Il y a 365 jours, Trump déjouait les pronostics et reprenait la Maison-Blanche. Une victoire politique, mais aussi culturelle, explique notre chroniqueur
Il y a un an, le 5 novembre 2024, Donald Trump remportait une victoire que peu avaient anticipée, et que beaucoup refusent encore de comprendre. L’élection de Zohran Mamdani à la mairie de New York a quelque peu éclipsé cet anniversaire, mais la portée historique du retour de Trump à la Maison-Blanche ne doit pas être minimisée. Cette victoire ne souffrait aucune contestation : le candidat républicain a conquis tous les « swing states », remporté le collège électoral, et — fait rare pour un Républicain depuis George W. Bush en 2004 — gagné le vote populaire.
Jamais, sans doute, un candidat à l’élection présidentielle n’avait affronté une telle adversité : de ses adversaires, mais aussi des institutions, des médias et du monde de la culture.
Qu’on en juge !
Un système hostile
Les instituts de sondage, qui influencent nombre d’électeurs, prédisaient un scrutin serré ou favorable à Kamala Harris. Ils se sont trompés, comme en 2016. La plupart des médias ont couvert la campagne de Trump avec une hostilité constante, avec plus de 80 % de mentions négatives.
Côté financement, Kamala Harris avait le soutien de Wall Street et a dépensé 50 % de plus que son adversaire, inondant les derniers jours de la campagne, écrans et plateformes de publicités négatives.
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À ces obstacles s’ajoutait la machine bureaucratique de Washington — hauts fonctionnaires, universités, ONG, think tanks —, cette armature du fameux État profond (« Deep State ») décidée à empêcher tout retour du trumpisme. Hollywood, de Robert Redford à Georges Clooney, d’Oprah Winfrey à Beyoncé, s’est engagé corps et âme contre lui. Même certains Républicains, les fameux RINO (« Republicans In Name Only »), œuvraient activement à sa perte, notamment à travers le Lincoln Project.
Le système judiciaire a été instrumentalisé pour l’envoyer en prison et le ruiner. Des procédures à répétition, civiles et criminelles, instruites dans des juridictions à majorité démocrate : Washington, New York, Atlanta. 91 (!) chefs d’accusation au total, plus que le mafieux Al Capone, des accusations la plupart sans fondement voire grotesques, mais qui ont bien failli l’éliminer de la course.
Et, last but not least, Donald Trump a subi deux tentatives d’élimination physique, dont celle de Butler, qui a mis en lumière les défaillances du Secret Service, dirigé par une femme visiblement incompétente.
Jamais un ancien président n’avait été autant insulté, moqué, caricaturé. Traité de fasciste, de semi-fasciste ou comparé à Hitler par Joe Biden, Kamala Harris, Barack Obama, Nancy Pelosi… Et pourtant, il a gagné, haut la main. La victoire de Trump, ce n’est pas seulement une victoire contre une (mauvaise) candidate, mais contre un système tout entier.
Une victoire aussi basée sur le rejet
Avec le brio qu’on lui connaît, Mathieu Bock-Côté écrit dans son dernier livre Les Deux Occidents que « la victoire de Trump est le rejet du consensus post-1989 : mondialisme, humanitarisme, néolibéralisme, multiculturalisme, néo-féminisme et politiquement correct ».
En effet, une majorité d’Américains ont rejeté tout ce que Biden, Harris et les Démocrates avaient fini par incarner : l’immigration de masse, le wokisme, les politiques de discrimination positive et de DEI (diversité, équité, inclusion), la « critical race theory », l’engouement pour les Black Lives Matter, la sacralisation du peu recommandable George Floyd, qui avait braqué un pistolet sur le ventre d’une femme enceinte…
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C’est aussi le rejet de la théorie du genre et de l’idéologie LGBTQIA+ (nom officiel patenté), des hommes transgenres dans le sport féminin, des hommes biologiques dans des prisons pour femmes, des procès pour avoir « mégenré » quelqu’un, des thérapies hormonales et des opérations chirurgicales sur des enfants ou des adolescents, comme l’ablation des seins chez des jeunes filles.
Top Gun plutôt que The Marvels
C’est encore une Amérique qui préfère Top Gun avec Tom Cruise à The Marvels et son casting militant 100 % féminin, une Amérique qui veut encore voir les sept nains dans Blanche-Neige et un baiser amoureux — sans consentement préalable — par le prince charmant pour réveiller la Belle au bois dormant.
L’Amérique MAGA de Trump croit dans sa Constitution et dans la liberté d’expression, bien menacée par le camp démocrate. Une Amérique profonde, populaire, du bon sens et profondément patriote : dans les meetings de Trump, on scandait « USA, USA » ; dans ceux de Harris, « Kamala, Kamala » !
Hillary Clinton qualifiait les électeurs de Trump de « déplorables ». En novembre 2024, les déplorables, les « ploucs » ont gagné. Donald Trump a ainsi remporté une bataille dans la guerre culturelle qui déchire l’Occident, mais la guerre sera encore longue et l’issue reste incertaine.
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