Accueil Médias Inquisition au Vatican`

Inquisition au Vatican`


Inquisition au Vatican`

pape argentine plenel

Je suis protestant. Mais l’élection d’un nouveau Pape m’intéresse car je sais que c’est un moment très important pour des centaines de millions de catholiques. La semaine dernière, lorsque François est apparu sur le balcon, l’émotion était indéniable : c’est avec beaucoup d’humilité que ce nouveau Pape s’est exprimé, avec un sourire où il donnait l’impression de s’excuser d’être là. « Les cardinaux sont allés me chercher au bout du monde » a-t-il déclaré, avant de rappeler qu’il était avant tout « l’évêque de Rome » et de demander à la foule une minute de silence : « Priez pour moi et donnez-moi votre bénédiction. » En quelques minutes, on pouvait ainsi cerner la personnalité de Jorge Bergoglio avant que, le lendemain, la presse nous confirme que c’est un homme simple, d’une grande spiritualité : il a renoncé à la luxueuse demeure de l’archevêché de Buenos Aires pour vivre dans un modeste appartement, prend les transports en commun, s’est engagé auprès des déshérités, etc.
Une fois de plus, l’élection d’un Pape a déjoué tous les pronostics navrants des vaticanistes. Certes, alors que tout le monde semblait rêver d’un Pape qui ne fût pas européen, il est américain. C’est logique et finalement représentatif de ce qu’est aujourd’hui le catholicisme : 40% des catholiques vivent en effet en Amérique latine. Le vrai changement, c’est sans doute que, pour la première fois, le Pape est un Jésuite. Voilà qui devrait changer beaucoup de choses au Vatican. Et moi, protestant, j’ai toujours bien aimé les Jésuites; j’aurai peut-être l’occasion d’en reparler. Enfin, en choisissant le nom de François, le Pape fait référence à saint François d’Assise qui, au XIIIe siècle, avait voulu « reconstruire l’Eglise  catholique avec « les pierres vivantes que sont les pauvres ». Le message est on ne peut plus clair.
Alors que le Saint-Siège envoyait un premier tweet en latin  « Habemus Papam Franciscum », athées et autres bouffeurs de curé se déchaînaient sur le réseau. Leur hargne tranchait étrangement avec l’humilité du nouveau Pape.
Edwy Plenel ouvrait le procès du nouveau Pape sur Tweeter : L’Eglise catholique a choisi un Pape réactionnaire compromis sous la dictature militaire argentine (1978-1983) nous dit-il.
Sur son blog, Jean-Luc Mélenchon, qui vient de pleurer la mort d’Hugo Chavez, nous met en garde : L’élection de Jorge Mario Bergoglio comme nouveau pape n’est pas une bonne nouvelle pour les progressistes du monde chrétien ni pour la révolution citoyenne en Amérique du SudSilencieux sous la dictature militaire puis pendant les procès des militaires criminels, opposant connu aux gouvernements argentins de Nestor puis de Cristina Kirschner, tendre pour l’Opus Dei, hostile aux prêtres progressistes, le nouveau chef de l’Eglise catholique devra prouver qu’il n’a pas été élu pour déstabiliser les régimes progressistes de l’Amérique latine ni pour poursuivre les persécutions contre la théologie de la libération.
Il est toujours étonnant de voir à quel point la gauche française, violemment anticléricale, est nostalgique des tribunaux de l’Inquisition. Sur Twitter, la semaine dernière, tout était bon pour attaquer et salir le nouveau Pape : on fait circuler de vieilles photos sans source où l’on reconnaît Videla, l’ancien dictateur argentin, avec un prêtre difficile à identifier, tout en exhumant la vieille légende stalinienne selon laquelle Pie XII aurait été le complice des nazis. Enfin, on accuse le Pape d’être réactionnaire : en Argentine, Bergoglio aurait milité contre le mariage gay et l’avortement. Et ça, aux yeux des progressistes, c’est vraiment très vilain.
Bref, les gauchistes sont déçus que le Pape ne soit pas à leur image. Pour un peu, ils lui reprocheraient d’être catholique ! En réalité, ils se moquent complètement que François soit un Jésuite défenseur des pauvres. Car ils n’en ont rien à battre, des pauvres. Travaillés par la mauvaise conscience historique, les gauchistes préfèrent brandir les droits des homosexuels au nom de la modernité ou fouiller dans les recoins de l’histoire à la recherche d’une faute, voire d’un silence. L’essentiel, c’est d’instruire un procès.

*Photo : Catholic Church (England and Wales).



Vous venez de lire un article en accès libre.
Causeur ne vit que par ses lecteurs, c’est la seule garantie de son indépendance.
Pour nous soutenir, achetez Causeur en kiosque ou abonnez-vous !

Article précédent Genest dans la fosse aux lions
Article suivant Les aventures de Tintin Depardieu au pays des ex-soviets

RÉAGISSEZ À CET ARTICLE

Le système de commentaires sur Causeur.fr évolue : nous vous invitons à créer ci-dessous un nouveau compte Disqus si vous n'en avez pas encore.
Une tenue correcte est exigée. Soyez courtois et évitez le hors sujet.
Notre charte de modération