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Le Conseil supérieur des programmes doit disparaître


Le Conseil supérieur des programmes doit disparaître
Michel Lussault sur France Inter, 26 septembre 2017

Bien sûr la démission de Michel Lussault, président du Conseil supérieur des programmes, CSP de son petit nom, est une excellente nouvelle. Souhaitons qu’elle soit suivie d’une mise à l’écart dudit CSP en attendant sa dissolution, impossible directement puisqu’institué par la loi de 2013. Loi dite, par antiphrase sans doute, de « refondation » de l’école.

D’abord, il faudrait mettre fin à toutes ces autorités administratives indépendantes. J’ai participé à l’une d’elles. Elles ne sont nullement indépendantes puisque nommées par l’exécutif. Le CSP, lui, est nommé par le ministre de l’Éducation nationale, qui nomme également le président, le vice-président et les dix personnalités estimées qualifiées par ce même ministre, soit douze membres sur les dix-neuf. Mais comme ce conseil est paritaire, 9H + 9F= CSP, la pilule passe bien.

De qui ce Conseil supérieur est-il donc indépendant ? De la représentation nationale, de l’Université bien qu’il s’agisse d’enseignement, et, surtout, de la profession.

Le CSP est le faux-nez du pédagogisme…

Sa mission ? Permettre au ministre de dire : ce n’est pas moi, c’est le CSP. Quant au CSP, il est constitué de façon à pouvoir dire : « Ce n’est pas nous, c’est la science, car nous sommes des experts. » D’où il se confirme, s’il en était besoin, que l’expert n’est jamais là pour approfondir les débats, mais toujours là pour les empêcher. En fait de science, Monsieur le maintenant ex-président Lussault les prend toutes : psychologie cognitive, didactique, sociologie, histoire de l’éducation… sans jamais se demander en quoi elles sont des sciences ni si l’usage qu’on en fait n’est pas idéologique. Car justement, l’idéologie est cette doctrine politique qui réussit à s’imposer par l’autorité des sciences, en ignorant le vrai travail scientifique d’élaboration, de problématisation et, finalement, de doute.

A lire aussi: Ecole: que Michel Lussault soit rassuré, les pédagos sont toujours là…

Le CSP est ainsi, tout simplement, le faux nez du pédagogisme, lequel pédagogisme est « l’idiot utile » qui fait le jeu de la déconstruction nationale. Car le pédagogisme, ne nous y trompons pas, présente un aspect généreux (« les enfants heureux à l’école ») qui peut plaire et ainsi masquer le projet peu vendeur de la dissolution de la nation et de la « diversité culturelle ». Instiller dans l’esprit de tout le monde que la France est un pays peu glorieux qui doit se fondre dans une diversité nouvelle qui lui est pourtant contraire ne peut pas se faire sans passer par l’école. Dans cette déconstruction, les programmes scolaires jouent un rôle essentiel. On n’apprend pas l’histoire pour aimer la France, ça c’était la Troisième République, mais pour la dénoncer. On n’apprend pas la géographie pour connaître la France, Troisième République encore, mais pour en montrer la petitesse. Et ainsi de suite.

…et donc une bombe à retardement

N’enseigner que les pages noires de l’histoire de France, enseigner qu’il n’y a pas vraiment de France, sauf, naturellement, pour les pages noires, voilà la mission propre du CSP et on comprend pourquoi ce Conseil ne peut être ni indépendant ni non plus transparent. Jargonner de façon à ce que les enseignants soient impressionnés et ne résistent pas et surtout de façon à ce que les parents, ne comprenant rien, ne puissent pas aider leurs enfants, etc.

On a utilisé l’école comme une sorte de bombe à retardement : les parents d’aujourd’hui sont issus de cette école et n’ont aucune idée de ce qu’elle était auparavant et pourrait être de nouveau. Beaucoup d’enseignants, et surtout du primaire, sont également issus de cette école et ne connaissent plus le métier. Voilà qui ne facilitera pas la tâche du ministre, s’il veut remettre le système en marche.

Mais tout n’est pas noir et la démission (dont nous le félicitons) de Michel Lussault est comme un rayon de soleil. Et, pour sourire un peu, ne manquons pas de relever qu’il motive sa démission (dont encore une fois, nous le félicitons) par le fait que l’actuel ministre s’est affiché à la « Une de Causeur » (et aussi de Valeurs Actuelles). M. Lussault se montre ici particulièrement clairvoyant : être en « Une » de Causeur, ce n’est pas rien.

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