Accueil Politique Affaire Oudéa-Castéra: ces élites qui fuient ce qu’elles promeuvent

Affaire Oudéa-Castéra: ces élites qui fuient ce qu’elles promeuvent

Chic: la guerre entre l’enseignement public et privé est relancée !


Affaire Oudéa-Castéra: ces élites qui fuient ce qu’elles promeuvent
Amélie Oudéa-Castéra visite l'école publique Littré, où son fils a été scolarisé six mois avant de rejoindre le privé, 16 janvier 2024 © Thomas SAMSON / AFP

Faites ce que je dis, pas ce que je fais…


Ils sont les premiers à fuir ce qu’ils promeuvent. La classe politique n’assume pas le grand déclassement qui frappe les institutions et les citoyens les plus vulnérables. La devise de ces élites : « Faites ce que je dis, pas ce que je fais ». Ainsi, la faute politique d’Amélie Oudéa-Castéra est moins d’avoir mis ses enfants dans le privé (son prédécesseur Pap N’Diaye en avait fait autant), que d’avoir accablé l’école publique qu’elle est censée représenter désormais. La nouvelle ministre de l’« Education nationale, de la Jeunesse, des Sports et des Jeux Olympiques » a en effet justifié son choix d’un établissement catholique réputé du VI ème arrondissement de Paris pour ses trois enfants en critiquant des « paquets d’heures pas remplacées » d’une école publique du quartier, une explication que conteste d’ailleurs l’établissement mis en cause (Libération, ce lundi).

Cette anecdote est évidemment risible : elle dit, depuis Molière, la tartufferie de ce monde parisien progressiste qui, en l’occurrence, contourne l’enseignement de la République pour lui préférer, pour ses progénitures, des établissements préservés de la populace. C’est pareillement pour s’abriter des quartiers « sensibles » – qu’elle louange en public- que la gauche immigrationniste ne se bouscule pas pour y vivre. Jean-Luc Mélenchon habite dans le Xème arrondissement, ce boboland qui tient la diversité à l’écart des digicodes.

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C’est également pour tourner le dos à une France devenue pour certains invivable que beaucoup de jeunes émigrent de plus en plus. Plus que jamais, la France importe des bac moins cinq et exporte des bac plus cinq.

La Macronie a son lot d’hypocrites qui ne croient pas en ce qu’ils défendent. Observer Gabriel Attal s’attendrir sur la « classe moyenne, cœur battant du pays » ne peut faire oublier les injures déversées par le pouvoir, lors de la crise des gilets jaunes, contre « la foule haineuse » (Emmanuel Macron) ou « les nouveaux beaufs » (feu Jacques Julliard, qui fut mieux inspiré). En réalité, un gouffre oppose le monde cosmopolite des métropoles déracinées à celui, enraciné, paupérisé et fragile, de la France périphérique acquise pour partie au RN. La nomination surprise, vendredi dernier, de Rachida Dati à la Culture peut certes être vue comme une double habileté politique destinée à affaiblir les LR et à rendre visible « une nouvelle culture populaire pour tous, les quartiers et la ruralité » (Dati). Reste que rien ne relie plus les cités d’immigration à la France populaire, qui en a été chassée sous la pression de la nouvelle civilisation musulmane. La promotion de Dati relève d’un casting qui veut mimer une proximité avec les gens ordinaires. Cependant, la sincérité manque à ces acteurs qui croient se mettre à la portée des oubliés en leur martelant comme à des enfants : « De l’ordre, de l’ordre, de l’ordre », « des résultats, des résultats, des résultats », « de l’audace, de l’audace, de l’audace » (Macron) ; « De l’action, de l’action, de l’action », « des résultats, des résultats, des résultats » (Attal).

Mardi, Macron, à la recherche du peuple perdu, a réquisitionné la télévision à 20h15. Mais trop de mots ont déjà tué l’action.

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Journaliste, éditorialiste, essayiste. (ex-Le Figaro, CNews, Causeur)

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