Le ministre des Affaires étrangères, l’euro-mondialiste Jean-Noël Barrot, loue la diversité et le métissage. Mais dans des lieux choisis, loin de la réalité à laquelle les Français sont confrontés, persifle notre chroniqueur…
Le président algérien Abdelmadjid Tebboune refuse de reprendre ses ressortissants délinquants, radicalisés ou sous OQTF, retient injustement prisonniers deux de nos compatriotes, le journaliste Christophe Gleizes et l’écrivain Boualem Sansal, et accuse régulièrement la France de tous les maux. Résultat ? Après n’avoir jamais remis en question les accords de 1968[1] octroyant aux immigrés algériens un statut dérogatoire et coûtant à la France deux milliards d’euros par an (d’après un récent rapport parlementaire du député Charles Rodwell et du ministre à la Transition écologique Mathieu Lefebvre), puis avoir accepté un élargissement du nombre de visas pour des étudiants algériens dont beaucoup ne repartiront pas dans leur pays natal, Emmanuel Macron a demandé à l’ambassadeur de France en Algérie, Stéphane Romatet, de prendre part à la commémoration du 17 octobre 1961 organisée à Paris. « La France n’oublie pas ce jour sombre de son histoire », a déclaré celui qui, jour après jour, se plaît à détruire notre pays. Pour accomplir son œuvre dévastatrice, il s’est entouré depuis le début de son règne des pires ministres qu’ait jamais connus la Ve république. Parmi eux, Jean-Noël Barrot, actuel ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, se distingue particulièrement.
Vers une Europe supranationale
Comme Emmanuel Macron, Jean-Noël Barrot est passé par le programme « Young Leaders » de la French-American Foundation. Atlantiste frénétique, européiste fanatique, il est également un va-t-en-guerre acharné qui a reçu cette année la médaille de 3ème classe de l’Ordre du Prince Iaroslav le Sage, une breloque destinée à récompenser les citoyens étrangers ayant rendu des services spéciaux à l’Ukraine. Par « services spéciaux » il faut entendre ici, en plus des milliards déjà versés directement par la France, les pharaoniques moyens financiers que M. Barrot se dit prêt à mettre à la disposition de Volodomyr Zelensky via une nouvelle contribution européenne, un « prêt » dont ni l’UE ni la France ne reverront jamais le moindre sou et qui va surtout permettre aux Américains de continuer de réaliser quelques affaires sonnantes et trébuchantes grâce, d’une part à la vente de leurs armes, d’autre part à celle de leur très onéreux gaz naturel liquéfié pour remplacer le gaz russe, et à quelques oligarques ukrainiens corrompus de se remplir les poches. Ce n’est pas un hypothétique conflit avec les Russes qui va précipiter notre perte, mais bien les décisions catastrophiques prises par des présidents et des chefs de gouvernements européens agitant le spectre de la guerre pour détourner l’attention, camoufler leurs désastreux bilans économiques, sociaux et géopolitiques, et, surtout, accélérer la création de la Fédération européenne qu’ils appellent de leurs vœux. L’UE, sous l’impulsion de Mme von der Leyen, s’est très récemment dotée d’un Commissaire européen à la Défense. Sa mission est d’inciter les États membres à déléguer certaines de leurs compétences en matière de défense au niveau européen. M. Barrot s’est empressé de saluer le programme concocté par la Commission européenne, programme dont l’objectif est en réalité de protéger les intérêts allemands et américains, de nuire à l’industrie de défense de la France, et surtout de préparer les esprits à une nouvelle organisation politique européenne supranationale, l’Europe fédérale.
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M. Barrot est pour une immigration soutenue, celle qui vient du continent africain ayant sa préférence. Le 3 octobre, il participait à l’inauguration de la Maison des Mondes africains (MansA) créée sous l’impulsion de l’historien camerounais Achille Mbembe. En 2019, ce dernier reprochait à Emmanuel Macron de ne pas l’avoir sollicité dans le cadre d’une réunion organisée par l’Élysée avec la diaspora africaine. Le président français aurait ainsi cherché, selon lui, à éviter « de se mesurer à de véritables intellectuels africains » qui risqueraient « de lui poser des questions gênantes » et « de remettre publiquement en cause les trois piliers de la politique française en Afrique : le militarisme, le mercantilisme et le paternalisme mâtiné, comme toujours, de racisme » (Jeune Afrique, 8 août 2021). Emmanuel Macron aime s’entourer de fortes personnalités qui, comme lui, sont enchantées de voir et d’encourager les changements démographiques qui transforment notre pays du tout au tout, le plus souvent pour le pire. Il a par conséquent fait appel quelques mois plus tard à… M. Mbembe pour préparer le sommet Afrique-France devant se tenir à Montpellier en juillet 2021, puis pour rédiger un rapport dans lequel l’historien préconisera la création de cette fameuse MansA. Rappelons que, quelques années auparavant, M. Mbembe décrivait sur France Culture un processus qui, selon certains, n’existe pas, celui du remplacement des populations européennes : « On assiste à un processus de longue durée, un processus de repeuplement du monde qui va s’intensifier dans les années qui viennent. […] Les pays du Nord vont continuer d’accuser une tendance au vieillissement. Dans 50 ans à peu près, une grande partie des habitants de la planète viendra de l’Afrique et de l’Asie. Tout cela va provoquer des recompositions majeures avec lesquelles il faudra vivre. » Malgré la proximité de cette analyse avec celle développée par Renaud Camus, il ne vint à personne l’idée de traiter M. Mbembe de conspirationniste ou de fasciste. Étrange !
