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Le sanitarisme, ça n’existe pas!

Êtes-vous sérieux quand vous parlez de "dictature sanitaire"?


Le sanitarisme, ça n’existe pas!
Strasbourg, septembre 2021 © Jean-Francois Badias/AP/SIPA Numéro de reportage : AP22617706_000001

Il y a beaucoup de démagogues parmi ceux qui critiquent la politique sanitaire du gouvernement.


Pour honorer la devise de Causeur « surtout si vous n’êtes pas d’accord », je me risque à dire que je ne suis pas d’accord avec la prolifération, particulièrement à droite, et quelquefois dans ces colonnes, de propos sur le soi-disant « sanitarisme » de notre société française contemporaine. À écouter les contempteurs de la politique de lutte contre le Covid-19, la pandémie nous aurait fait basculer dans une « dictature sanitaire », dictée par une quête obsessionnelle de pureté.

À les entendre encore, les mesures de confinement, d’isolement, de vaccination à grande échelle puis de passe sanitaire, seraient la marque d’un basculement de notre société dans un univers de contrôle et d’emprise sur le peuple qui n’en pourrait plus. Tout cela ponctué des éternels clichés : notre époque ne supporte plus la mort… à quoi bon vivre si c’est juste pour survivre sans liberté…

Asservissement des citoyens ? Ben voyons…

À quoi on peut ajouter la fameuse tarte à la crème « la peur de mourir n’empêche pas de mourir » citée sans vergogne dans un entretien paru dans Causeur avec le sociologue Michel Maffesoli. Le même qui déclare « toutes les tactiques déployées durant cette crise visaient à empêcher les rassemblements, les relations sociales, les rapprochements. Au profit d’un bien commun défini par l’État, de manière abstraite ». On peut supposer que tous ceux qui eurent à souffrir ou à mourir du Covid n’ont pas trouvé ce bien commun si abstrait que cela. Le même sociologue parle « d’asservissement des citoyens » et de « dompter le peuple ». Nul besoin ici de contre-argumenter, Talleyrand dirait que tout ce qui est excessif est insignifiant. À noter qu’à la fin de cet entretien très critique, entre autres, sur la stratégie vaccinale, Maffesoli avoue finalement s’être lui-même fait vacciner… allez comprendre.

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Ce genre de critiques très répandues, avec souvent des propos aussi outranciers que ceux que je viens de rappeler, marque à mon sens un affaissement de la pensée au profit d’un discours convenu, démagogique et déconnecté du présent réel comme du passé.

Réflexes de nantis

Ainsi un autre article récent dans Causeur rapproche de façon tout à fait gratuite « wokisme et sanitarisme ». On y lit par exemple que « l’Occident rétablit des frontières entre les groupes grâce au multiculturalisme, mais aussi entre les individus grâce au sanitarisme ». Le rapprochement entre le wokisme et le « sanitarisme » me paraît tout à fait abusif. N’est-ce pas là que des mots ? Pour ce qui concerne la politique sanitaire, les individus ne se sont jamais vraiment coupés les uns des autres, parfois même au contraire des liens se sont resserrés, particulièrement en famille et avec les amis, même si ce fut pour un temps à distance. Et aujourd’hui, justement grâce à la stratégie vaccinale, plus rien ne s’oppose vraiment à ce que les relations interpersonnelles s’épanouissent de nouveau.

Par ailleurs, en cas d’épidémie, les mesures d’isolement, de confinement, de « quarantaine » dans les lazarets, ont toujours existé depuis que l’homme essaie, à juste titre, de se protéger contre la peste, la lèpre ou le choléra. Cela n’est en rien une politique propre à notre époque et à notre « Occident ». Les mesures d’isolement social temporaire, face au Covid, furent certainement un mal, mais à coup sûr un moindre mal comparé à ce qui se serait passé si on avait laissé faire la contagion.

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Quant à dire que « l’Occident est passé de l’action à la rétention. Il ne veut plus repousser toujours plus ses limites, mais rétablir des anciennes et en créer de nouvelles » c’est une affirmation tout aussi discutable. L’Occident, et particulièrement la France, s’est organisé pour soutenir les citoyens économiquement. L’Occident (et l’Orient aussi) s’est mobilisé très vite et les chercheurs dans les laboratoires n’ont pas compté leurs heures. Leur travail acharné et leur intelligence ont permis la création en un temps record de vaccins efficaces et sûrs. Contrairement à ce qui vient d’être cité, ils se sont montrés capables de repousser toujours plus leurs limites, comme ils le font chaque jour dans tous les labos scientifiques.

Nous vivons dans un monde qui imagine, qui recherche, qui découvre, qui construit chaque jour son avenir avec un savoir faire et une créativité encore jamais égalée, faisant progresser la connaissance de plus en plus vite. Alors dire que « l’Occident ne vit plus, il existe » c’est vraiment regarder les choses par le petit bout de la lorgnette. Et repousser avec dédain l’extraordinaire cadeau de la vaccination, c’est à mon sens un réflexe de nanti, qui se croit à l’abri de tout mal, et qui ne joue pas vraiment sa vie car il sait que cette fameuse société « d’asservissement » fera en réalité tout pour lui sauver la peau en cas de malheur…



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