Accueil Culture La vie n’est pas un long fleuve tranquille

La vie n’est pas un long fleuve tranquille

Stranger things


La vie n’est pas un long fleuve tranquille
Les triplés Eddy, David et Bobby. "Three identical Strangers" (2018), film de Tim Wardle © Courtesy of NEON / Metropole Films

Sur Netflix, « Three identical Strangers » nous raconte les retrouvailles à 19 ans de triplés séparés à la naissance. Incroyable mais vrai, l’expression n’est ici pas galvaudée. 


« Three identical Strangers » (« Trois étrangers identiques », en français) nous plonge dans une Amérique très sympathique des années 80 où trois teenagers font la fête dans un New-York enthousiasmant et bouillonnant. Mais le film se termine sur une note beaucoup plus inquiétante.

Au début de ce documentaire, un homme d’une cinquante d’années se présente aux spectateurs. Face caméra, il nous prévient : “Quand je raconte mon histoire aux gens, ils n’y croient pas. Je dois reconnaitre que je n’y croirais pas non plus si on me la racontait. Mais je vais vous la raconter et elle est vraie, de A à Z.” 

Je ne m’appelle pas Eddy, je ne vois pas de quoi tu me parles !

1980. Jour de rentrée au Sullivan County Community College. Robert Shafran, l’homme qui nous parle, a alors 19 ans. Il est un peu intimidé. Alors qu’il découvre les locaux de la fac où il compte démarrer son internat, de nombreux autres étudiants qui connaissent déjà l’établissement l’interpellent. “Salut, comment tu vas?” demande l’un. “T’as passé un bon été ? Moi, super.” Pourquoi lui demande-t-il ça ? Robert n’a jamais été tellement populaire au lycée. Robert ne le connait même pas… D’autres jeunes se pressent auprès de lui, extrêmement amicaux, lui tapant dans le dos. Une fille se précipite vers lui pour l’embrasser : “Je suis tellement contente que tu sois revenu”. Robert n’y comprend toujours rien : il n’a jamais mis les pieds ici et a de plus en plus l’impression d’être dans la cinquième dimension. Un peu plus loin, quand un autre jeune lui lance “Eddy, bon retour, comme vas-tu?”, Robert finit par répondre un peu agacé : “Je ne m’appelle pas Eddy, je ne vois pas de quoi tu me parles. Je viens d’arriver ici.” Tous pensent alors que leur cher Eddy blague. Michael, un des étudiants qui connait cet Eddy mieux que les autres – et qui sait qu’il ne doit pas revenir à la fac cette année – s’adresse alors à Robert en tremblant. Ayant compris qu’il s’agit d’un sosie, il demande s’il a été adopté et s’il est bien né le 12 juillet 1961. Eddy acquiesçant, son nouveau camarade s’exclame : “Mon Dieu tu ne vas jamais me croire, mais tu as un frère jumeau” et se propose de lui présenter.

A lire aussi: Irène Drésel, l’électro bienvenue

Même cheveux, mêmes expressions, même voix, même goût pour les femmes, même marque de cigarettes, activités sportives ou passe-temps communs : les deux frères se rencontrent le jour même et se trouvent plein de points communs troublants alors qu’ils apprennent à se connaitre. Ils n’en reviennent pas, ni l’un ni l’autre, et s’entendent immédiatement bien. 

Le conte de fées tourne mal

L’affaire attire l’attention de journalistes. Les retrouvailles miraculeuses des deux frères jumeaux font la une des journaux américains, c’est une histoire étonnante qui passionne les gens. Elle va vite devenir un peu plus incroyable. Pendant que les deux beaux gosses posent devant les journalistes, à New York, David, un troisième homme, reconnait ses traits dans un article du New York Post

Avec de nombreux témoignages des trois frères, les photos et films d’époque de leurs proches, le documentaire s’attache dans toute sa première partie à retracer les trois destins et ces retrouvailles tout à fait surprenantes dans une Amérique sympathique des années 80. Puis, vient le moment où il s’agit d’enquêter pour savoir pour quelle raison la séparation des trois frères leur a été cachée. Le film se concentre alors sur la mystérieuse agence d’adoption Louise Wise. Qui a pris une telle décision et dans quel but ? Et n’y en a-t-il pas encore d’autres ?

Pendant ce temps, les trois jumeaux deviennent de petites célébrités, s’entendent comme larrons en foire et vont jusqu’à lancer ensemble une affaire dans la restauration. “C’est à peu près à ce moment que les choses ont mal tourné” se souvient la femme d’un des trois frères. 

A lire aussi: This is the end…

Élevés dans trois milieux sociaux distincts, ayant chacun connu une éducation assez différente, le parcours des trois jumeaux est émaillé de rebondissements savamment distillés tout au long du film, lequel offre une réflexion vertigineuse sur l’inné et l’acquis. Le dénouement du film, sinistre et encore entouré d’un mystère que les protagonistes (et le spectateur) aimeraient un jour éclaircir, est encore plus ahurissant que les retrouvailles du début. « Three identical Strangers » est un film documentaire qu’on n’oublie pas de sitôt. Il pourra arracher quelques larmes aux spectateurs les plus sensibles. À voir sur Netflix avant que vos amis ne vous en gâchent la fin sordide, autour d’un apéro pendant l’été.

“Three Identical Strangers” de Tim Wardle. 2018. 1h36. Sur Netflix.




Article précédent Oh non! Cette « racialisation » de la société qu’Emmanuel Macron n’a pas vue venir
Article suivant Comme des coqs gaulois sur leurs ergots tricolores…
Rédacteur en chef du site Causeur.fr

RÉAGISSEZ À CET ARTICLE

Le système de commentaires sur Causeur.fr évolue : nous vous invitons à créer ci-dessous un nouveau compte Disqus si vous n'en avez pas encore.
Une tenue correcte est exigée. Soyez courtois et évitez le hors sujet.
Notre charte de modération