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Patriarcat acoustique

La droite populiste silencie une femme puissante et perd la face


Patriarcat acoustique
La députée d'extrème gauche Sandrine Rousseau © Stephane Lemouton/SIPA

Le député ciottiste Gérault Verny regrettera longtemps d’avoir osé demander à Sandrine Rousseau de parler moins fort dans l’hémicycle. «Sexisme» caractérisé !


En 2025, au nom d’un féminisme de combat façon opéra-bouffe, un député n’a même plus le droit de demander poliment à une collègue de baisser un peu le volume. Résultat : un drame.

Acte I La tempête

Sandrine Rousseau, fidèle à son style habituel, se lance dans un discours dont l’intensité acoustique effarante ferait reculer une fanfare militaire prussienne composée au bas mot de dix trompettes, quatre cors et cinq trombones et couvrirait facilement le bruit au décollage d’une fusée Ariane 5.

Les députés encaissent stoïquement. Souffrance générale, y compris au-delà des bancs de la droite.

Acte II Le crime

Un député UDR, resté parfaitement calme, se risque au micro à un timide :

« Madame, pourriez-vous éviter de hurler ?… »

Il n’a même pas dit « gueuler »…

Mais c’est un sacrilège suprême. Violence sexiste ! Le malheureux n’a probablement jamais été initié aux arcanes subtils du féminisme contemporain. Tremblement de terre en vue.

Acte III La Prêtresse

La présidente de l’Assemblée Madame Braun-Pivet se redresse, se crispe, sa tête gonfle, se teinte d’un rouge solennel, et, tremblante de colère, elle lance aussitôt l’anathème suprême : « Sexisme ! … C’est insupportable ! … C’est une honte ! » Le tout avec la ferveur d’une gardienne du Temple surprise à l’heure de la sieste.

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Tout le monde sent que la Grande Prêtresse va sévir d’importance, d’autant que la brebis galeuse hérétique est estampillée UDR, c’est-à-dire crypto-RN. Autant dire qu’elle lui octroie le niveau de moralité d’un tueur en série de petites filles buveur de sang.

On peut tout faire dans son hémicycle, mais il y a des limites.

Acte IV — La sentence

Le député néophyte, blanc comme un enfant de chœur fraîchement peigné pour la messe, innocent et candide comme une mariée en porcelaine rose sortie de sa vitrine, reçoit un sévère rappel à l’ordre avec inscription au procès-verbal. Mme Braun-Pivet le foudroie du regard, le menton encore agité de trémulations.

Au moment où elle prononce « rappel à l’ordre, inscription ! », le député perd cinq centimètres de hauteur. Mais son regard de bébé phoque abandonné sur la banquise ne trompe personne à gauche… ce sale bonhomme a voulu rabaisser une pauvre femme, déjà objet d’une oppression patriarcale séculaire. Ordure ! Facho ! La sanction maximale pour cette faute impardonnable est justifiée.

Le député de droite a-t-il vraiment cru, dans un moment d’égarement, que l’Assemblée nationale était encore un lieu où l’on pouvait demander calmement à une femme de ne pas hurler dans l’oreille interne de ses camarades d’infortune ?

Épilogue

On peut tout faire dans l’hémicycle : crier, invectiver, s’enflammer, déployer un drapeau palestinien, injurier, être fiché S, faire le geste du sourire kabyle, pousser des cris d’animaux, rouler un joint, dormir avachi, se gratter les parties ostensiblement… Etc. Mais demander courtoisement à une femme de baisser d’un ton ? Ça, non. Agression caractérisée, coup d’État patriarcal, transgression ultime avant féminicide programmé.

Et Mme Braun-Pivet de se rengorger sous la salve d’applaudissements de toute cette gauche… dont l’amour lui manque parfois.




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est professeur de lettres modernes, membre du Comité Orwell, co-auteur du livre Sauver les lettres, des professeurs accusent, entretiens avec Philippe Petit . Libertin érudit, joueur d'échecs façon neveu de Rameau, écrivain polymorphe, polémiste.

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