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Fdesouche et son « baromètre du prénom musulman »

Le média numérique Fdesouche vient de publier son "Baromètre 2020 du prénom musulman."


Fdesouche et son « baromètre du prénom musulman »
Capture d'écran du site FdeSouche

Le média numérique Fdesouche vient de publier son « Baromètre 2020 du prénom musulman ». Comment les médias traditionnels vont-ils réagir ? En le citant, en le conspuant ou en l’ignorant ?


Fdesouche est un média assez unique. Se présentant comme une revue de presse, ce site internet traite essentiellement d’actualités relatives à l’immigration, à l’insécurité et à l’islam, souvent de façon sensationnaliste. Sous l’égide de son fondateur Pierre Sautarel, ses bûcheurs semblent écumer jour et nuit la Toile ou les moindres feuilles de la presse régionale pour dénicher des informations qu’on ne trouve guère ailleurs. Avec environ 500 000 visiteurs par mois selon Semrush, un site spécialisé dans le référencement des sites internet, ce média n’a, en principe, aucune raison de donner des sueurs froides aux médias situés en haut de l’échelle : à titre d’exemple, lemonde.fr compterait pour sa part 40 millions de visiteurs par mois dans le monde entier, toujours selon Semrush. Pourtant, Fdesouche inquiète. « Je ne comprends pas qu’on puisse valoriser dans une revue de presse un site ouvertement identitaire, extrémiste, intolérant et qui crache régulièrement sa haine sur Radio France », s’insurgeait en 2017 Bruno Denaes, alors « médiateur » de Radio France. Et pour cause, Claude Askolovitch avait alors osé citer Fdesouche dans sa revue de presse sur France-Inter.« Le site a des proximités avec la presse installée et [s’]est informé à de très bonnes sources », assurait même le journaliste à ses auditeurs. Inutile de dire qu’il s’est fait taper sur les doigts.

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Vingt ans après

Hier, Fdesouche vient donc de dévoiler son « Baromètre 2020 du prénom musulman ». « 21,7 % des naissances en France », titre-t-il. Un taux qui serait de 5,6 % dans le Finistère ou de 4,1 % dans les Landes, pour atteindre 55,5 % en Seine-Saint-Denis ! Avant de dévoiler un graphique de l’« évolution sur 50 ans de l’octroi de prénoms musulmans en France ». On y remarque qu’à la suite d’une stagnation pendant les années 1980, sa courbe grimpe en flèche à partir de 2000. De quoi donner le tournis aux fans de Renaud Camus qui croient dur comme fer au « Grand remplacement ». Et du grain à moudre à ceux qui, sans être des inconditionnels des jeux de mot et des envolées verbales de l’écrivain, voient venir les tensions communautaires, ou s’inquiètent juste de ce que sera la France dans quinze ou vingt ans.

Infréquentable ?

Sous la plume de Jean Robert, Fdesouche rappelle que son baromètre de 2017 sur le même thème aurait été repris par le directeur de l’IFOP Jérôme Fourquet, pour son essai L’Archipel Français. Ainsi que par Le Point du 28 février 2019, qui titrait alors sur « 18% de prénoms arabo-musulmans parmi les nouveaux-nés ». Comment le site phare de ce que certains progressistes appellent la «fachosphère » en est-il arrivé au chiffre de 21,7% pour 2020 ? Jean Robert, l’auteur de l’étude, explique qu’il a créé un « référentiel des prénoms musulmans » en se basant sur le Coran, sur des sites tels que hallalbook.fr ou pageshallal.com ainsi que sur les états civils de villes françaises. Avant de s’atteler à des calculs à partir des données de l’INSEE. Autant dire que, quoi que vaille ce chiffre, il semble que les manœuvres de Fdesouche n’aient pas chômé.

Capture d’écran du site Fdesouche

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À défaut d’être cité par Claude Askolovitch dans sa revue de presse quotidienne, ce baromètre sera-t-il repris dans ce qu’il est coutume d’appeler « les médias dominants » – en raison de la connotation complotiste de cette expression, les amateurs de franglish lui préfèrent l’expression « médias mainstream » ? Sera-t-il décortiqué puis condamné par le Checknews de Libération ? En tous cas, il risque bien d’être scruté de près en sous-main. Et pas seulement par la « fachosphère »… Espérons toutefois qu’il ne cause pas d’insomnies à Bruno Denaes ou à d’autres censeurs : il ne faudrait pas qu’ « un site extrémiste et intolérant » gâche leur été.



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Enseignant, auteur du roman "Grossophobie" (Éditions Ovadia, 2022).

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