L’extension d’Erasmus à des pays du sud de la Méditerranée hors UE comme l’Algérie, la Libye, la Syrie ou la Palestine dénaturerait le programme de formation en le transformant en un vecteur d’immigration financé par les contribuables européens, redoute notre directrice de la rédaction.
La Commission européenne veut étendre Erasmus à des pays méditerranéens. C’est encore une lubie de la Commission von der Leyen. Son Pacte pour la Méditerranée, présenté le 16 octobre, prévoit ainsi d’étendre à des États du Maghreb et du Moyen-Orient le programme d’échanges universitaires européen bien connu – notamment à l’Algérie, à la Palestine, à la Syrie, au Liban et à Israël.
Un bien beau projet
Dans la merveilleuse novlangue européenne, la commissaire à la Méditerranée Dubravka Suica explique qu’il s’agit de « connecter les jeunes » pour fonder une « université méditerranéenne » aux multiples campus. Amen !
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Qui osera s’opposer à ce beau projet de connecter les jeunes ? Réponse : l’eurodéputé François-Xavier Bellamy, qui lance une pétition avec sa collègue Céline Imart (voir ci-dessous). Les deux élus estiment que ce projet dénature Erasmus pour en faire un nouveau vecteur d’immigration. Un peu comme le fait déjà dans un tout autre registre le droit d’asile, d’ailleurs. De fait, même en dehors d’Erasmus, les visas étudiants sont déjà attribués très généreusement (+70% en 10 ans), sans contrôle (la meurtrière de Lola avait un visa étudiant me semble-t-il, bien qu’elle n’ait jamais vraiment mis les pieds à la fac). Et, sans la moindre appréciation de l’intérêt pour la France. Pas sûr que nous récupérions toujours les étudiants les plus brillants.
Les deux eurodéputés notent aussi que l’UE sanctionne des universités hongroises au nom de l’État de droit mais prétend accueillir « des régimes autoritaires, fondés pour certains sur la corruption, le terrorisme ou l’islamisme. » On reconnaitrait ainsi le gouvernement algérien comme un partenaire académique de l’Europe, alors que Boualem Sansal et Christophe Gleizes sont toujours otages pour cause de liberté de pensée ? C’est un peu fort de café. Il est vrai que l’UE s’est totalement désintéressée de ces cas. Le gaz algérien doit avoir des vertus anesthésiantes.
Une Europe sans racines
Mais, ce projet ne peut-il pas favoriser le rayonnement de l’Europe ? Erasmus est financé par le contribuable européen pour favoriser la création d’un sentiment d’appartenance européen. Désolée, mais jusqu’à preuve du contraire, les Algériens, les Égyptiens et les Israéliens ne sont pas des Européens.
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Pour rayonner, il faut savoir qui on est. Donc avoir des frontières qui séparent l’Europe de ce qui n’est pas elle. Or, ce projet sans-frontiériste montre une fois de plus que pour ses dirigeants, l’Europe n’est pas une culture et une civilisation, mais un processus sans fin, une pure ouverture sans substance. Les eurocrates qui veulent étendre l’Union à la Turquie ou au Maroc poussent des cris d’orfraie quand on convoque nos racines chrétiennes (ou judéo-chrétiennes). Cette Europe-aéroport sans passé et sans identité se résume à l’accueil. C’est l’Europe elle-même qui devient un droit de l’homme. Et tant pis pour le droit des Européens de rester ce qu’ils sont.
Cette chronique a été diffusée sur Sud Radio
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