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Vous qui en avez marre du cinéma bienpensant…

Courez voir « Le Monde d’après 3 »


Vous qui en avez marre du cinéma bienpensant…
À gauche, Mehdi Fikri, réalisateur de "Avant que les flammes ne s’éteignent" et à droite, Laurent Firode, réalisateur de la trilogie "Le Monde d'après" © Barbara Amendola/IPA/SIPA © DR

Le Monde d’après 3 est une réjouissante comédie noire à petit budget, qui surclasse le cinéma bienpensant subventionné.


Marre de faire bide sur bide. Suite aux résultats catastrophiques dénoncés par la Cour des comptes, les films français à grosses ficelles idéologiques subventionnés par le CNC et divers autres organismes publics recrutent depuis quelque temps des acteurs dits bankables dans l’espoir de « retrouver le public ». Exemple : Un homme heureux, de Tristan Séguéla. Ce film, co-produit par France 2, raconte l’histoire d’un maire conservateur (Fabrice Luchini) dont la femme (Catherine Frot) lui apprend qu’elle a toujours été « au plus profond de son être » un homme et qu’elle souhaite à présent, à presque soixante ans, faire sa « transition ». Le film, qui se veut être une comédie, est pathétique et n’évite aucun stéréotype. Paire de moustaches postiche puis réelle grâce à un traitement hormonal, réunions grotesques entre transgenres caricaturaux, soutien d’une « copine » trans et d’un ami homosexuel – madame devient monsieur et Edith, Eddy. Luchini campe un réac homophobe secondé par un adjoint (Philippe Katerine) tout aussi caricatural ; Frot se travestit en n’arrachant ni larmes ni sourires mais un soupir de consternation à chaque dialogue semblant sortir tout droit d’un tract du Planning familial ou de l’association OUTrans. « On ne va pas faire la fine bouche devant un film qui a le mérite de traiter d’une actualité délicate et d’éviter la vulgarité », écrit dans Le Figaro un Éric Neuhoff qu’on a connu plus avisé et plus attentif au déclin du cinéma français. Sur les sites spécialisés, les spectateurs sont souvent moins complaisants : « propagande affligeante », « pudding indigeste », « scénario enfilant les clichés affligeants du wokisme », et puis, finalement, le plus simple et le plus éloquent : « un gros navet ». Trompé par le papier de Neuhoff, j’ai vu la chose et je confirme : c’est une méga daube. Tout y est affligeant, le scénario, les acteurs, la musique. Ce pensum mériterait de recevoir l’attribution d’un César spécial, celui de la pire comédie à visée propagandiste de l’année.

Wokisme dans le cinéma français: ça devient systémique!

Le 15 novembre, est sorti sur nos écrans Avant que les flammes ne s’éteignent, film de Mehdi Fikri avec Camélia Jordana. Synopsis : « Suite à la mort de son petit frère lors d’une interpellation de police, Malika se lance dans un combat judiciaire afin qu’un procès ait lieu. Mais sa quête de vérité met en péril l’équilibre de sa famille. » Le communiqué de presse de l’équipe du film tente d’édulcorer l’inspiration première de ce film, à savoir l’affaire Adama Traoré (avec Camélia Jordana dans le rôle de Malika, ersatz d’Assa Traoré), mais affiche clairement son but : « Dire de ce film qu’il est circonscrit à une seule affaire reviendrait à nier le caractère systémique de ces violences [policières] et à les réduire à l’exception. » Grosse promo, sur France Inter entre autres, où Camélia Jordana a son rond de serviette. Sur son compte X, Destination Ciné signale que le film, au budget de 2,5 millions d’euros dont 900 000 euros d’argent public, connaît un début plus que laborieux : 2150 spectateurs le premier jour dans 118 salles = 18 spectateurs par salle ! Gros bide en vue.

En plus des sujets dits sociétaux, celui de l’immigration – et non de la « migration », terme de la novlangue euro-technocratique utilisé pour dissimuler l’installation définitive d’une nouvelle population en Europe – le sujet de l’immigration, disais-je, s’invite régulièrement, avec ses gros sabots, dans le cinéma français. Le dernier représentant de cette lignée de films propagandistes est une comédie consternante ayant pour titre Pour l’honneur et pour acteur principal Olivier Marchal. Ce film, qui narre l’histoire d’une équipe de rugby villageoise sauvée par l’arrivée de demandeurs d’asile, allonge la longue liste des films lénifiants sur l’immigration soi-disant inévitable, voire même nécessaire et bénéfique pour la France. Et nous ne sommes pas au bout de nos peines. Le 20 décembre prochain, sortira Ma France à moi, film réalisé par Benoît Cohen – un des artisans du projet d’installation d’immigrés à Callac – dans lequel le rôle principal est tenu cette fois par Fanny Ardant. « France, la soixantaine, vit seule dans son appartement bourgeois de l’est parisien. Lorsqu’elle entend parler à la radio d’une association (l’association Singa, présidée dans la vraie vie par Benoît Hamon) qui met en contact des personnes réfugiées sans logement et celles ayant la possibilité de les accueillir, elle décroche son téléphone pour se porter volontaire. Quelques jours plus tard, Reza, jeune afghan d’à peine vingt ans, débarque dans sa vie. Ces deux êtres, qui n’ont rien en commun, vont devoir apprendre à vivre ensemble… » Sur France Culture, le réalisateur a confié que son film s’appelle Ma France à moi « avec l’idée de ne pas laisser le mot France aux extrêmes ». La bande-annonce ne laisse rien présager de bon – on y sent trop la moraline, bien lourde, bien épaisse, bien indigeste, la même qui nappe une bonne partie de la cinématographie française actuelle.

