Les révolutionnaires du climat passent leur temps à tordre les études scientifiques pour les transformer en arguments d’autorité
Fête de L’Humanité, septembre 2025. Camille Étienne participe à une table ronde, intitulée « Reculs environnementaux : comment lutter ? » où elle déclare : « Ce qu’on fait [nous les activistes], c’est uniquement de dire “on écoute la science”, on écoute l’alerte unanime des meilleurs scientifiques mondiaux qui nous disent “nous sommes en train de sortir d’une zone de sûreté pour l’humanité”. » La jeune militante fait alors référence à une étude du Stockholm Resilience Center, publiée en 2009, qui a établi neuf limites planétaires, comme le changement climatique, l’acidification des océans, le cycle de l’azote et du phosphore, ou la perte de biodiversité… Poursuivant sur sa lancée, elle s’exclame : « On en a déjà dépassé six. Cela devrait suffire à créer un soulèvement ! » Voilà donc une étude scientifique transformée en bréviaire de la rébellion. On ne rappellera jamais assez à quel point cette foi placée dans un papier scientifique trahit l’esprit même de la science. D’abord, Camille Étienne oublie qu’une étude scientifique est, par définition, discutable. Celle-ci l’est à plus d’un titre. Pour ne prendre qu’un seul exemple, l’une des « limites » concerne la pollution chimique. Les auteurs de l’étude décrètent qu’elle est franchie dès lors que l’innocuité d’une nouvelle substance synthétique n’a pas été démontrée. Comme ce travail n’a pas été fait pour toutes les substances inventées par les chimistes, ils concluent que la limite est dépassée, depuis longtemps. Mais c’est absurde ! Ce n’est pas parce que cette innocuité n’a pas été formellement démontrée que l’humanité est en danger. Ensuite, même si ce travail était irréprochable, il n’aurait aucune portée prescriptive. La science cherche à dire ce qui est, non ce qu’il faut faire. L’idée qu’une étude scientifique puisse à elle seule justifier un soulèvement populaire – contre quoi, d’ailleurs ? – relève donc du non-sens. Malheureusement, Camille Étienne, qui ne comprend pas grand-chose à la science, s’en sert comme alibi pour ses aspirations révolutionnaires.



