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Attali ? Non fumeur, très fumeux…


Attali ? Non fumeur, très fumeux…
une clope place de la liberté au Caire
une clope place de la liberté au Caire

Quand il n’écrit pas un roman, ne conseille pas un puissant, ne cherche pas à « libérer la croissance » ou ne dirige pas une cantatrice, le conseiller du prince, l’élite des élites, le sage et omniscient Jacques Attali s’occupe aussi de votre santé. Dans un article récemment publié sur son blog, l’auguste intellectuel qui est à la modestie ce que les moais sont à l’île de Pâques nous gratifie en effet d’une analyse brillante et ô combien originale sur les méfaits du tabac.

Il commence par égrener quelques statistiques clinquantes – « 5500 milliards de cigarettes sont fumées chaque jour. Une personne en meurt toutes les six secondes. Il a tué 100 millions de personnes au 20ème siècle, soit le double de la deuxième guerre mondiale » – et rajouté, pour faire bonne mesure, quelques pseudo-justifications économiques – le tabac « réduit partout la productivité des entreprises qui doivent laisser à leurs employés des pauses pour s’empoisonner en toute légalité ». Après quoi il constate que les surtaxes ont surtout contribué à remplir les caisses de l’Etat d’espèces sonnantes et trébuchantes et que les réglementations liberticides auront pour principal effet de remplir les rue de Paris de clowns et de mimes, le grand Jacques conclut, du haut de son piédestal, qu’« il faut interdire la production, la distribution et la consommation de tabac ».

Voici donc encore un des représentants de notre élite intellectuelle, sûr de la supériorité de son jugement et ne doutant pas une seconde de son bon droit, qui vient nous expliquer comment il compte régenter nos vies et les adapter au seul standard qui ait la moindre valeur à ces yeux – le sein. Paternaliste et bienpensant, l’intellectuel d’élite considère qu’il incombe à l’État de veiller à ce que nous n’abusions pas trop de nos libertés et qu’il lui incombe à lui de rappeler l’Etat à ses devoirs.

Faudrait-il, en ce cas, aller chercher une batterie de statistiques sur le nombre de gens qui meurent chaque année au volant de leur voiture, en traversant la rue, en nageant, en allumant un barbecue ou en avalant le noyau d’une olive pour donner de nouvelles idées au législateur ? Comment peut-on simplement considérer que nos concitoyens sont suffisamment responsables pour élire le gouvernement de ce pays et, dans le même temps, les croire incapables de décider par eux-mêmes s’ils souhaitent fumer ou non ?

Oui, le tabac est mauvais pour la santé – merci, on savait. Si certains d’entre nous décident de passer outre et fument néanmoins c’est leur vie, leur choix et leur liberté. Un type très sage a dit un jour que « la liberté ne valait rien si elle n’incluait pas le droit de faire des erreurs » (Gandhi).



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