettres adressées au Père Noël à Libourne. Collapsologie oblige, le cinéaste veut désormais « sensibiliser » les plus jeunes au réchauffement climatique : « C’est l’enjeu capital pour la jeunesse, qui va à la fois hériter de cette terre très malade et qui, je l’espère, va conduire le changement », explique-t-il.
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Revenons aux fondamentaux. Une lettre au Père Noël, c’est un enfant qui confie ses rêves de cadeaux au vieux monsieur à la barbe blanche et aux yeux rieurs. Voitures téléguidées, Lego, poupées, circuits, vélos… tous ces cadeaux longtemps désirés avant Noël et qui apparaissent comme par magie au pied du sapin. La lettre au Père Noël est un espace littéraire où l’imagination se déploie, où tout devient possible. Mais voilà : en 2025, les écologistes ont cette fâcheuse tendance à voler les rêves. On se souvient de la maire écologiste de Poitiers, qui déclarait en 2021 que « l’avion ne doit plus faire partie des rêves des enfants ». Et parce que le merveilleux doit désormais se plier aux injonctions progressistes, même la scénographie de Noël est déconstruite et réécrite, comme à Nantes en 2023 où le Père Noël a été effacé et remplacé par une « Mère Noël » et les décorations traditionnelles remplacées par des lumières d’un inesthétique vert criard. L’essentiel n’est plus d’émerveiller, mais d’endoctriner.
Avec Nicolas Vanier, on peut craindre que le Père Noël ne mute en Père Fouettard vert. Avant, il fallait être sage, écouter ses parents, bien travailler à l’école. Aujourd’hui, les bons points se mesurent en émissions carbone non rejetées dans l’atmosphère. Et l’enfant le plus méritant n’est plus celui qui fait ses devoirs et obéit à ses parents, mais celui qui pratique le tri sélectif et surveille les membres de la famille qui se trompent de bac de recyclage. On peut craindre que cette moralisation climatique, appliquée aux plus petits, ne produise exactement l’inverse de ce qu’elle prétend prévenir : de l’angoisse, de l’éco-anxiété, de la culpabilité, voire de la haine de soi. Et dire qu’on s’inquiète de la santé mentale des jeunes…
Mais le plus savoureux est ailleurs : celui qui prétend aujourd’hui éduquer les enfants à la vertu climatique n’aurait pas lui-même toujours brillé par son comportement écologique. Certains écolos bien plus radicaux que lui l’accusent d’avoir provoqué la perte de 500 œufs de flamants roses en Camargue lors du tournage de Donne-moi des ailes en 2018. Quant à son camp de chiens de traîneaux ouvert dans la Drôme en 2011, il avait lui aussi suscité de nombreuses controverses : attaques, brebis tuées, sécurité inexistante… jusqu’à sa fermeture administrative en 20141. Pas un cadeau !
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