Bataille culturelle: les conservateurs contestent le soft power progressiste de la plateforme de streaming
Elon Musk a appelé à boycotter Netflix en raison de la présence de Barney, personnage trans, dans le dessin animé Dead End : Paranormal Park qui figurait dans le catalogue de la plateforme et dont des extraits sont actuellement repris sur les réseaux sociaux. En conséquence, l’action de l’entreprise américaine a rapidement perdu de sa valeur et des abonnés, dont le nombre exact est impossible à déterminer, ont résilié leur abonnement.


Netflix ne propose (heureusement) pas un narratif unique, mais chacun identifiera une des lignes directrices de son imposant catalogue. Celle-ci est à l’évidence woke : destruction des rôles traditionnels, inversion des valeurs, surexposition de personnages issus de minorités, blackwashing…
Fred le bison fait son coming-out
Quelques exemples : Lupin, avec le très inégal – pour le dire pudiquement – Omar Sy dans le rôle du héros de Maurice Leblanc, accumule les clichés sur les blancs racistes ; Queer Force suit l’aventure d’espions LGBT ; Supracell met en scène des banlieusards, tous afro-descendants, qui se découvrent des superpouvoirs ; dans le programme pour enfants en bas âge Ridley Jones, Fred le Bison déclare à sa grand-mère qu’il est « non-binaire »… La plateforme est en la matière en opposition avec le Hollywood de naguère qui joua un rôle crucial dans l’américanisation de nos modes de vie et l’imposition de l’idée que l’Oncle Sam dominait le monde. Ce soft power connut son apogée pendant la Guerre froide avec des films mettant en exergue le héros américain, fût-il fictionnel (Rambo, l’Inspecteur Harry, Rocky Balboa…) ou réel (Patton…).
A lire aussi, Elisabeth Lévy: Liberté, retiens nos bras vengeurs
Même si on doute que cette réflexion a joué dans l’appel au boycott d’Elon Musk, on ajoutera que la destruction de notre culture commune, inscrite dans le programme du wokisme, ne pouvait que rencontrer les desideratas de Netflix. Proposant dans son catalogue une palanquée de séries qui se consomment comme autant de vulgaires produits jetables, sans que la majorité d’entre elles ne puissent se fixer dans la mémoire collective, la plateforme est la négation même de toute forme de pérennisation. Or, les sociétés, les générations, les familles se soudent dans les souvenirs communs, comme ce fut autrefois le cas avec Dallas – et son point d’orgue, la question qui divisa l’Amérique : « Who shot J.R. ? », La petite maison dans la prairie ou encore Le prisonnier. Même lorsqu’on est passionné de sports, les documentaires de Netflix sur le Tour de France ou le Tournoi des Six nations font la part belle aux petites phrases davantage qu’aux réels exploits qui se transmettaient jadis de père en fils.
Cancel culture de droite
Faut-il pour autant se désabonner collectivement de Netflix ? Les appels au boycott sont souvent un peu ridicules et tellement contre-productifs qu’il faudrait laisser la stratégie à la gauche. Ils comportent aussi un aspect liberticide dérangeant quand on milite pour la diversité des points de vue et la liberté de créer.
A lire aussi : Causeur #138: sommes-nous foutus ?
Quant à la raison évoquée par Elon Musk, soit la protection des enfants, il est évident qu’il y a surtout meilleure éducation que de les laisser la journée entière devant les écrans à regarder des programmes à forte dimension idéologique.
La vérité est ailleurs…
Mais la meilleure raison de ne pas avoir d’abonnement est sans doute ailleurs. L’histoire du cinéma regorge de tant de chefs-d’œuvre, ne figurant pour la plupart pas dans le catalogue Netflix, qu’ils méritent d’être regardés en priorité. Quelques conseils donc pour le mois d’octobre : La Fille à la valise1 afin de rendre hommage à l’immense Claudia Cardinale qui vient de nous quitter, Le Pont de la rivière Kwaï qui nous rappelle que tout peut être perdu, fors l’honneur, Citizen Kane, souvent désigné meilleur film de tous les temps et qui nous interroge sur le monde des médias, Autant en emporte le vent, film d’une incomparable beauté et censuré par les wokes ou encore une des versions de La guerre des mondes2, inspirées du roman de H.G. Wells.
A lire aussi, Jean-Baptiste Roques: Elon Musk: Mais pourquoi est-il si méchant?
En parlant de guerre des mondes, gageons que le camp incarné par Elon Musk l’emporte dans celle qui oppose aujourd’hui les défenseurs des repères traditionnels aux woke.
- https://www.canalplus.com/cinema/la-fille-a-la-valise/h/1371817_50002/resume-casting/ ↩︎
- https://www.france.tv/films/films-suspense/7443842-la-guerre-des-mondes.html ↩︎
Causeur ne vit que par ses lecteurs, c’est la seule garantie de son indépendance.
Pour nous soutenir, achetez Causeur en kiosque ou abonnez-vous !




