À la recherche de l’esprit français
Il a quelque chose de Cyrano. Peut-être l’insolence. Peut-être le panache. Peut-être le courage. Peut-être encore cet esprit français qui répugne à se courber devant une autorité jugée illégitime. Il s’appelle Henri II de Montmorency et a vécu au début du XVIIe siècle. Gouverneur du Languedoc, il fait de Béziers sa « capitale ».
En 1632, il décide de faire tomber Louis XIII, rien que ça. Pour lui, le royaume de France vire à la tyrannie. Avec son âme damnée Richelieu, le roi soumet toutes les provinces rebelles, sans aucune pitié. La Rochelle et ses 23 000 morts affamés s’en souviennent. Qui parle encore du village de Nègrepelisse où Louis XIII fit pendre tous les hommes aux arbres de leurs jardins et violer toutes les femmes par la troupe ? Un Poutine en perruque et chemise de soie.
A lire aussi, Père Jérôme Prigent: Liberté, spiritualité, fraternité
Le jour J, le duc passe le Rubicon et fait arrêter le représentant du roi. Puis déclare le Languedoc indépendant. Pétrifiée, la noblesse locale l’abandonne, tout comme le frère du roi qui complotait avec lui ! Sans troupe ou presque, Montmorency se lance malgré tout dans un combat désespéré face à l’armée royale. Voyant la défaite inéluctable, il cherche la mort en chargeant sabre au clair contre les rangs ennemis. Gravement blessé, il est fait prisonnier, puis décapité. Le roi a fait un exemple en éliminant le représentant d’une des plus vieilles familles de France. Un choc qui glace l’Europe entière.
L’ordre règne. Le Midi est mis au pas. Mais la rébellion du duc coule toujours dans les veines de ces éternels rebelles qui peuplent les rives de la Méditerranée. Nous venons d’installer son buste en plein centre de Béziers. Une nouvelle provocation ? Non, un goût immodéré pour l’esprit frondeur. Pour l’esprit français ?





