«Je ne suis pas Charlie, je suis Gaza !»


«Je ne suis pas Charlie, je suis Gaza !»

Lyon Charlie HebdoIl faut lire la presse régionale. La PQR, en jargon de la corporation. Cette terre canardière, elle, ne ment pas. Non parce que les humbles correspondants locaux (CLP), payés une misère, seraient plus vertueux que les « stars » de la profession, mais parce qu’ils sont amenés à rencontrer chaque jour, chez le boulanger, au bistrot ou à la sortie de l’école, les gens dont ils ont parlé, et qui ont vu les mêmes choses qu’eux. Les CLP couvrant les communes de l’est lyonnais pour le quotidien Le Progrès ont été sollicités par la rédaction en chef de ce vénérable journal, fondé en 1859,  déjà républicain sous l’Empire, pour enquêter sur les causes de l’absence remarquée des citoyens de l’équivalent rhodanien du 9-3 à la marche du 11 janvier, qui avait réuni 300.000 personnes, du jamais vu dans la capitale des Gaules.

Ce qu’ils ont découvert, et rapporté sans fard ni concessions à la pensée « padamalgam » est édifiant.

D’abord cette photo d’un immense tag sur le mur d’un immeuble du quartier Terraillon, à Bron, où l’on peut lire : « Voilà le dernier dessin de Charlie » illustré d’un bonhomme stylisé tirant des balles sur un homme à terre, sous lequel est inscrit « police ». Le sentiment des tagueurs envers les gens de Charlie se traduit graphiquement par un « bande de putes ! » en lettres capitales. L’orthographe de cette intervention graphique est impeccable, à la différence de celle des graffitis « apolitiques » qui agrémentent en permanence les murs du secteur.

Contrairement à ce que nous serinent les Askolovitch, Joffrin et consorts, nos amis « de la diversité » ne sont pas tous restés, dimanche, cloitrés chez eux parce qu’il auraient été morts de peur, ou terrassés par la honte. Certains d’entre eux, les plus déterminés, sont sortis pour dire ce qu’ils avaient à dire, insulter les policiers des quartiers, et crier leur haine des « insulteurs du Prophète ». Des incidents ont été signalés à Vénissieux, Vaulx-en-Velin, Villeurbanne, Lyon 1er, la Part-Dieu, qui ont donné lieu à une dizaine d’interpellations, et à des convocations au tribunal pour y répondre « d’apologie du crime ». L’agitation a même franchi les murs de la maison d’arrêt de Corbas, où l’administration pénitentiaire a dû intervenir pour mettre fin au chahut d’allégresse organisé par les détenus pour saluer les « exploits » des frères Kouachi et d’Amédy Coulibaly.

Le lendemain, dans les établissements scolaires du secteur, l’organisation de la minute de silence a été un casse-tête pour les chefs d’établissements, pour éviter que les inévitables incidents ne sortent des murs de l’école. Un prof de Vénissieux rapporte que des gamins hurlent « Je tue Charlie ! » dans les couloirs. Au lycée Albert-Camus (!) de Rilleux, quelques élèves ont été « autorisés à ne pas participer à ce moment de recueillement », organisé classe par classe. Le proviseur avait sans doute déjà lu le dernier opus de Michel Houellebecq…

Dans un lycée professionnel d’une commune de l’est lyonnais, que la journaliste Laurence Loison ne nomme pas, sans doute pour ne pas la stigmatiser, le proviseur concède : « C’est vrai que l’on a eu un peu de peine à imposer le silence… », mais se déclare fier « d’avoir réuni 350 élèves dans la cour sans raffut idéologique ». Une jeune fille aurait crié « Allah Akbar ! » pendant la cérémonie, dit la rumeur entendue par la journaliste, qui la rapporte au proviseur. Ce dernier ne dément pas, mais minimise, indiquant qu’elle n’a pas dit cela à la cantonade, mais en parlant à sa voisine… D’ailleurs, il l’a convoquée avec sa mère dès l’après midi dans son bureau. Quelle fermeté !

De l’autre côté de la grille, on peut constater que les élèves qui sortent du collège ont bien compris la leçon de monsieur le proviseur. Un porte parole de ce groupe, soutenu par ses camarades garçons et filles, explique : « Ils l’ont cherché ! Ils ont insulté le Prophète ! Je ne suis pas Charlie, je suis Gaza. » Les thèses complotistes fusent : « C’est un coup monté ! Depuis quand traverse-t-on Paris en trois minutes sans pouvoir être arrêté ? Et cette carte d’identité oubliée par hasard ? »

Selon le ministère de l’Education nationale,  les incidents  relatifs  à ce « moment de recueillement » général n’auraient concerné que 70 établissements sur les 60.000 que compte notre pays.

Alors, madame Najat Vallaud-Belkacem, un conseil : à Villeurbanne, cette charmante cité dont vous avez décidé de faire votre patrie politique, on trouve une multitude de boutiques proposant aux déficients auditifs des appareils performants, quoiqu’onéreux, pour mieux entendre. Comme la plupart d’entre elles sont tenues par des commerçants appartenant à la communauté juive, vous feriez d’une pierre deux coups en allant faire l’acquisition d’une de ces merveilles de la technologie moderne. La PQR ne manquerait pas alors de tresser vos louanges…

Photo : Pascal Fayolle/SIPA/1501112040.



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