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Des vœux en veux-tu en voilà !


Des vœux en veux-tu en voilà !

messages voeux 2014

Vous l’entendrez pendant tout le mois sous diverses formes. Mais, de « Lapinou year » au plus classique « bonne année », de quand date cette tradition de se la souhaiter bonne ? En quoi le passage d’un chiffre à un autre apporterait-il changements, progrès, résolutions, santé et autre fadaises du même acabit ?

Héritage mêlé de la so-british « christmas card » et des visites traditionnelles de début d’année à la française, la carte de vœux offre l’avantage d’adresser une attention sans se déplacer. Un petit clin d’œil « à pas cher », comme qui dirait !

Petit tour d’horizon des vœux d’hiver et divers :

La carte aux aïeux :

Sincère ou guidée par un instinct vénal en vue d’un petit bifton par retour de courrier, la carte à mamie est un exercice auquel on ne se livre plus guère aujourd’hui. Peut-être sous forme d’e-carte. Un exercice de déférence en quelque sorte…qui devait mêler à la fois du cœur, des souhaits et un peu de narration : les vacances, le quotidien et le reste. Et comme il fallait remplir plus de deux lignes –et sans faute, je vous prie- cela servait la cause de l’éducation nationale…

Le sms groupé :

Trois clics et autant de pression du pouce suffisent désormais pour l’édition d’une carte de vœux électronique à dimension planétaire. Un message passe-partout, deux, trois boules de noël pré-choisies dans la bibliothèque d’images, sélection du carnet d’adresse et hop, c’est parti. Vous voici acquitté de la mission. Tous les copains, et ceux qui ne le sont pas, recevront exactement la même chose… s’ils l’ouvrent : ils en ont reçu tellement.

La photo de famille :

En version plus chiadée cela donne la photo de famille. Une manière de ne pas perdre le fil de l’évolution des enfants des autres – ça ne nous rajeunit pas… le grand là qui dépasse son père, c’est celui qui était dans le berceau la dernière fois qu’on les a vus ? -. Et pour l’expéditeur, c’est une occasion de montrer sans en avoir l’air « comme ils sont beaux mes petits ». Un petit zeste d’autosatisfaction n’a jamais tué personne. Et comme le prêchent les nouveaux gourous du bien-être, c’est bon pour l’estime de soi ! Ah, est-ce bien utile de l’envoyer, alors ?

Le roman fleuve :

Spécialité souvent choisie par les expatriés, le roman de vœux est l’opportunité de raconter par le menu tout ce que la vie d’ailleurs offre de merveilleux et qu’envieront à coup sûr les amis restés au pays. Selon la personnalité de l’expéditeur ce sera sobre, sympa, ostentatoire ou carrément énervant. Mais c’est toujours pour faire plaisir, pour garder le fil. Pour se mettre en scène peut-être ? Dehors, les mauvaises langues !

Les vœux professionnels :

Occasion rêvée de se rappeler au bon souvenir de ses clients, prospects ou partenaires commerciaux, la « bonne année » est le prétexte qui manquait pour relancer une affaire endormie. L’air de rien, comme ça, on reprend contact, avec un peu de chance, on ne sait jamais. C’est malin comme technique. Généralement on est le seul à y penser !

Ceux du patron :

Assortis de l’incontournable galette, plus ou moins généreusement fourrée selon les sociétés, c’est une foire à l’hypocrisie qui donne souvent lieu à des trésors d’anthropologie. Derrière bien des mots se cache une arrière-pensée, une stratégie ou un objectif. Et que dire du choix du roi ou de la reine par le malchanceux qui n’aura pas réussi à cacher la fève dans sa dent creuse… Un grand moment d’entreprise.

Et pour les plus branchés, les geek, les youtubeurs :

On ose la mise en scène à l’américaine, façon série télé. Chorégraphie et costumes à la clé. Un message de bonheur en chanson, diffusé via l’autoroute de la convivialité… ce sera forcément mieux demain. On vous souhaite… tout le bonheur du monde !

Dieu merci, cet hiver, afin de m’épargner au maximum les assauts grotesques de ces enthousiasmes hypocrites, j’ai modifié légèrement le message de mon répondeur téléphonique. Au lieu de « Bonjour à tous », j’ai mis « Bonne année mon cul ». C’est net, c’est sobre, et ça vole suffisamment bas pour que les grossiers trouvent ça vulgaire. Pierre Desproges

Allez, c’était pour rire, Bonne année, quoi !

*Photo : dordirk.



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