Avenir commun et atelier des possibles
M. Barrot, lors de son discours à la MansA, dira à sa manière grosso modo la même chose : « En 2030, l’Afrique comptera 1,7 milliard d’habitants, contre 450 millions en Europe. C’est avec les acteurs du continent, dans toute leur diversité, que se jouera une partie de notre avenir commun, ici en Europe. […] L’identité n’est jamais fixe. Elle est une traversée, un mouvement. […] Sans sa part d’africanité, la France ne serait pas tout à fait la France. » Les propos de MM. Mbembe et Barrot résonnent étrangement à nos oreilles et nous rappellent ceux de la romancière franco-camerounaise Léonora Miano : « L’Europe va muter. Ils [les Subsahariens] vont venir, et ils vont venir avec leur bagage identitaire. C’est ça qui va se passer, et c’est déjà en train de se passer. » M. Barrot ne redoute pas ce changement. Il le souhaite. L’Afrique surpeuplée déborde sur le continent européen, créant une crise migratoire sans précédent, source de dangereux bouleversements ? Peu importe à M. Barrot. Dans la MansA, il plane au-dessus d’une assistance acquise à son discours diversitaire et immigrationniste. Pour se maintenir en lévitation il lâche du lest, une boursouflure qui pèse son poids : « La MansA n’est pas un musée des certitudes mais un atelier des possibles. » L’Afrique devient dans sa bouche l’alpha et l’oméga de l’humanité, son unique passé, son seul avenir : « Le continent africain est la maison familiale de tous les humains. La MansA est notre maison à tous. Bienvenue à la MansA ! Bienvenue à la maison ! » Barrot, toujours plus haut…
| Parenthèse. Paris compte un institut du Monde Arabe, un musée de l’Immigration, un musée du Quai Branly–Jacques Chirac consacré aux Arts et Civilisations d’Afrique, d’Océanie et des Amériques, mais toujours pas de musée destiné à mettre en valeur l’histoire de notre pays. La Maison de l’Histoire de France voulue par le président Sarkozy a été sabordée par le président Hollande et sa ministre de la Culture Aurélie Filippetti en 2012. Une tribune parue dans Le Monde et signée entre autres par l’historien Gérard Noiriel mettait en garde contre ce « projet dangereux », « surprenant » à l’heure de « la mondialisation des économies et des sociétés », représentatif d’une « France étriquée » passant à côté d’une « histoire des connexions et des métissages ». Les concepts et le vocabulaire de cette tribune ne sont pas sans rappeler ceux de L’Histoire mondiale de la France dirigée par un Patrick Boucheron prêt à en découdre avec « l’étrécissement identitaire » et « les crispations réactionnaires » d’une histoire de France qu’il jugeait trop nationale et qu’il voulait remplacer par une autre, plus ouverte, plus diverse, plus à même de « dépayser l’émotion de l’appartenance et d’accueillir l’étrange familiarité du lointain ». On ne dira jamais assez le mal que la gauche socialiste et ces universitaires-là ont fait à la France. |
Le 17 octobre, M. Barrot s’est rendu à Lagos où il a tenu, lors du Forum Création Africa, un autre discours stratosphérique. Ce fut d’abord un hommage appuyé à un dénommé Davido, un chanteur américano-nigérian dont le grand mérite a été, selon M. Barrot, de « faire danser la French-American Foundation dans une atmosphère survoltée » lors de l’Africa Day à Paris. Ce n’était qu’un début ; il se faisait la voix. Devant un public trié sur le volet, une fois assuré de tenir ce qu’il croyait être le ton juste, notre ministre est parti en vrille : « D’Édith Piaf à Aya Nakamura, les talents les plus brillants ont toujours trouvé en France une scène à leur mesure. C’est en France que Gims, né à Kinshasa, est devenu l’un des plus grands chanteurs de sa génération. C’est Ladj Ly, né au Mali, qui a conquis le monde du cinéma avec Les Misérables. C’est Omar Sy, né de parents mauritaniens et sénégalais, qui tourne des films en France et fait chavirer Hollywood. »
Références douteuses
