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Les « décoloniaux » sonnent le gla-gla de deux parfums de glace

En pleine canicule


Les « décoloniaux » sonnent le gla-gla de deux parfums de glace
Image d'illustration Pixabay

Sur la Côte d’Azur, les glaces deviennent le nouveau champ de bataille des militants «décoloniaux». En pleine canicule, ils ont eu raison de deux coupes de glaces


C’est une nouvelle qui va ravir les purificateurs en herbe. Le quotidien Nice-matin rapporte que depuis le weekend dernier Le Poussin Bleu, un fameux glacier de Saint-Raphaël, est la cible de mouchards « décoloniaux » qui appellent au boycott de l’établissement fondé peu après la Libération. En cause, deux glaces baptisées respectivement L’Africaine et Le Chinois. La première est une glace au chocolat dotée d’une épaisse et souriante bouche en pâte d’amande « il est vrai pulpeuse… pour ne pas dire gourmande », s’amusent nos confrères niçois. Reste qu’il faudrait avoir vraiment l’esprit mal tourné pour y voir un quelconque fantasme sexuel de mâle (blanc) libidineux en slip sur les plages de la Côte d’Azur.

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À notre époque, c’est « blessant » selon le Modem

Pour sa part, Le Chinois fronce les sourcils et fait la moue. Il a l’air malade, comme s’il était piqué par quelque mauvais virus asiatique et en plus, tenez-vous bien, c’est un sorbet… au citron ! Il n’en a pas fallu plus pour indigner un internaute dont la plume laisse deviner un solide esprit de purge : « je vous demanderai de bien vouloir boycotter le « Poussin Bleu » à Saint-Raphaël qui sert des desserts sous des noms et des dressages parfaitement racistes », a-t-il ordonné à ses collègues internautes sur les réseaux sociaux.

Dans la foulée, le même fier soldat « décolonial » a saisi Philippe Michel-Kleisbauer, député Modem de la circonscription. Une audace qui s’est révélée payante: « Je comprends très bien que les patrons du « Poussin Bleu » n’ont pas voulu blesser quiconque mais à notre époque, ce genre de chose n’a plus sa place […] parfois, sans le vouloir, on peut être blessant », a abondé le député à l’adresse du préfet Fréderic Potier. Avant d’ajouter tout de même – ce qui est bien la moindre des choses – qu’il « ne partage pas l’idée de boycott ou les propos haineux qui visent les patrons de cet établissement ».

Feu vert pour les néo-épurateurs ou maladresse ?

Le maire ne voit pas le problème

Toujours est-il que les intimidations ont eu raison du glacier raphaëlois.

« Face à cette vindicte populaire pour le moins violente, nous avons préféré retirer deux de nos coupes de glaces », a affirmé à Nice-matin un dénommé Stéphane, copropriétaire du glacier, qui a confié avoir été « menacé ». « Mon grand-père a quitté l’Italie pour fuir le fascisme de Mussolini. À cette époque, les Italiens étaient traités de toutes sortes de noms : ritals, macaronis etc. D’ailleurs, personne n’a jamais débaptisé les pâtes du même nom », a-t-il déclaré. À quoi on pourrait ajouter les cohortes de pizzaïoli à moustache caricaturaux qui ornent moult devantures de pizzerias de l’hexagone. « Sans les colonies d’antan, sans ses migrants, la France ne serait pas, aujourd’hui, enrichie de toutes ses cultures. C’est ce qui fait la beauté de notre pays », a-t-il continué avant de conclure : « Aux conflits, nous préférons la paix, toujours dans le respect de chacun sur cette planète ».

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En attendant le temps des mots doux et des embrassades, les aigreurs des militants décoloniaux n’ont pas coupé l’appétit du maire de Saint-Raphaël Frédéric Masquelier : « Cela fait sept décennies que ces glaces sont au menu ! Moi-même, lorsque j’avais dix ans, je me délectais de cette fameuse glace au chocolat ». Face au lynchage dont est victime ce pauvre glacier, les plus récalcitrants aux glaces pourraient être tentés de faire de même. Voici l’adresse de l’établissement, offrant une belle vue sur la mer.

Le Poussin Bleu, 41 boulevard de la Libération, 83700 Saint-Raphaël.



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Enseignant, auteur du roman "Grossophobie" (Éditions Ovadia, 2022).

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