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Macron debout devant Poutine et couché devant Tebboune

L’écrivain franco-algérien Boualem Sansal libéré après une année derrière les barreaux


Macron debout devant Poutine et couché devant Tebboune
© SYSPEO/SIPA

La grâce de Boualem Sansal ne solde pas notre lourd contentieux avec l’Algérie


C’est hier soir que l’avion officiel affrété par l’Allemagne a atterri à Berlin. À son bord, Boualem Sansal, enfin libéré de sa geôle d’Alger où il était emprisonné depuis le 16 novembre 2024 pour de simples faits d’opinion. Suite à l’intervention du président de la République fédérale Frank-Walter Steinmeier, l’écrivain dissident, âgé de 81 ans, a été gracié par le président algérien Abdelmadjid Tebboune pour motifs « humanitaires ».

Sansal, qui souffre d’un cancer, a été dès son arrivée admis dans un hôpital berlinois, où il pourra bénéficier de soins dignes de ce nom. Qu’il soit permis à l’auteur des lignes d’en pleurer de joie. L’écrivain est un ami de Causeur. Et le système de santé algérien, auquel il avait accès depuis son arrestation, est calamiteux. La preuve : les présidents de ce pays autoritaire et corrompu – et pourtant si riche de son pétrole et de son gaz – préfèrent systématiquement consulter des médecins en Europe quand ils souffrent de maladies graves.

Emmanuel Macron peut à bon droit se féliciter de la « mission de bons offices » effectuée par son homologue allemand, qui lui a permis d’obtenir l’élargissement de Sansal sans avoir à principalement remercier Tebboune, dont la politique reste de toute évidence résolument hostile à la France.

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Curieusement pourtant, l’Élysée a fait savoir hier que les conditions étaient à présent réunies pour « renouer le dialogue »avec le régime algérien. Alors que celui-ci continue de refuser ses citoyens expulsés de France, maintient toujours en détention le journaliste Christophe Gleizes et est soupçonné par la justice d’être impliqué dans l’enlèvement d’Amir DZ, un opposant algérien réfugié dans notre pays…

« Le bras de fer ne fonctionne pas, c’est clair », a même osé glisser un proche du président français, pour suggérer que le calvaire de Sansal aurait été abrégé plus tôt si Bruno Retailleau n’avait pas fait preuve de détermination vis-à-vis d’Alger dans le dossier des OQTF quand il était Place Beauvau et si le RN n’avait pas fait voter à l’Assemblée nationale le 30 octobre une résolution visant à dénoncer l’accord franco-algérien de 1968. Syllogisme typiquement macronien ! La stratégie de lèche-babouches de l’Élysée et du quai d’Orsay n’a pas mieux fonctionné que la fermeté affichée du patron des LR.

Il n’est pas question ici de discuter de la sincérité et de la résolution du chef de l’État dans l’affaire Sansal, ni davantage dans le contentieux du Sahara occidental (dans lequel il a pris le parti du Maroc l’année dernière). Mais simplement de souligner son hypocrisie, aussi humiliante que contre-productive. Macron feint de ne pas voir que, de toute manière, les Algériens ont décidé de punir la France. Sa comédie ne fait que renforcer leur mépris. « On n’obtient rien en se fâchant avec ceux qu’on sollicite », a indiqué hier un conseiller de l’Élysée. On n’obtient rien non plus en leur lâchant tout.



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