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Sahara occidental: Rabat obtient son oui

Le plan d’autonomie marocain pour le Sahara occidental adopté par l’ONU est un succès diplomatique de Mohammed VI soutenu par Paris et Washington


Sahara occidental: Rabat obtient son oui
Le roi du Maroc Mohamed VI. DR.

Le Conseil de sécurité de l’ONU vient d’approuver, à une large majorité (11 voix pour, 3 abstentions, Alger ne prenant pas part au vote), la résolution reconnaissant le plan marocain d’autonomie comme base privilégiée pour résoudre la question du Sahara occidental. Ce vote marque un succès diplomatique majeur pour Rabat et reconfigure l’équilibre politique autour de ce dossier qui empoisonne la région depuis un demi-siècle.


Ce vendredi à 15 h, heure de New York, le Conseil de sécurité de l’ONU a adopté une résolution en faveur du plan d’autonomie proposé par le Maroc pour le Sahara. Une décision historique, obtenue sans le veto russe ni chinois, et qui marque une avancée diplomatique majeure après plusieurs décennies de négociations intermittentes.

Un long différend territorial prend fin

En vert la ragion concernée. Wikipedia.

Le Sahara marocain, territoire colonisé sous administration espagnole jusqu’au début des années 1970, est au centre d’un différend territorial prolongé que la politique régionale de l’Algérie a accentué et prolongé. Cette terre souverainement marocaine incluse dans l’Empire chérifien a été le théâtre de luttes d’influence internationales qui ont causé du préjudice au royaume. Enfin, une sortie de crise semble se profiler. Depuis le retrait progressif de l’Espagne, le Maroc a proposé un cadre d’autonomie destiné à offrir aux populations locales une gestion interne de leurs affaires, à travers des institutions législatives, exécutives et judiciaires propres, tout en maintenant pour l’État marocain les compétences régaliennes, notamment la défense, la diplomatie et les affaires religieuses. Parallèlement, le Front Polisario, soutenu politiquement et logistiquement par l’Algérie, revendique le droit à l’autodétermination des Sahraouis.

L’ONU a multiplié les initiatives pour tenter de résoudre ce conflit. Dès 1991, la Mission des Nations unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental (MINURSO) visait à préparer un référendum d’autodétermination, mais les divergences persistantes entre Rabat et le Polisario ont empêché la tenue de ce vote. Au fil des décennies, plusieurs résolutions du Conseil de sécurité ont réaffirmé la nécessité de négociations « sérieuses, réalistes et crédibles », sans qu’aucune solution définitive ne soit trouvée.

La résolution adoptée ce vendredi consacre une reconnaissance internationale accrue du plan d’autonomie marocain. Une victoire pour la patiente diplomatie marocaine qui a, au fil des années, gagné les soutiens francs et directs de l’Espagne, des États-Unis de Trump ou encore de la France en 2024. Les États-Unis ont joué un rôle central dans l’élaboration du texte, introduisant des aménagements essentiels : participation effective des populations locales, protection de leurs droits et engagement pour la transparence des institutions. 

Ces précautions diplomatiques ont été déterminantes pour obtenir le consensus nécessaire et éviter tout veto, notamment de la Russie et de la Chine, qui avaient parfois exprimé leurs réserves par le passé.

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La France, l’Arabie Saoudite et plusieurs États africains et européens ont également soutenu le texte, renforçant sa légitimité. Paris a souligné que la résolution représente une opportunité historique de consolider la stabilité régionale et de créer un cadre de négociation durable. 

Pour Rabat, cette décision constitue une reconnaissance diplomatique majeure, marquant un tournant dans la perception internationale du plan d’autonomie. Pour Alger et le Polisario, c’est un signal clair : le statu quo prolongé n’est plus soutenu par la communauté internationale et l’autonomie marocaine est désormais mise en avant comme cadre privilégié pour résoudre le différend.

Approche pragmatique

Le plan prévoit la création d’institutions locales élues par les Sahraouis, avec des compétences législatives, exécutives et judiciaires limitées aux affaires internes, tandis que le Maroc conserve les prérogatives stratégiques et internationales. Cette approche pragmatique, saluée par les observateurs comme un compromis réaliste, offre un cadre de négociation stable, susceptible de dépasser les blocages passés.

La résolution ouvre également la voie à un suivi rigoureux de la mise en œuvre. Les mécanismes de contrôle et d’évaluation prévus par le texte permettront de s’assurer que l’autonomie se déploie effectivement, tout en respectant les droits et la participation des populations locales. Ce suivi est crucial, car il constitue la garantie que la résolution ne restera pas lettre morte, comme cela a pu être le cas pour certaines initiatives précédentes.

Ce vote témoigne d’une diplomatie internationale en pleine maturation, capable d’articuler reconnaissance de la souveraineté marocaine et garanties pour la participation locale, dans un texte minutieusement calibré pour respecter les équilibres régionaux. Il reflète un pragmatisme rare, sur un dossier qui a longtemps été figé par des postures idéologiques et des blocages stratégiques. Cette avancée n’aurait pas été possible sans la diplomatie habile de Mohammed VI, dont l’impulsion personnelle a su accélérer le changement, mobiliser le soutien international et repositionner le Maroc comme acteur incontournable de la résolution du conflit. En définitive, cette adoption constitue un tournant historique : elle inscrit le plan d’autonomie marocain comme une solution crédible et réaliste, tout en ouvrant un cadre diplomatique propice à des négociations constructives. Les défis restent nombreux — assurer la participation effective des populations sahraouies, garantir la transparence des institutions locales, respecter pleinement les droits fondamentaux — mais la résolution offre désormais une perspective tangible de paix et de stabilité dans la région après des décennies d’incertitudes.



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Journaliste et essayiste

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