Habitué aux joutes médiatiques, hier comme dirigeant communiste, aujourd’hui comme chroniqueur politique, Olivier a des tripes et du cœur quand il s’agit de défendre ses idées. «J’aime qu’on me contredise!» pourrait être sa devise.
Ils voudraient que je ne voie pas certaines choses, et que je n’en parle pas. De quoi est-il question ? D’une incroyable pensée hémiplégique qui s’est peu à peu répandue depuis le retour de Donald Trump à la Maison-Blanche. Il faut ici prendre date car nous n’en sommes qu’au début. Ça va enfler, gonfler jusqu’à devenir un très beau et très gros éléphant dans la pièce.
Quand il m’est arrivé d’en faire l’observation, lors de débats sur les écrans ou sur les ondes, ils ont esquivé. Les plus malicieux ont fait semblant de ne pas comprendre, les autres de ne pas entendre. Si cela continue, si nous n’arrivons pas dans les prochaines semaines à en débattre comme on le fait sur d’autres sujets, cela sera pour moi comme un aveu : il faudra en conclure que, pour ces nouveaux libertariens, il y a des sujets interdits et d’autres qui ne souffrent pas la contradiction. Paille et poutre ?
Ils sont les nouveaux trumpistes tricolores. Comme leur nouvelle idole, ils n’étaient pas prêts lors du premier mandat. Ce n’est plus le cas. Aujourd’hui, ils assument crânement et même avec une forme de jubilation le changement d’époque. Ils rêvent d’un alignement des planètes pour 2027 au plus tard. Alors, ils font au plus vite quelques embardées, sans voir qu’ils trahissent leurs propres trajectoires idéologiques.
Ils aiment les frontières, mais ils applaudiront une rencontre Trump-Poutine en Arabie saoudite. Il y a trois ans, la Russie a envahi l’Ukraine. L’intégrité territoriale d’un État souverain a alors été piétinée. Or, il se dit que la Russie va obtenir un accord de « paix » lui permettant de maintenir sa présence sur 20 % du territoire ukrainien et de se préparer militairement à d’autres offensives, comme le laissent penser ses programmes d’armement avec 10 % de son PIB désormais consacré à cet objectif. Et pas un mot sur les propos détestables de Trump sur le président Zelensky.
Ils aiment la souveraineté et détestent les influences étrangères. Tout occupés à traduire le MAGA dans la langue de Molière, à chercher dans leur playlist un YMCA tricolore, ils n’ont rien trouvé à redire sur l’ingérence américaine vis-à-vis de l’élection législative en Allemagne. Accepterions-nous une telle situation pour notre propre pays ? Que l’homme le plus riche du monde ne se contente plus d’agir sur la manière dont nous communiquons sur son réseau X, mais nous dise aussi pour qui nous devons voter ?
Les trumpistes tricolores semblent quand même avoir quelques frilosités avec la manière dont Steve Bannon, après Musk, a salué son public lors de la Conservative Political Action Conference. Jordan Bardella est parti. Sarah Knafo est restée. L’un et l’autre devront assumer politiquement les conséquences de la prochaine guerre commerciale. Ça va secouer.
Mais il y a d’autres sujets. Les influenceurs algériens, la protection de nos agriculteurs, la défense de nos filières industrielles, le contrôle de nos frontières, la liberté d’expression, l’indépendance…
La victoire du trumpisme traduit des réalités sociales, culturelles et électorales qui ne sont pas sans faire écho à des réalités hexagonales. Aucun parti politique ne devrait s’exonérer de cette réflexion. Quant aux trumpistes tricolores les plus ardents d’aujourd’hui, ils devraient déjà songer à ce qu’ils diront du Trump de demain. Ils ne pourront pas ignorer longtemps sa personnalité imprévisible et sa politique dont on connaît le seul et unique objectif : servir son pays, son oligarchie et son business.





