Selon une étude de l’Agence européenne de sécurité des aliments, les conséquences prétendument désastreuses sur la santé des nanoplastiques sont bidons, se réjouit Joseph Tayefeh, Secrétaire général de l’organisme représentant l’industrie du plastique en France. Il appelle à protéger cette industrie qui répond à des exigences de sécurité parmi les plus strictes au monde.
Il y a des vérités qui mettent du temps à percer, surtout lorsqu’elles dérangent les dogmes médiatiques. Depuis des années, ONG et militants écologistes, aidés de leurs relais politiques saturent l’espace public de déclarations anxiogènes sur les microplastiques et les nanoplastiques, ces poussières invisibles accusées de tout polluer et d’empoisonner nos corps et nos enfants. Car la stratégie a changé et nos chers et coûteux militants ont de l’imagination : n’ayant pas réussi à inverser la courbe de la consommation de produits en plastique par des images chocs de mammifères marins en souffrance à l’autre bout du monde, c’est désormais par la peur de ce qu’on ne voit pas, qu’ils ont essayé de nous tromper.
Tempête émotionnelle
Face à cette tempête émotionnelle, Plastalliance, qui représente l’industrie française de la plasturgie et du composite, s’est retrouvée seule à rappeler une évidence scientifique : aucune étude sérieuse n’a jamais démontré le moindre risque concret pour la santé humaine dans des conditions normales d’exposition ou d’utilisation des microplastiques ou des plastiques fabriqués en France ou dans l’Union européenne.
Chaque fois que certains médias plus courageux se penchaient sur le sujet, ils constataient la même chose : les études brandies comme des preuves sont truffées de biais, d’erreurs méthodologiques et de limites si profondes qu’elles rendent leurs conclusions tout simplement non recevables.
Que n’ai-je pas entendu personnellement en tant que Secrétaire général ou essayiste ! J’étais, paraît-il, un « lobbyste fabricant de doute », un adepte du « science bashing », alors que je ne faisais que lire, rigoureusement, ces études qui, pour certaines, reconnaissaient honnêtement leurs propres limites. Mais peu importe : une grande partie de la presse préférait y voir ce qu’elle voulait trouver. Des titres chocs : des micro et nanoplastiques dans le cerveau, le cœur, les artères, les organes génitaux ! Le message était clair : femmes enceintes, enfants, vous êtes envahis par le plastique qui aura votre peau en la traversant.
« La force de la vérité est qu’elle dure », dit le proverbe
Et voilà que l’Agence européenne de sécurité des aliments (EFSA) remet les pendules à l’heure avec une étude fracassante publiée le 21 octobre : la plupart des études relayées entre 2015 et 2025 présentent des erreurs méthodologiques majeures et ne démontrent pas grand-chose. Plus précisément, ce sont 1 711 publications, dont 122 ont été sélectionnées pour l’extraction de données qui ont été passées en revue. Huit publications supplémentaires ont été ajoutées afin d’apporter davantage de contexte.
Selon l’EFSA : « La plupart des études concernent les microplastiques, tandis que les données sur les nanoplastiques sont presque totalement absentes ». Malgré cette absence de données fiables, nombreux et nombreuses ont été ceux qui ont affirmé avec aplomb en France que ces « nanoplastiques » avaient de prétendues conséquences sur la santé. Le génie français sans doute.
Des biais partout, de la rigueur nulle part
L’EFSA constate que la majorité des études sur les microplastiques reposent sur des méthodes défaillantes, produisant des résultats exagérés et souvent inexacts. Elle conclut que les rares libérations observées proviennent d’usures mécaniques mineures, frottement des bouchons, abrasion ou fibres. « Malgré les incertitudes, la libération réelle est bien inférieure aux résultats présentés dans de nombreuses publications. » Pas de diffusion magique ni de plastique qui fond dans l’aliment, mais des phénomènes physiques connus, marginaux, et sans lien avec une contamination alimentaire significative.
Dans le fond, ce que cette conclusion met à nu, c’est une économie du soupçon : un monde où l’on publie avant de vérifier, et où l’on accuse avant de prouver. La mécanique est bien rodée : l’étude devient un prétexte, la peur le vecteur, et la science, un simple décor pour un récit politique déjà écrit : l’interdiction, la réduction, la décroissance.
Un rappel salutaire sur les additifs chimiques utilisés en Europe
En France, certains politiques, je pense notamment au député Modem Philippe Bolo, mais il est loin d’être le seul, des militants et quelques experts autoproclamés du plastique répètent à l’envi que les additifs chimiques contenus dans les emballages plastiques seraient dangereux pour la santé. Or, l’EFSA rappelle clairement dans son étude que les additifs plastiques sont strictement encadrés en Europe : ils ne peuvent être utilisés qu’après évaluation scientifique de l’EFSA elle-même.
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Autrement dit : dans l’Union européenne, rien n’est laissé au hasard. Cette surrèglementation honnie par certains est aujourd’hui notre planche de salut. Si mes détracteurs persistent à douter, qu’ils aillent donc prêcher leur propagande dans des régions du monde où la réglementation est inexistante. Ce qui est produit sur notre sol répond à des exigences de sécurité parmi les plus strictes au monde. Un plastique français n’a rien à voir avec un plastique produit en Chine. C’est un peu comme comparer un poulet de Loué à de la volaille industrielle.
Ainsi, les 10 dernières années d’études sur les micro et nanoplastiques n’ont pas servi la science mais sa décrédibilisation au vu de l’usage médiatique et politique qui en a été fait. Car le grand danger est là : la perte de confiance du citoyen dans les études scientifiques.
Une leçon pour les politiques publiques
Cette étude de l’EFSA, validée par les plus hauts experts européens, indépendants de l’industrie et des ONG, rétablit une vérité simple : la panique des microplastiques est avant tout une construction idéologique. Elle fabrique du récit là où il faudrait du discernement, de la morale là où il faudrait de la méthode. L’affaire des microplastiques ou plutôt le « microplastique gate » n’est que l’illustration d’un dérèglement plus profond : celui d’une France qui se délecte de s’autoflageller pendant que le reste de l’Europe et les continents concurrents avec les États-Unis, l’Inde ou la Chine, investissent dans le plastique.
La France se perd lorsqu’elle croit qu’elle sauvera la planète en se privant elle-même d’industrie. Elle s’affirme, au contraire, lorsqu’elle défend sa souveraineté technologique, sa science, son économie réelle. Entre les prophètes du déclin et les ingénieurs du progrès, il faudra choisir. La vérité scientifique, si souvent méprisée, est peut-être aujourd’hui notre dernière frontière, celle qui distingue la civilisation de la croyance.
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