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Faut-il répondre aux provocations anticatholiques ?


Photo : Kevin Jones.

Depuis le début de cette affaire, je garde présente cette phrase de Monseigneur André Vingt-Trois. Elle me semble exprimer en quelques mots mon sentiment et, je l’espère, la juste attitude :

« On peut dire sa blessure, mais cela ne peut pas devenir un argument de combat »

Oui, cela me blesse que l’Eglise soit la proie des provocations. Cela me blesse de voir hystériser notre religion, de voir notre foi emportée si loin de ce qu’elle est. Loin de la profondeur qui est la sienne, de la charité, de la sollicitude qui l’animent. Si loin du Christ. Si loin de cette recherche de la vérité de l’Homme et du monde, si loin de l’amour pour chacun, si loin de ce qu’elle est, pour la voir instrumentalisée dans une guerre de notoriété.

Cela me blesse de voir les catholiques dépenser temps, énergie et force de conviction pour répondre à des agressions et polémiquer entre eux. Cela me blesse de voir ma foi caricaturée par des artistes au propos sommaire, et par des organisations sectaires.

Mais les attaques actuelles me blessent moins que les ripostes. Les unes comme les autres défigurent tout autant ma foi, mais ceux qui s’en prévalent la trahissent encore davantage.

Je guéris bien vite des attaques. Instantanément, même. C’en est miraculeux. Elles ratent leur cible, elles s’agitent, mais elles ne disent rien de ma foi. Golgota Picnic, d’un anti-catholicisme cette fois revendiqué, est une pantalonnade de mauvaise facture bien impuissante à atteindre le « génie du christianisme ». Tout au plus cette pièce fournit-elle à quelques athées convaincus l’occasion de se congratuler dans un anticatholicisme bouffon. Et le Christ ? Oh, le Christ, sans même rappeler les Evangiles, je l’imagine mal affecté par ces gesticulations creuses.

Oui, quelqu’un a fait entrer la division. Et je ne parierais pas sur Castellucci, ni même sur Garcia. Je fais miennes, parce que c’est mon sentiment depuis l’origine, les analyses du Père Robert Culat et de Guillaume de Prémare. Si, toujours avec Monseigneur Vingt-Trois, il ne s’agit pas d’incriminer ceux qui suivent de bonne foi l’institut Civitas (notamment parce qu’ils n’ont pas trouvé d’autre mode d’action) il est manifeste que ce dernier poursuit un agenda politico-religieux. Cet agenda devrait inquiéter tout chrétien sincère, surtout lorsque l’on a connaissance des complaisances coupables du dirigeant de Civitas, Alain Escada, ancien dirigeant d’une revue dont la justice belge a jugé qu’ « il est avéré [qu’elle] a accueilli des articles pro-nazis » ou « en l’honneur d’antisémites notoires » (texte du jugement).

Civitas emploie ces pièces et une émotion facile à susciter pour se crédibiliser (ainsi que des Lefebvristes qui refusent toujours la pleine communion avec l’Eglise) et se poser en défenseur de la chrétienté voire du Christ. C’est la raison pour laquelle ils ont délibérément exhumé et mis en lumière des pièces ni rares ni originales, qui n’auraient pas franchi le cercle restreint des amateurs d’un certain théâtre contemporain – parmi la population déjà restreinte qui fréquente encore les théâtres.

Alors, il est blessant de se trouver pris en tenailles par ceux qui, d’un côté comme de l’autre, instrumentalisent la foi dans une recherche de notoriété. Ils sont animés des mêmes intentions et, dirais-je, des mêmes démons. Car, comme l’écrivait Fabrice Hadjad, dans La foi des démons :

« Les grandes guerres et les grands désastres procèdent de factions qui se dressent l’une contre l’autre et qui néanmoins se tressent l’une avec l’autre (…) Nous observons ainsi des bêtises antagonistes qui rivalisent, renchérissent, montent aux extrêmes, comme dirait Clausewitz, enfin s’engrènent l’une dans l’autre ainsi que les rouages d’une concasseuse gigantesque et supérieurement intelligente : elle enrôle de pauvres types et les broie de telle sorte qu’accusant toujours une moitié de l’étau, cela relance la moitié de derrière, et c’est reparti pour un tour ! Cette machine à concasser les hommes, le magistère récent l’appelle une « structure de péché ».
S’il n’en tenait qu’à moi, je ne réagirais pas. Puisque le scandale est là, pour sortir de cet engrenage trop connu et offrir à ceux qui ont à coeur de réagir une autre façon de le faire, il est proposé un geste et une veillée de prière le 8 décembre prochain.

Le diocèse de Paris – auquel s’est joint le diocèse de Versailles – propose, le soir de la première de Golgota Picnic, une veillée de prière à Notre-Dame de Paris au cours de laquelle sera proposée une vraie méditation du mystère du Golgotha, de la Passion du Christ.

Auparavant, les padres du Padreblog proposent une action symbolique : passer déposer dans la journée jusqu’à 19h, en silence, une fleur blanche devant le Théâtre du Rond-Point. Cette proposition permet à ceux qui le souhaitent de manifester sereinement et pacifiquement leur désapprobation, sans entrer dans une inutile confrontation. Les fleurs resteront, pour marquer notre présence et notre refus de l’affrontement. L’organisation de la veillée de prière à Notre-Dame permettra, pour sa part, de ne pas travestir la prière en accessoire de manifestation et de se réunir autour du coeur de la foi chrétienne.



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