
On est en droit de reprocher à certains polars de proposer des intrigues abracadabrantes, alambiquées, dans lesquelles on commence par patauger et où l’on finit par se noyer. Ici, ce n’est point le cas. Né en 1963 à Château-Thierry dans le plus beau département le France, l’Aisne, Philippe Robin, responsable de l’édition axonaise Nord du journal L’Union, propose, avec son roman La dernière fable, une histoire à la fois simple et singulière.
De quoi s’agit-il ? L’adjudant-chef Frédéric Bordeaux, spécialiste des enquêtes judiciaires, procède à des investigations à la suite d’un cambriolage – lesté d’une course poursuite – perpétré à Chézy-sur-Marne. L’auteur du casse, un banal fumeur de shit, est bien vite arrêté : Pascal Seclasse, 22 ans, de Charly-sur-Marne, trois cambriolages à son actif. Lors de la perquisition diligentée chez le jeune malfaiteur, Bordeaux découvre une jolie boîte en fer pastel « 1670 – Marquise de Sablée – » qui renferme un vieux manuscrit intitulé La chèvre et le bouc. Seclasse l’a dérobée dans la maison de campagne d’Azy-sur-Marne, de Jean Pastenoble, 70 ans, un vénérable universitaire de haut vol, ex-enseignant à La Sorbonne, spécialiste de Jean de La Fontaine. Une manière de vieux daim antipathique. Tout de suite, l’adjudant-chef se demande s’il ne s’agirait pas d’une fable inconnue du célèbre poète castelthéodoricien ? Sa dernière fable ? Il mènera l’enquête jusqu’à son terme et le lecteur ira de surprise en surprise. Bien joué, Philippe Robin !

« Un homme à fable »
Ce petit livre tout simple, très vif et sans prétention, nous tient en haleine. De plus, il est bien écrit, et l’on sent que son auteur, localier de terrain rompu aux faits divers et aux audiences du Tribunal de grande instance, connaît les rouages des affaires judiciaires. L’ouvrage est également parsemé de bons mots et d’un humour pince sans rire. Quand le major Dansac confie l’enquête à Bordeaux, adorateur de La Fontaine, il lui glisse : « (…) occupez-vous de ce dossier puisque vous êtes un homme à fables ! » Par ailleurs, le procureur, Clothilde Ridoux, ne se sépare jamais de son chat surnommé Dalloz, comme la maison d’édition spécialisée en droit, ce qui fait dire à l’auteur que « la proc’ a toujours rêvé d’avoir un greffier à ses pieds ».
L’auteur nous surprend aussi quand il révèle que la séduisante Apolline Bayard, conservatrice du musée Jean de La Fontaine (Frédéric Bordeaux en est secrètement amoureux) est lesbienne et en couple avec Cécile. « Aussi brune que l’autre est blonde, la jeune femme pose un tendre baiser au coin des lèvres d’Apolline et s’assoit auprès d’elle, en lui prenant la main. » C’est trop mignon ! Champagne, svp, mais du Pannier, un cru du sud de l’Aisne ; délicieux !
La dernière fable, Philippe Robin ; à contresens éditions ; 156 p.
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