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France Inter, écoutez la différence! Ou pas!


France Inter, écoutez la différence! Ou pas!
Le chef du service politique de la radio publique France Inter Yaël Goosz © LIONEL BONAVENTURE / AFP

Sur France Inter, lors du journal matutinal, quand Thomas Legrand est en vacances c’est Yaël Goosz, chef du service politique, qui prend le relais : la ligne éditoriale reste immuablement de gauche, les chroniques sont orientées aux petits oignons, et l’ombre zemmourienne continue de s’étendre et d’obscurcir tous les sujets abordés…


Bref, à l’inverse de ce que promet le slogan de la station de radio publique, on n’entend aucune différence.

La preuve :

Lundi 1er novembre. Titre de la chronique : “Climat, la France peut-elle faire la leçon aux autres ?” Réponse de Yaël Goosz : Non ! Le gouvernement a été condamné par le tribunal administratif de Paris pour son inaction climatique, rappelle avec gourmandise le journaliste. Il oublie de préciser que « L’Affaire du siècle », du nom du groupe qui a engagé cette action en justice, est composé de quelques organismes connus pour leur lobbyisme très actif contre la France quoi qu’elle fasse : la Fondation Nicolas Hulot (qui a peut-être un compte à régler), Greenpeace France et Oxfam France. Un des avocats ayant traité cette action en justice pour le compte d’Oxfam France n’est autre que Maître Arié Alimi, spécialisé dans la dénonciation du « racisme systémique » de l’État français et défenseur de Taha Bouhafs, compagnon de Cécile Duflot (directrice générale d’Oxfam France), elle-même co-responsable de la fermeture des réacteurs de Fessenheim [1] qui a conduit à une augmentation de six à 10 millions de tonnes équivalent CO2 par an en France (cf. article de Bertrand Alliot dans ces colonnes) – raison pour laquelle l’ex-ministre aurait dû se retrouver sur le banc des accusés et non des accusateurs lors du procès intenté à la France pour inaction climatique.

A lire aussi: «Affaire du siècle»: le sidérant double jeu de Cécile Duflot et Nicolas Hulot

Si Emmanuel Macron s’est engagé à fermer les quatre dernières centrales à charbon, l’une d’elles « continuera à tourner après 2022 », se désole Yaël Goosz. Paradoxalement, il se désole également que le président ait évoqué une possible reprise du nucléaire : « Qui veut de notre modèle atomique ? » Mais, serait-on tenté de lui répondre, à part les Allemands, tout le monde. Plutôt que de pleurnicher sur nos quatre dernières malheureuses centrales à charbons, Yaël Goosz ferait mieux de jeter son sombre regard sur celles que l’Allemagne a rouvertes après avoir démantelé ses centrales nucléaires, ce qui monte à plus de 80 le nombre de ces usines à polluer à plein régime dans le pays qui se dit écologique par excellence. Résultat des courses : alors que la France ne représente que 0,9 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre, l’Allemagne explose son compteur (2,2 % des émissions mondiales, 1er pays de l’UE, et de loin), et pollue, en plus de son territoire, toute une partie de l’est de la France. Début 2019 l’Allemagne prévoyait de sortir du charbon en… 2038. Il semblerait que cette date soit d’ores et déjà compromise, entre autre parce que le parc automobile allemand, de plus en plus « propre » et électrique, réclame une production électrique de plus en plus importante, laquelle est fournie en grande majorité par des centrales polluantes. CQFD.

Cécile Duflot © Alain ROBERT/SIPA Numéro de reportage : 00920381_000016

Yaël Goosz se lamente : que vaut un pays dans lequel le crime d’écocide est transformé en simple délit ? où la biodiversité est protégée, certes, « mais en laissant chasser les chasseurs » ? Un motif de satisfaction quand même : Anne Hidalgo va passer à Glasgow (où se déroule la COP 26) pour recevoir un prix de l’ONU, catégorie “Leaders pour le climat” – que ce « machin » remette un prix improbable à la plus improbable des maires de Paris ne saurait nous étonner et nous fait plutôt sourire ; il faut vraiment être journaliste à France Inter pour croire que cela a une quelconque importance. En revanche, déplore le journaliste qui ne peut pas ne pas évoquer Zemmour, ce dernier ne parle pas du tout d’écologie : « Pour Eric Zemmour, le vert de l’écologie, c’est juste la couleur de l’islam. » Ici, on suppose que le journaliste a voulu faire un trait d’esprit…

