Raphaël Enthoven de nouveau bienvenu au festival du Livre de Besançon !
Exceptionnellement, aujourd’hui, je vous parle d’un train qui arrive à l’heure. En retard mais à l’heure quand même. Jeudi dernier, la maire écolo de Besançon Anne Vignot, cédant aux pressions du PCF local, décrétait le journaliste-écrivain indésirable au festival intitulé « Livres dans la Boucle » (19, 20 et 21 septembre). Son crime : un tweet affirmant qu’ « il n’y a AUCUN journaliste à Gaza ».
Nombreux cas documentés
« Uniquement des tueurs, des combattants ou des preneurs d’otages avec une carte de presse. » C’est excessif, car il y a certainement aussi des vrais journalistes. Mais, de nombreux cas de journalistes-terroristes ou du moins militants pour le Hamas sont bien documentés. La maire avait prétendu qu’elle ne pourrait pas garantir la sérénité des échanges. Ces propos discutables ne devaient pas être discutés.
Or, surprise, la décision de l’édile a suscité une bronca des auteurs invités et un festival de désistements, dont celui de David Foenkinos, le président, de Joann Sfar, de Jacques Expert, des éditions POL etc. Et une pétition était même en train de se préparer. Plus étonnant encore, beaucoup des protestataires ont précisé qu’ils étaient en désaccord avec Raphaël Enthoven, mais refusaient le délit d’opinion et l’ingérence politique. Les libraires étaient évidemment catastrophés de leur côté. Hier, la maire faisait donc machine arrière et annonçait que Raphaël Enthoven était réinvité. Bon prince, il a accepté non sans ironiser.
Pourquoi est-ce étonnant ?
Le courage n’est d’ordinaire pas la vertu première des milieux culturels. Dès que quelqu’un est attaqué, habituellement, tout le monde est aux abris.
Souvenez-vous. En 2020, personne n’a boycotté la cérémonie des Césars parce que Roman Polanski, primé, avait été désinvité. Quand le musicien Ibrahim Maalouf est débarqué du jury du festival du film américain de Deauville en 2024 pour une histoire sexuelle où la justice l’avait relaxé, personne ne bouge non plus. En 2023, pire encore, le dessinateur Bastien Vivès est déprogrammé du festival d’Angoulême pour des dessins pornos-rigolos vendus sous blister (il a été accusé de pédophilie pour ces dessins) alors que la curée est alors menée par des étudiants et des auteurs de BD ! Cette année, à Cannes, Jacques Audiard n’a pas eu un regard pour la géniale actrice trans Karla Sofía Gascón d’Emilia Perez, mise au ban pour des tweets critiques de l’islam. Et toute son équipe fait pareil (tous ces gens « bien intentionnés » dont parlait Brassens).
Pour ne pas perdre la carte et la bienveillance de Télérama et des Inrocks, on se couche devant la bien-pensance du jour. Et la bien-pensance d’aujourd’hui c’est Génocide à Gaza et masculinité toxique partout !
Voilà pourquoi je voulais aujourd’hui vous parler de cette affaire Enthoven. Pour une fois, l’esprit voltairien a soufflé (« je ne partage pas vos idées etc. »). Dans le Doubs, le courage et la solidarité de tous ces auteurs ont payé. Je veux y voir la preuve que le recul dramatique de la liberté d’expression et la disparition de la dispute civilisée ne sont pas une fatalité.
Cette chronique a d’abord été diffusée sur Sud Radio.