Laurent Firode attend le coup de fil de Léa Salamé

Passons à autre chose. Le film dont il va être question maintenant n’a reçu aucune subvention du CNC et ne bénéficiera pas d’une promotion monstre. Son réalisateur ne sera pas reçu sur France Inter. Son co-scénariste non plus. Il est peu vraisemblable que ses acteurs, tous remarquables, et ses actrices, toutes excellentes, soient nommés aux César. Le Monde d’après 3, suite logique des Monde d’après 1 et 2 que j’ai eu la joie d’encenser dans ces colonnes[1], est réalisé avec les moyens du bord par Laurent Firode. L’écrivain Bruno Lafourcade, infatigable pourfendeur des délires inclusifs et wokes, a co-écrit le scénario. Sur une musique idéalement minimale et subtilement inquiétante, le film agence six actes dans un continuum fantastico-ironique évoquant le monde en cours de (dé)construction, un « monde meilleur » ayant des allures de cauchemar absolu. Imaginez un monde dans lequel toutes les idéologies wokes, hygiénistes et écologistes sont parvenues, au nom du bonheur pour tous, à s’imposer dans la vie courante. Imaginez ce monde supposément radieux, désincarné, déshumanisé, un monde sans enfants autres que ceux autorisés par une administration technocratique imprégnée d’idéologie écologiste et décroissante. Imaginez un monde dans lequel des artistes cherchent à exploiter une « niche » médiatico-progressiste – antiraciste, féministe ou écologiste – pour se faire reluire la conscience et, éventuellement, relancer leur carrière. Imaginez un monde où règnent en majesté les sensitivity readers, les écolos fanatiques, de pseudo-scientifiques prêts à tout pour connaître leur heure de gloire médiatique et des journalistes complices sans vergogne de la propagande progressiste.

Un monde parfait

Vous manquez d’imagination ? Hâtez-vous d’aller voir (ou de regarder en VOD) Le Monde d’après 3 – vous découvrirez sur l’écran, entre rêve absurde et réalité déjà sensible, le monde orwellien que nous promettent les wokes et les fanatiques de toute obédience. Afin d’éviter tout amalgame avec les films subventionnés précédemment évoqués, les scénaristes ont tenu à prévenir l’éventuel spectateur : « Ce film mord les mollets des Vertueux cyniques, des Névrosés du CO2, des Fanatiques de l’ordre sanitaire. »Mordu au mollet, le vertueux Télérama l’a été, nous apprend Bruno Lafourcade sur Radio Courtoisie – c’est bon signe, ajoute le facétieux Laurent Firode. Toujours à la pointe du boboïsme woke, le magazine télévisuel regrette en effet que Le Monde d’après 3 s’en prenne à « ces minorités déjà fragilisées que sont les éco-féministes » – mais ne dit pas un mot, même pour le chicaner, sur le travail esthétique et cinématographique de Firode et de sa petite mais joyeuse bande.

Sur cette « comédie d’épouvante » (dixit Bruno Lafourcade) flotte un parfum étrange, assez similaire à celui qui émane des Idées noires de Franquin, savoureux mélange d’humour noir et de désespoir élégant. À la lisière du réel et du fantastique, Le Monde d’après 3 décrit un monde qui est déjà, en partie, le nôtre – un monde totalitairement bienveillant et diaboliquement angélique.

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Le sixième et dernier acte du film est le plus cocasse et le plus angoissant puisqu’il décrit le « monde parfait » et monstrueux qui pourrait advenir si l’écologisme et le wokisme venaient à triompher. Pour continuer de combattre à sa manière ces fléaux, Laurent Firode a d’ores et déjà prévu une suite à ses trois premiers opus – ce qui ne peut que nous réjouir. Hitchcock affirmait que « l’angoisse n’est pas supportable sans l’humour, c’est le mélange qui fait le plaisir ». Avec Le Monde d’après, le plaisir est complet.


Le film sort le 22 novembre au cinéma lEspace Saint Michel, 7 place Saint Michel 75005 Paris, et en VOD sur Playeur en suivant ce lien : lemondedapres3.com (Pour ceux qui n’auraient pas pu voir les deux précédents opus du Monde d’après, signalons qu’ils sont également disponibles en VOD via le même lien).

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[1] Le monde d’après, un film espiègle qui fait du bien au cinéma français, article du 10 novembre 2022. 
Le monde d’après 2, élixir de jouissance anti-woke, article du 14 mars 2023.




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Amateur de livres et de musique. Dernier ouvrage paru : Les Gobeurs ne se reposent jamais (éditions Ovadia, avril 2022).

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