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Vous avez dit union des droites ?


Vous avez dit union des droites ?
L'ancien ministre de l'économie Alain Madelin présente son projet "Kairos", un outil qui combine l'IA et la doctrine économique libérale, à Marseille, le 10 juillet 2025. Alain ROBERT/SIPA

Cela fait longtemps qu’on parle de l’« union des droites » sans pouvoir la faire. Qui la ferait? Sur quel programme? Quelle part y reviendrait au libéralisme économique, défendu encore aujourd’hui par Alain Madelin? Pour la présidente du mouvement patronal ETHIC, l’étatisme reste trop fort dans les consciences même chez les politiques de droite en France. L’humeur d’été de Sophie de Menthon.


Tout le monde en rêve – même en plein été sur la plage, du moins tous ceux qui ne sont pas à gauche, mais personne ne sait concrètement de quoi et de qui il s’agit. Qui est vraiment de droite ? Ceux qui, globalement, veulent non seulement lutter contre le socialisme économique mais l’éradiquer ? Ceux qui veulent faire taire l’hystérie communautariste ou le délire écolo (rien à voir avec le respect de la nature dans son intégralité, qui est indispensable et comprise de presque tous) ? Hélas ! l’union des droites suppose au minimum un programme économique partagé et un accord sur un socle commun, accord qui s’éloigne de jour en jour. Ainsi, quelle que soit l’opinion que l’on puisse avoir de Marine Le Pen, bonne ou mauvaise, juridiquement apte ou non, il est clair que son programme est sur le plan économique de gauche, car étatiste, donc l’appellation extrême-droite n’a pas de sens ; le RN n’est ni de droite ni extrême. Par conséquent, l’union des droites ne saurait inclure le RN, non pas par rejet idéologique de faux relents d’antisémitisme, mais parce qu’il faut un consensus réformateur et économique pour sauver la France de la maladie de la dette. En revanche, Jordan Bardella semble, lui, se positionner davantage à droite sur le plan économique mais son électorat lui pardonnerait-il ? Quant à Éric Ciotti, il a repris bon nombre des propositions économiques de mouvements patronaux et on ne peut que s’en féliciter. Ses ex-copains sont furieux, les nouveaux ne le reconnaissent pas comme un des leurs… et il l’assume.

Au sein du parti Renaissance ainsi nommé (changement de nom à l’étude pour la quatrième fois), à chacun de faire le tri, car le fameux « en même temps » a provoqué des ruptures profondes entre les penchants libéraux et les penchants socialistes. Les centristes, eux, devraient logiquement rejoindre cette joyeuse troupe dite de droite, tout comme Horizons qui, par définition, voit plus loin. Les LR entendent mener le jeu : la droite, c’est eux. Tous ces politiques ont certes un point devenu commun : arrêter l’immigration inflationniste, ce qui est finalement la seule chose sur laquelle ils sont d’accord. Il y a aussi la dette mais personne ne veut la diminuer de la même façon.

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La question devient vertigineuse lorsqu’on recense la foule de ceux qui se pensent seulslégitimes à accéder à l’Élysée sous l’étiquette droitière. Citons pour l’instant : Édouard Philippe, Xavier Bertrand, Michel Barnier, David Lisnard, Bruno Retailleau, Laurent Wauquiez, Gérald Darmanin, Bruno Le Maire, Gabriel Attal… ! Sans compter bien sûr hors LR, Marine Le Pen ou un remplaçant, et puis encore Éric Zemmour, etc. Pardon à ceux que j’ai oubliés. De surcroît, avant de faire un semblant d’unité à droite, on pourrait commencer à ne pas se diviser au sein même du parti LR, comme pour la course à la députation des Vème, VIème et VIIèmearrondissements de Paris : cela augure bien de la suite… On a une candidate qui a toutes les chances de gagner la mairie de Paris après des années de désastre, Rachida Dati, qui s’y prépare de toute son énergie. Elle est maire du VIIème, c’est son fief, et voilà-t-il pas que Michel Barnier, fort de son succès d’ancien Premier ministre, pense que c’est un bon tremplin pour être président de la République : cela fait désordre et déchaine les passions. En bon droit semble-t-il, de se sentir trahie, elle s’exprime pour le moins à haute voix : un duel mortifère.

Par ailleurs, il faut bien sûr un seul candidat, c’est le but du jeu (électoral). Le tout sans primaires, car on a vu ce que cela donnait et ce serait, paraît-il, une catastrophe. Si l’on procède ainsi, on crée des dissidents et on choisit alors celui qui a le moins de relief et qui ne fait d’ombre à personne ; pour un futur président de la République, homme providentiel par définition pour une situation désespérante sinon désespérée, « marche à l’ombre » ne semble pas la meilleure option. On peut rêver qu’au fil de l’été, nos grands ambitieux réfléchiront vraiment à l’avenir du pays et que les dirigeants de partis sauront enfin mettre leurs égos de côté en prévision d’une potentielle dissolution avant la présidentielle.  Mais là encore, le pire est quasi-certain…

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Retenons la leçon des dernières législatives et laissons au moins aux Français leur libre arbitre, faute de gouverner ensuite comme ils le demandent explicitement. Évitons le cauchemar et le meurtre démocratique des « fronts pseudo républicains » dévoyés. Non aux élections verrouillées où l’on choisit un député par défaut, mais surtout pensées pour garantir les réélections des potentats.  

Mais alors… qui ? Quelle droite ? Car même si l’on parvenait à s’accorder sur un programme commun, il faudrait encore qu’un seul s’en empare, l’incarne, et le défende. Un point commun encore, à part Alain Madelin qui s’acharne seul à construire une pensée libérale en regrettant, dit-il, que « le succès en France soit considéré comme une rupture d’égalité ». Tous sont viscéralement drogués à l’étatisme et personne n’envisage la moindre économie de l’État ou ne s’intéresse aux missions régaliennes, au moins pour les définir clairement. Je sais bien, comme le disait Clémenceau, que ce sont des oies qui ont sauvé le capitole… mais tout de même !

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Chef d'entreprise, présidente du mouvement ETHIC.

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