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Lettre ouverte à Valérie Pécresse


Lettre ouverte à Valérie Pécresse

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Madame la ministre,
Invitée de la matinale de Canal + hier, vous  avez tenu un propos qui, je dois vous le confier, m’a étonné de la part d’une personne ayant exercé des fonctions ministérielles fort importantes, tant il semblait manquer de discernement.
En premier lieu, je vous avoue avoir trouvé plutôt bienvenu votre solidarité avec Yamina Benguigui, victime d’un bizutage la veille dans l’hémicycle pendant les questions au gouvernement. Vos collègues de l’UMP ont singulièrement manqué de classe et de retenue à cette occasion, et je mets ces manifestations masculines sur le compte de la goujaterie voire de l’immaturité qu’on retrouve chez des hommes ayant passé la cinquantaine. Lorsque vous précisez que ce « bizutage est plus fort chez les femmes », je vous crois bien volontiers puisque vous avez davantage que moi l’expérience de l’hémicycle.
En revanche, et c’est l’objet de cette missive, je ne comprends pas votre accusation de machisme envers Roger Karoutchi. Ce dernier a en effet déclaré que votre collègue NKM avait « le look pour Paris ». « Pourquoi les femmes sont-elles jugées sur leur look ? Peut-être qu’un jour, on sera jugées sur nos compétences », protestez-vous. Et là, madame la ministre, les bras m’en tombent. Vous n’avez donc jamais entendu de tel propos sur le look de vos collègues masculins ? N’a-t-on jamais dit d’Arnaud Montebourg à ses débuts qu’il avait le look aristo, au point de lui attribuer une particule superfétatoire ? Ne dit-on pas de certains de vos collègues qu’ils ont une allure de gendre idéal ? Avons-nous le droit de trouver le physique d’une personnalité politique, féminine ou masculine, à notre goût sans être accusé de machisme pour les uns, d’être une croqueuse d’hommes pour les autres[1. J’ai quelques amies qui craquent sur Vincent Peillon, et je dois vous confier que votre style ne me déplaît point, surtout lorsque vous évitez le jean, comme dimanche dernier.] ? Nous avons le droit à la légèreté, tout de même. D’ailleurs, cette observation ne vaut pas que pour la politique. David Beckham doit-il se plaindre de misandrie lorsque, sur les plateaux de télévision, des dames n’évoquent que sa plastique avantageuse au lieu de s’extasier sur sa faculté à tirer de magnifiques coups francs ?
Vous me direz que la Politique, c’est sérieux. Cela devrait l’être, en effet. Mais Roger Karoutchi est bien obligé de convenir que les projets de l’UMP et du PS ne se différenciant qu’à la marge, le marketing et la communication à outrance ont envahi le champ électoral depuis une trentaine d’années. Ne me dites pas que vous n’aviez pas, dans les ministères que vous avez occupés, une ou plusieurs personnes chargées de la gestion de « l’image » de leur patronne,  un domaine n’ayant pas grand-chose à voir avec vos compétences. Je ne vous croirai pas[2. Ce malicieux papier de ma camarade Coralie Delaume ne me démentira pas.].
Votre collègue NKM ne déroge pas non plus à la règle. D’ailleurs, les convictions et elle, c’est une histoire tourmentée. Ne s’est-elle pas abstenue mardi sur un sujet que majorité et opposition estimaient « de civilisation » ? N’a-t-elle pas été la porte-parole d’une campagne pourtant inspirée par quelqu’un qu’elle jugeait « maurrassien », ce qui ne valait pas compliment dans sa bouche ? Le fait est, effectivement, qu’on imagine davantage NKM faire campagne dans les rues parisiennes que dans les campagnes creusoises. Comme on imaginait, à tort, Arnaud Montebourg solliciter les suffrages de Passy plutôt que ceux de Louhans, ou qu’on vous imagine vous-même très à votre aise sur le marché à Versailles.
David Abiker écrivait l’autre jour qu’il y avait « plus de féminisme dans 60 minutes d’ouverture d’un bureau du planning familial que dans 50 happenings post-modernes des Femen ». J’ajouterai qu’il y en a davantage dans ledit bureau que dans une centaine de plaintes « cul-cul-la-praline » dont vous avez donné l’exemple en tançant votre vieil ennemi Roger.
Cordialement.



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