Mettre dans le même sac Édith Piaf et Aya Nakamura, il fallait oser ! Gims ? N’est-ce pas ce rappeur braillard qui a affirmé que les Égyptiens disposaient d’un système électrique dès l’Antiquité grâce aux pyramides qui étaient en réalité, selon lui, des centrales électriques ? Ladj Ly ? N’est-ce pas ce réalisateur subventionné qui, déjà condamné pour outrages envers des policiers puis de violences à l’encontre du maire de Montfermeil Xavier Lemoine, a été condamné à trois ans de prison dont un avec sursis pour avoir, avec deux comparses, enlevé, frappé et menacé de mort un homme qu’ils accusaient d’avoir couché avec la sœur de l’un d’eux, puis a été poursuivi pour avoir détourné, avec son frère, environ 300 000 euros de l’école de cinéma “Kourtrajmé” financée en grande partie avec de l’argent public, poursuites qui ont été abandonnées après que Ladj Ly a reconnu sa culpabilité et payé 50 000 euros d’amende pour éviter un procès ? Omar Sy ? N’est-ce pas cet acteur très surévalué qui, depuis sa somptueuse villa californienne, demandait « justice pour Adama Traoré », dénonçait « les violences policières en France » et affirmait être plus en butte au racisme en France qu’aux États-Unis ? Il n’y a eu personne, au Quai d’Orsay, pour avertir le ministre et lui dire que les individus qu’il avait choisis pour illustrer l’excellence de certains artistes français d’origine africaine étaient pour le moins douteux ? Il faut croire que non. Après ça, M. Barrot a lancé un nouvel appel à l’immigration en reprenant au passage une idée chère à l’extrême gauche : « La France croit au métissage qui fait dialoguer les imaginaires, qui amplifie les voix, qui élargit l’horizon. […] Alors venez ! Venez à Paris, à Marseille, à Clermont-Ferrand ou à Annecy pour déployer votre talent, pour remporter une part de la French touch dans vos valises et dans vos cœurs. […] Oui, nous avons besoin d’une nouvelle génération de citoyens prêts à agir, à prendre leurs responsabilités, à se lever pour la liberté, pour la démocratie, pour la planète, la justice et la prospérité partagée. »
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La France, chassée d’Afrique par de plus malins qu’elle (la Chine, la Russie, le Royaume-Uni, les États-Unis, l’Inde) et par les Africains eux-mêmes, continue malgré tout de battre sa coulpe, de se repentir, de demander pardon. Humiliée, salie, elle tente de valoriser les patrimoines culturels de pays qui lui ont tourné le dos et dénoncent, à grand renfort de discours mélodramatiques, sa participation à la traite transatlantique, son histoire coloniale, son « racisme systémique » et son « islamophobie ». Le président Tebboune en profite pour pousser ses pions. Une majorité des jeunes Algériens qui quittent leur pays natal pour rejoindre la France et profiter de son généreux système social participent au maintien de son régime et à l’islamisation de la société française programmée par les Frères musulmans. L’Afrique subsaharienne, meurtrie par des régimes autoritaires, des conflits inter-ethniques, des raids djihadistes et une pauvreté endémique, déferle elle aussi sur l’Europe, la France en particulier.
Les immigrés africains ignorent l’existence de la MansA, ils n’y mettront jamais les pieds. Ils savent en revanche que s’ils parviennent à poser le pied sur le territoire français, il y a de fortes chances qu’ils n’en repartiront jamais. Ils seront logés, nourris, soignés. Eux ou leurs descendants occuperont près de 40% des logements sociaux. Près d’un sur deux ne travaillera jamais. Beaucoup finiront dans la délinquance. Nombreux seront ceux qui repousseront de plus en plus vivement les lois de la République pour leur préférer les lois coraniques et réclamer des « aménagements » dans tous les domaines de la société. La « nouvelle génération de citoyens » souhaitée par M. Barrot s’ajoutera à celles qui l’ont précédée et ne se sont jamais intégrées. « Le métissage qui fait dialoguer les imaginaires et amplifie les voix » est une formule ampoulée et abstraite qui a pour objectif d’enfumer le pékin moyen et d’enjoliver la triste réalité : l’immigration massive, extra-européenne et musulmane que subit la France – et en vérité toute l’Europe – n’amplifie pas les voix mais les problèmes. Problèmes économiques, sociaux, civilisationnels, sécuritaires. Tandis que M. Barrot encourage cette immigration et chante les louanges de la diversité et du métissage dans la MansA, les Français expérimentent dans la douleur une société multiculturelle qu’ils n’ont pas souhaitée et qui s’avère être un désastre.
[1] La résolution proposée par le RN et adoptée à l’Assemblée nationale a une valeur symbolique indéniable mais n’est pas contraignante. Dénoncer un accord international comme le traité de 1968 signé avec l’Algérie n’est pas de la compétence de l’Assemblée nationale, c’est une prérogative du chef de l’État, rappelle Nathalie Clarence, Maître de conférence en droit public à l’Université Paris Cité, dans un article paru sur le site du Club des juristes le 30 octobre 2025.
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