
« Je dis juste que je ne comprends pas qu’on lise de la romance. Il y a des genres bien plus intéressants à découvrir », déclare un personnage du présent ouvrage. « Chacun lit ce qui lui fait plaisir et on n’a pas à juger les autres. Chacun ses goûts, non ? », lui répond un autre. « La romance est un genre à part entière et beaucoup des classiques que tu adores en font partie, en vérité. » La seconde réponse est pleine de bon sens. La romance est un genre à part entière ; c’est vrai. Et dans ce genre, il y a du bon et du moins bon. Du pertinent, de l’intelligent, et du mièvre parfois.
Le roman de Julien Rampin, C’est pas marqué dans les livres, s’inscrit dans ce courant, sans aucun doute. Et son opus est à la fois intelligent et pertinent. Bien écrit, bien construit, il parvient à tenir le lecteur en haleine. C’est déjà beaucoup.
« (…) aimer à s’en faire péter le cœur. »
L’auteur nous invite à suivre pas à pas les membres d’un club de lecture d’une médiathèque de Toulouse, ville où il a grandi. Il y a là Colette, quittée par son époux après 40 ans de mariage. Elle cherche à briser la solitude qui l’étouffe et finit par rejoindre le fameux club. Il y a aussi Lucie, étudiante repliée sur elle-même que l’on sent mal dans sa peau. A leurs côtés : Sacha, un trentenaire haut de deux mètres, élégant et beau garçon, en couple avec Romuald ; Caroline et Pétronille, collègues de Pauline, bibliothécaire et animatrice du groupe, qui ne cessent de se disputer ; Mme Germaine, vieille dame sous narcoleptique qui s’endort souvent avant la fin des séances.
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Une sacrée équipe hétéroclite. Parviendront-ils à s’entendre, à communiquer, à s’apprécier ? Julien Rampin, non sans talent, entretient le suspens. Au fil des pages, au fil des échanges littéraires, les uns et les autres se confient et se comprennent mieux. Ils fraternisent. Sacha confie que tout n’est pas rose avec Romuald ; Lucie fait savoir, en larmes, que sa sœur s’est suicidée après avoir été harcelée sur les réseaux sociaux ; Mme Germaine avoue qu’elle a fait de la prison…
Vers la fin du roman, Colette s’adresse à l’assemblée en ces termes : « Ecoutez bien ce que je vous dis, les enfants. Les mots d’amour, les gestes tendres, les sourires délicats, ces effusions que l’on croit superflues, il ne faut pas les économiser. Il s’agit de les offrir par poignées, par brassées, que dis-je, par camions. L’amour, ça se dépense sans compter. A une seule personne ou à la multitude. On ne sait jamais quand il sera trop tard. Il faut aimer à s’en faire péter le coeur. »
Ça peut paraître banal, mais c’est si vrai. Vrai comme se roman qui sonne si… vrai.
C’est pas marqué dans les livres, Julien Rampin ; Charleston ; 252 pages

