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Ford intimidé: le constructeur prié de ne plus livrer la police


Ford intimidé: le constructeur prié de ne plus livrer la police
Jim Hackett, le PDG de Ford © Seth Wenig/AP/SIPA Numéro de reportage : AP22356905_000033

L’entreprise Ford va-t-elle arrêter de fournir des véhicules pour la police pour soutenir le  mouvement Black Lives Matter ? Des employés ont donné le 15 juillet pour ultimatum au constructeur automobile


Le célèbre constructeur automobile américain Ford était fier que ses différents modèles soient choisis par les forces de police américaines.

Il ne s’en cachait pas !

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Dernièrement, un vif débat émerge dans la firme. Certaines voix au sein même de l’entreprise se questionnent: travailler avec les forces de l’ordre, leur fournir des véhicules, n’est-ce pas le risque de se rendre complice de leurs éventuelles dérives ?

Soutien !

Selon certains médias, un groupe d’employés ferait circuler parmi leurs collègues une pétition appelant l’entreprise à cesser de fournir des véhicules de police. « Depuis nos débuts, peut-on lire dans la pétition, les véhicules que les employés de Ford dessinent et conçoivent sont des outils de l’oppression et des violences policières. Nous savons que parmi nous, certains soutiennent les forces de l’ordre avec de bonnes intentions, mais ces pratiques racistes qui pourrissent notre société sont historiques et systémiques –  ce système est perpétué par Ford depuis plus de 70 ans ».

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Derrière cette initiative, on reconnait bien la volonté de certains employés de Ford d’apporter leur soutien à l’illustre mouvement Black lives matter. Mais Ford étant le principal fournisseur des polices américaines, une telle décision n’aurait pas uniquement une portée symbolique. À force de faire de la propagande, nous oublions que les entreprises sont là pour faire du profit avant de faire de la politique !

La direction ne veut pas abandonner un marché porteur

Aussi, la direction de Ford n’a pas l’intention de répondre favorablement à cet appel.

En réponse à la pétition, le PDG Jim Hackett a écrit que « les problèmes qui décrédibilisent la police n’ont rien à voir avec les véhicules que les agents utilisent. En fait, en imaginant le futur de nos véhicules connectés, nous pensons au contraire qu’ils pourront aider la police à mieux protéger et servir, mais aussi leur fournir des données pour la rendre plus sûre et responsable. » Pour lui, il faut donc voir cette polémique comme une occasion, une opportunité pour innover. Au contraire, suivre l’avis des pétitionnaires et se retirer du marché des forces de l’ordre « pourrait nuire à la sécurité des fonctionnaires de police et les empêcherait de faire leur travail dans des bonnes conditions » argumente-t-il.

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La réponse de la direction ne répond pas vraiment à la question de fond : dans quelle mesure un fournisseur peut-il être considéré comme complice d’un éventuel crime ou délit dont des membres des forces de l’ordre se rendraient coupables ? La marque préfère rester dans le vague.

Si la question juridique et morale est compliquée, les dégâts immédiats en termes d’image peuvent en revanche être considérables. La communication de Ford indique qu’il ne s’agit pour l’instant que d’un « dialogue sain » avec les employés pétitionnaires. Certains ont toutefois donné le 15 juillet pour ultimatum à leur employeur. En cas de boycott des consommateurs, des considérations d’ordre commercial peuvent faire reconsidérer la position soutenue par le constructeur. Une grande marque internationale comme L’Oréal a déjà donné l’exemple en purgeant la nomenclature de ses produits de toute trace de langage « racialisé », comme disent les joyeux militants.



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est historien et directeur de la publication de Causeur.

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