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Le rastafari: un mouvement d’émancipation parti en fumée?

Des fondements politiques et spirituels réels


Le rastafari: un mouvement d’émancipation parti en fumée?
Peinture murale de Bob Marley à Rome: une incône du rastafari qui traverse les frontières. © Gregorio Borgia/ AP/ SIPA

Mouvement culturel, le rastafari demeure une énigme tant sa concrétisation et les valeurs qu’il véhicule interrogent et surprennent. Éclaircissements sur un phénomène aux apparences folkloriques mais aux fondements spirituels et politiques bien réels et, par-dessus tout, actuels.


Le rastafari est un mouvement mondialement connu, en particulier grâce au reggae et à des artistes comme Bob Marley. Pourtant, derrière les dreadlocks et le cannabis, il y a une véritable foi dont les origines et les implications sont souvent méconnues, y compris de ses propres sympathisants en Occident.

Ce mouvement tire en effet ses origines du XIXe siècle, où l’abolition de l’esclavage aux États-Unis et aux Antilles entraîne l’émancipation des communautés noires, et avec des relectures « africanisantes » de la Bible. Puis de véritables précurseurs adviendront, en particulier Marcus Garvey, parfois appelé le « Moïse noir ». Mais le véritable point de départ se situe en 1930, lorsque l’empereur Haïlé Sélassié est couronné en Éthiopie, le nom du mouvement vient d’ailleurs de son nom « Ras Tafari Makonnen ». Cet évènement répond en effet au slogan, considéré comme une prophétie pour les adeptes du mouvement de Marcus Garvey annonçant « le couronnement d’un roi qui mènera son peuple à la délivrance ».

Des origines bibliques méconnues

Le mouvement puise ses sources dans la Bible, dont le message est réinterprété comme s’adressant spécifiquement aux descendants des esclaves noirs, dont la déportation est assimilée à celle des juifs à Babylone. Hailé Sélassié est ainsi considéré comme descendant de la Reine de Saba, et le Dieu des rastafari, « Jah », est appelé selon une dénomination qui dérive de l’hébreu « Yah », forme courte de « Yahvé ». Même la chevelure fournie des rastas est d’origine biblique, puisqu’elle se fonde sur le vœu de Naziréat, détaillé dans le livre des Nombres [tooltips content=’Nombre 6, 1-21′](1)[/tooltips], consistant à ne se couper ni les cheveux ni la barbe.

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Quoi qu’il en soit, le premier groupe clairement identifié comme rastafari apparaît en 1940 composé d’agriculteurs et dirigé par le prédicateur Leonard Howell. Un tournant se produit lors de la visite de l’empereur Hailé Sélassié en 1966, où les fidèles affluent pour voir l’empereur vénéré, quoiqu’il n’aspirât pas lui-même à ce culte. Ce voyage génère également de nouvelles vocations, puisque c’est à cette occasion que Bob Marley se convertit.

Un idéal qui s’émousse, mais des symboles tenaces

Ce mouvement aura connu un cycle de vie analogue à tant d’autres en vogue pendant les années 1960 et 1970 en Occident, et critiquant son mode de vie, puisqu’il connaît une certaine stagnation à partir des années 1980. Outre le fait qu’il soit « passé de mode », deux figures essentielles du mouvement ont disparu. Tout d’abord, Bob Marley, qui contribuait grandement à sa popularité, est mort en 1981. Mais surtout, quelques années plus tôt, Hailé Sélassié lui-même est mort à la suite de la révolution qui amena au pouvoir un régime communiste – une utopie en évinça une autre.

Le combat pour les droits des noirs vivant sur le continent américain continue alors sous d’autres formes. Les symboles du mouvement rastafari comme la musique reggae, les couleurs du drapeau ou le port des dreadlocks, de même que la consommation de cannabis, ont continué à prospérer, mais en étant souvent vidés de leur contenu idéologique. Aujourd’hui, quelle proportion, parmi les jeunes Occidentaux ayant adopté…

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Officier de la marine marchande. Doctorant en criminologie.

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