La France insoumise a dénoncé le refoulement de la députée européenne Rima Hassan par Israël lundi. Elle voulait se rendre en Cisjordanie avec sa délégation. Le député islamo-gauchiste Thomas Portes a notamment réagi: «Une fois de plus Israël se comporte comme un État voyou (…) La Palestine vivra, toujours. Nous ne baisserons jamais les yeux face aux criminels de guerre israéliens et leurs télégraphistes». Analyse.
À l’aéroport Ben Gourion, les autorités israéliennes ont refusé l’entrée de Rima Hassan, militante engagée pour la cause palestinienne. Officiellement, pour des raisons de sécurité. Officieusement, pour prévenir toute tentative de délégitimation de l’État. Israël, comme tout pays souverain, contrôle ses frontières et choisit qui peut entrer. Dans un contexte de tensions persistantes, laisser pénétrer sur son sol des figures perçues comme hostiles est vu comme un risque. Pour le gouvernement, ce n’est pas une censure, mais une nécessité stratégique dans une guerre qui ne se joue pas seulement sur le terrain, mais aussi dans les discours.
Rappels historiques et idéologiques
En effet, le conflit israélo-palestinien est souvent présenté de manière simpliste comme l’histoire d’un « peuple privé de sa terre ». Mais cette lecture ne tient pas face à la réalité historique. Avant l’établissement de l’État d’Israël, la région de la Palestine n’était pas une entité nationale indépendante, mais un territoire intégré à l’Empire ottoman, où cohabitaient différentes communautés : des Arabes organisés en tribus ou clans, des chrétiens, des juifs, et d’autres groupes divers. Il n’existait pas, à proprement parler, de conscience nationale palestinienne telle qu’on la conçoit aujourd’hui. Pour le monde musulman, cependant, la création d’Israël a été perçue comme un coup de force occidental en plein cœur de l’Oumma. Ce territoire, vu comme un espace musulman, se retrouve soudainement transformé en un État souverain juif, soutenu par les puissances occidentales. L’implantation d’Israël, dans cette vision, ne symbolise pas seulement une perte territoriale, mais une humiliation profonde infligée par ce même Occident qui, depuis les croisades, est vu comme l’agresseur historique.
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La cause palestinienne est ainsi devenue un drapeau politique, un symbole de résistance. Mais derrière cette façade de lutte territoriale se cache une dynamique bien plus ancienne : celle d’une revanche attendue depuis des siècles, nourrie par le souvenir des croisades et les défaites historiques face à l’Occident. Ce conflit est instrumentalisé par certains acteurs qui y voient un moyen d’alimenter un esprit de revanche contre une domination perçue comme étrangère et illégitime. L’existence d’un État juif, souverain et prospère, au cœur du monde musulman est vécue par certains comme une provocation insupportable, une blessure symbolique. Cette vision n’est pas seulement politique, elle est profondément ancrée dans des récits religieux où le destin des Juifs est souvent perçu à travers le prisme de l’infériorité spirituelle ou de la punition divine. Pour le monde arabo-musulman et en particulier pour les palestiniens, Israël n’a pas seulement usurpé un territoire : il représente une anomalie à effacer.
La volonté constante de délégitimer Israël
L’Europe, quant à elle, s’est enfermée dans un cycle de culpabilité. Après la Shoah, le soutien à Israël semblait une évidence morale. Mais ce soutien s’est progressivement effrité, noyé sous une autre forme de repentance : celle de l’époque coloniale, de l’impérialisme, et des abus commis à l’encontre des peuples du Sud. Les élites intellectuelles et politiques européennes se sont engouffrées dans une logique d’auto-flagellation permanente. Les crimes coloniaux, l’esclavage, et les injustices du passé ont façonné un discours de repentance qui, aujourd’hui, pousse certains dirigeants à voir dans la cause palestinienne un miroir des anciennes oppressions. Cette obsession du mea culpa a fini par créer un climat où l’Europe semble parfois prête à sacrifier ses propres principes pour expier ses fautes passées. S’ajoute à cela un mélange d’idéologies : un christianisme vidé de sa substance, devenu un humanitarisme sans colonne vertébrale, un marxisme recyclé qui voit dans les populations musulmanes un nouveau prolétariat à défendre contre un Occident présenté comme oppresseur éternel. Cette dynamique conduit à une forme de soumission intellectuelle face à des revendications qui, parfois, ne relèvent pas des droits humains mais d’un agenda politique hostile à Israël.
L’expulsion de Rima Hassan de l’aéroport Ben Gourion n’est pas un simple incident, mais un rappel de la détermination d’Israël à ne pas offrir de tribune à ceux qui cherchent à délégitimer son existence. Derrière les arguments de liberté d’expression brandis par ses soutiens, c’est une stratégie bien rodée qui vise à faire du combat contre Israël un levier politique, s’inscrivant dans une longue tradition de remise en cause de la souveraineté de l’État hébreu.
Cette tentative avortée illustre ainsi un constat plus large : les adversaires d’Israël ne cherchent pas une simple reconnaissance des droits des Palestiniens, mais la remise en cause même du principe d’un État juif. Dans ce combat où la propagande joue un rôle clé, la réalité géopolitique s’efface au profit d’un récit victimisant, conçu pour attiser l’émotion plutôt que d’apporter une solution viable. Israël, conscient de cette guerre d’image, ne peut se permettre d’offrir le moindre terrain à ces opérations médiatiques déguisées en actes militants.