Renaud Camus

Mardi 2 novembre. À Calais, il y a « 1500 migrants en souffrance ». Les associations font ce qu’elles peuvent ; un prêtre et deux Calaisiens font une grève de la faim ; les migrants font la queue devant les banques alimentaires. Mais il y a plus grave : le « RN est en embuscade » et Zemmour pourrait profiter de cette délicate situation pour« pérorer sur la remigration, en citant les œuvres, basses œuvres de Renaud Camus ». Brr ! un vent glacial souffle sur le studio.

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Mercredi 3 novembre. Yaël Goosz s’interroge sur le « tropisme trumpiste de Zemmour ». Cette question s’est imposée à lui, dit-il, après un long échange avec des cadres du RN inquiets de la montée de Zemmour. Il ne tient pas à les rassurer : « Une mécanique trumpiste est en marche chez Zemmour. » Preuve en est que « même le journaliste américain Roger Cohen, plume du New York Times, fait le parallèle ». L’éditorialiste de France Inter montre cet inquiétant parallèle et conclut : comme Trump en 2015, Zemmour pourrait lui aussi gagner en 2022 grâce au soutien des… médias ! « Si ça a fonctionné aux Etats-Unis, c’est aussi parce qu’une alchimie s’est produite avec les médias. Des rédactions ont abdiqué. Est-ce que tout se vaut, est-ce qu’un émetteur politique qui relativise tout, de Dreyfus à Pétain, doit avoir autant de place et d’espace que son contradicteur Une vaste étude menée par Sciences-Po décrit comment la presse américaine s’est laissé contaminer, par paresse, sens du clash ou intérêt commercial, par les médias d’opinion du camp Trump. » Si les journalistes du New York Times, du Washington Post, du Boston Globe, du Time, etc. et d’au moins 80% des chaînes télévisées nationales américaines ont écouté la chronique de Yaël Goosz, ils ont dû bien se marrer, eux qui ont naturellement tout fait pour que les élections soient remportées par Joe Biden en laissant croire aux simples d’esprit européens que l’ensemble des médias américains était entre les mains de Donald Trump. Que Sciences-Po soit devenu le repaire d’une sous-espèce de ces esprits simples n’étonne sûrement pas Roger Cohen, le représentant du New York Times à Paris : c’est en grande partie sous l’influence wokiste américaine que les universités françaises en général, et Sciences Po en particulier, éduquent nos actuels et futurs journalistes, esprits de plus en plus simples (et donc prêts à toutes les soumissions idéologiques) du journalisme progressiste, bien-pensant et totalitaire [2]. De la même manière que la très grande majorité des médias américains était contre Trump, la très grande majorité des médias français est contre Zemmour. Yann Goosz, en arbitre des élégances médiatiques possesseur des clés du Vrai et du Bien, réclame donc une répartition « de place et d’espace » selon que « l’émetteur politique » émettra de bonnes ou de mauvaises ondes, lesquelles sont répertoriées dans le journal de bord journalistique de Nicolas Demorand. Un journalisme de la pensée unique et conformiste calqué sur le nouveau journalisme wokiste américain, c’est ce dont rêvent les journalistes de France Inter. Qu’ils soient rassurés, ils sont sur la bonne voie.

Dernier détail : Yaël Goosz est également enseignant à l’école de journalisme de… Sciences Po.

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[1] C’est l’accord entre le PS et les Verts scellé en novembre 2011 par Martine Aubry et Cécile Duflot et intégré au programme du candidat François Hollande qui a enclenché le processus de fermeture de Fessenheim.

[2] Un journal comme le New York Time, qui décide de mettre systématiquement une majuscule au mot « Black » et une minuscule au mot « white » en expliquant que les Blancs ne méritent pas une majuscule parce qu’ils ne forment pas une civilisation en soi (sic) ou qui vire son rédacteur en chef  James Bennet au prétexte qu’il a publié une tribune d’opinion d’un sénateur républicain, peut-il échapper à cette triple qualification ?



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Amateur de livres et de musique. Dernier ouvrage paru : Les Gobeurs ne se reposent jamais (éditions Ovadia, avril 2022).

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