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Morale dure et sciences molles

La science sous influence féministe ?


Morale dure et sciences molles
© Harvard Staff Photographer

Des études récentes démontrent que les universitaires féminines seraient, en moyenne, moins attachées à la liberté académique que leurs homologues masculins, prônant davantage les buts moraux et sociaux plutôt qu’une vérité qui déplaît.


Le mensuel anglais Times Higher Education nous apprend que, cette année, sur les 200 universités figurant en haut de son classement mondial de plus de 2 000 établissements, plus d’un quart sont dirigés par des femmes. Au nombre de 55 aujourd’hui, les présidentes n’étaient que 28 en 2015. C’est certes un progrès pour l’égalité qui reflète l’excellente réussite scolaire des filles. Et puis, depuis longtemps, on nous sermonne sur les avantages du leadership féminin par rapport au vieux modèle patriarcal. Les femmes feraient preuve de moins d’agressivité, de plus de prudence et de plus d’empathie. Or, les résultats d’une série d’études convergent sur la même conclusion : en moyenne, les femmes universitaires soutiennent moins que les hommes les valeurs académiques traditionnelles de liberté d’expression et de liberté de recherche. En 2022, d’après une étude conduite par la Foundation for Individual Rights and Expression, sur 1 491 universitaires américains, 61 % des hommes, mais seulement 49 % des femmes pensent qu’il n’est jamais acceptable d’empêcher quelqu’un de s’exprimer. Quand un(e) collègue est à l’origine de propos controversés, deux fois plus de femmes que d’hommes sont en faveur d’une enquête officielle. Et plus de femmes que d’hommes pensent qu’un homme qui refuse de suivre une formation à la diversité devrait y être contraint. En 2021, l’analyse par une équipe sino-belgo-norvégienne des opinions de 2 587 chercheurs européens conclut que les chercheuses mettent plus souvent l’accent sur le progrès sociétal et les chercheurs sur le progrès scientifique. La même année, selon une étude qui porte sur 468 professeurs de psychologie américains, quand la vérité scientifique et la justice sociale sont en conflit, 66,4 % des hommes priorisent la vérité, mais seulement 43 % des femmes. Tendance confirmée par une enquête auprès de 3 772 universitaires aux États-Unis, au Canada et au Royaume-Uni. Ainsi, les hommes privilégient la quête de la vérité, même quand elle est controversée ; les femmes, la promotion de buts moraux et sociaux aux dépens de la liberté d’expression. Avec la féminisation progressive de l’université, devons-nous nous attendre à moins de science et plus d’intolérance ?

Été 2025 – #136

Article extrait du Magazine Causeur




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est directeur adjoint de la rédaction de Causeur.

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