Ni leader, ni revendication précise. Comme une révolte dans le vide… Le mouvement social « Bloquons tout » va-t-il prendre? Assiste-t-on à une renaissance des gilets jaunes? Le mouvement pourrait-il être manipulé de l’étranger?
L’an 01, que nous proposait Gébé, membre éminent de l’équipe d’Hara-Kiri Hebdo (qui deviendra Charlie Hebdo), était présenté comme un prolongement naturel et immédiat du mouvement de mai 68. Le mot d’ordre était simple, et apparemment plein de bon sens: « On arrête tout, on réfléchit, et c’est pas triste ».
Mais globalement rien ne s’est arrêté, et le monde a continué sur sa lancée, parce que l’énorme machine économique, sociale, politique, en un mot humaine, dans laquelle nous sommes tous immergés, ne peut pas s’arrêter. Elle ne peut qu’essayer de se réorienter (et avec quelles difficultés !) dans son mouvement.
Le mouvement du 10 septembre, qui semble se profiler, n’est qu’une pâle copie de cette utopie, mâtinée comme toujours de revendications syndicales, des éternelles prétentions révolutionnaires de l’extrême gauche, de la bienveillance des partis politiques qui n’oseront ni trop condamner, ni trop encourager, du désordre façon « gilet jaune », et de la violence façon black-blocks.
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Bref tout cela ne fera qu’exacerber inutilement les tensions d’un pays déjà suffisamment sur les nerfs. Si à cela s’ajoute la chute du gouvernement, la situation financière catastrophique de la France, sa crédibilité sur le marché de la dette s’en trouverait encore dégradée. Sans compter les innombrables problèmes et les retards dans la prise de décisions pourtant urgentes.
À bien des égards nous avons toutes les raisons de n’être pas satisfaits de la façon dont ce pays est dirigé depuis des années. Mais le mouvement qui s’annonce, s’il devait s’amplifier, ne résoudra rien et nous coûtera cher. Si le pays va mal nous en sommes collectivement responsables, par lâcheté, par ignorance, par insouciance et par irresponsabilité.
Mais malgré tout, une question se pose: à qui profite ce crime qui pousse régulièrement une minorité de Français, toujours prêts pour le grand jour (mais sous l’œil attendri de bien des autres) à croire qu’ils peuvent changer leur vie en descendant dans la rue ? Après tout, nous avons des ennemis suffisamment habiles pour savoir ourdir, en utilisant l’implacable dynamique des réseaux sociaux, des mouvements de déstabilisation du pays… Je sais, mon discours est complotiste, mais je ne pense pas qu’il faille forcément exclure une telle hypothèse.
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