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200 moments cultes pour les 20 ans du magazine "So Foot"


Ode au football
Johan Cruyff, Diego Maradona, Zinédine Zidane et Pelé. © BPI/Shutterstock/SIPA ; Imago/Shutterstock/SIPA ; Apichart Weerawong/AP/SIPA ; Colorsport/Shutterstock/SIPA

C’est un petit bouquin carré, couleur bleu marine – peut-être un hommage au grand retour du Havre en Ligue 1 – avec les mots « So Foot et Chérif Ghemmour ; Nos 200 dates » couleur vert fluo…


Pour les 20 ans du magazine, qui a su imposer son ton décalé, So Foot, a sorti ce petit livre, qui a pioché 200 moments cultes de l’histoire du football.

200 choix dans la date

Sans image, le livre est un peu austère et nous prive de l’art de la légende entretenue dans le magazine depuis 20 ans. Tant pis pour les amoureux des couleurs bariolées des vieux maillots de l’équipe du Zaïre, évoquée pour sa participation cauchemardesque au mondial 74. La titraille compense un peu, avec quelques jolies trouvailles. La grande aventure commence avec la finale de la Coupe du monde 1930 et se referme avec celle de 2022, avec comme point commun entre les deux événements, la présence à chaque fois des Argentins. Avec ces 200 dates retenues, on suit surtout le parcours d’une poignée de grands champions : Di Stefano, Pelé, Cruyff, Maradona, Platini, Zidane, Cantona… Et puis aussi Juan Roman Riquelme, un des derniers numéros 10 argentins à l’ancienne. On reprochera un peu à l’ouvrage de faire fi de ces temps immémoriaux, quand, tandis que la France se remettait à peine de la débâcle de Sedan (celle de 1870, pas la défaite du PSG dans les Ardennes en décembre 2000…), se disputaient les premières finales de Coupe d’Angleterre entre de jeunes lords un peu snobs, chaussettes hautes et culottes longues, sortis d’Eton ou bien d’Oxford. Le livre ne passe pas à côté de l’exploit du FC Metz en 1984 face au Barça mais on boudera de ne rien voir sur celui des Lavallois contre le Dynamo Kiev à la même époque, ou sur la finale de Calais en 2000… Il y avait largement de quoi proposer 365 dates ! Heureusement, So Foot a lancé une petite série réjouissante en partenariat avec la Ligue de football professionnel, disponible sur Youtube et revenant sur ces équipes de sous-préfectures, qui ont surperformé l’espace d’une saison ou deux : l’En Avant Guingamp de Didier Drogba, le FC Metz de Robert Pirès, le FC Sochaux de Frau et Pedretti… Délicieuse époque où les gros bourgs de l’Ouest rural ou de l’Est industriel pouvaient rivaliser avec les grands clubs des grandes villes.

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Un nouveau ton pour parler de foot

Il y a tout juste 20 ans, donc, So Foot sortait ses premiers numéros et bousculait la presse sportive en proposant un ton neuf en France, plus proche des Anglais de Four Four Two que de Onze mondial. En ces temps-là, il y avait Onze mondial, avec les éditoriaux de Jean-Michel Larqué chargés de morale laïque, quelques titres criards destinés aux adolescents et puis France football, la bible du football, qui proposait des pages entières de fiches de matchs de cinquième division, en noir et blanc, et des carrés verts austères présentant les choix de passes des joueurs : « dans tel match, Tony Vairelles a donné deux fois plus la balle à Vladimir Smicer qu’à Stéphane Dalmat ». Quand, début 2014, France football propose un numéro sur les bad boys du football avec des mentions spéciales pour les ivrognes Paul Gascoigne et George Best, le ton So Foot avait gagné la partie. En attendant, So Foot propose de croiser les univers, celui du football avec celui de la chanson, de la littérature, de la politique… En 2006, Philippe Seguin, oiseau de mauvais augure hostile à l’arrêt Bosman autant qu’il le fut à Maastricht, lâche au magazine : « J’espère qu’un jour tout cela s’effondrera. Que les gens n’iront plus au stade et que les audiences télé chuteront ».

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George Best et ses aphorismes de poète alcoolique, Socrates le toubib brésilien chantre de la démocratie à l’époque de la dictature militaire, Maradona, héros d’un numéro spécial sorti fin 2007, Cruyff, sont les premiers héros, un peu dilettantes, des premiers numéros. Le magazine se positionne plutôt à gauche (se mêler à la fois de football et de culture relevait déjà de la gageure, alors le faire avec un ton de droite…). Quand toute la France Finkielkraut s’émeut de la victoire sans panache de la France sur l’Irlande, en 2009, avec la main de Thierry Henry, So Foot se démarque et refuse d’endosser une posture national-cyranesque. Au fil des ans, l’évolution de plus en plus algorithmique et statistique du football n’échappe pas au magazine, qui consacre un numéro à ces geeks, nouvelles pièces maîtresses du jeu, auteurs de savants calculs pour connaître l’écart idéal entre les deux défenseurs centraux sur la pelouse.

C’est surtout la rubrique « Légende », dédiée aux vieilles gloires, qui a suscité mon vif intérêt depuis 20 ans : le Torino de la fin des années 40, équipe imbattable mais qui a fini par se fracasser contre la colline du Superga en avion, le Borussia Mönchengladbach, surnommé « les petits poulains », rival du Bayern Munich des années 70 et qui était passé à côté d’un titre de champion d’Allemagne de l’Ouest à la différence de buts malgré une victoire 12-0 lors de la dernière journée de championnat, le Bastia finaliste de la Coupe UEFA 1978 qui avait engagé le vice-champion du monde Johnny Rep en prenant bien soin de ne surtout pas lui montrer l’état du stade Furiani… Dernièrement, cette rubrique semble s’intéresser aux fiascos magnifiques, comme celui de l’équipe d’Arles-Avignon, en 2010-2011, équipe promise à la descente et qui n’a pas trahi sa promesse, avec un président pied-noir sorti tout droit de Borsalino and co, une vingtaine de joueurs achetés à la hâte et présentés à la presse dans l’arrière-cuisine d’un Campanile… De quoi faire un film déjanté digne des frères Coen.

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