À l’aide d’une centaine de chroniques diffusées sur France Inter, Christophe Bourseiller explique pourquoi notre société ne cesse de l’étonner et de le rendre complètement cinglé.

Ce monde me rend fou, c’est le nom de la chronique que donne Christophe Bourseiller chaque samedi et dimanche, à la fin de la matinale, sur les ondes de France Inter. Il a recueilli celles-ci dans un livre dans lequel « il pose un regard espiègle sur notre époque », selon son éditeur. Bourseiller rendu fou par l’époque ? On est en droit de le comprendre. L’auteur analyse la société, ses écarts, ses lubies, ses emballements, ses tics, ses modes, ses bouleversements inattendus. Ses horreurs aussi.
Tatouages, influenceurs, musées improbables…
Tout y passe : les tatouages (« (…) l’individualisme triomphant »), les musées surprenants (dont celui du Phallus en bocal à Reykjavik, ou celui de la Nourriture dégoûtante en Suède), l’enfer numérique (« On réalise avec effroi que le conte de fées d’hier a tourné au cauchemar vinaigré. »), les influenceurs (« (…) une minorité d’influenceurs (environ 6%) gagnent très bien leur vie, en se vendant aux marques. Mais 94 % galèrent et mentent sur leur quotidien. »), les insultes en politique (« (…) Dominique Strauss-Kahn dit d’Arlette Laguillier en 2004 : « C’est l’union d’un postier et d’une timbrée. »… », et le fait que le lapin soit l’avenir de l’homme (n’en déplaise à Jean-Jacques Goldman : « Un lapin, ça ne sert à rien… » chante-t-il, enfin presque.)
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On rit souvent en lisant cet opus ; on s’insurge parfois. On se régale assez souvent car Christophe Bourseiller sait écrire. « Ce monde me rend fou… Tout est dans le titre et tout est dit », affirme-t-il en préambule. « Depuis cinq ans, j’épingle les travers d’une société de plus en plus éruptive, désarticulée, polarisée, binaire, agressive, hypnotisée par ses lubies, dérivant à la façon d’un rafiot fantôme égaré sur une mer de sacs en plastique. Tel est l’enjeu de ce qui n’est pas une chronique d’humour, mais une chronique d’humeur. Je ne suis en fin de compte qu’un passant témoin de faits divers, ou encore un enfant en proie à la désillusion. Moquer l’époque présente fait-elle de moi un réac ? Je ne crois pas ? Il m’arrive de sombrer dans un certain passéisme, mais ces instants d’égarement sont rares, car, non, rien de rien, je ne regrette rien. »
Pas un réac ? Certainement. Il n’empêche que, comme beaucoup, quand il regarde du côté du passé, il pense souvent que ce n’était pas si mal. C’est un euphémisme que de le dire.
281 pages
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