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Un Tour formidable!

Tour de France, cher pays de notre enfance


Un Tour formidable!
Le Français Julian Alaphilippe et le Colombien Egan Bernal (avec le maillot jaune), entre Albertville et Val Thorens, hier © JEFF PACHOUD / AFP

Récit passionné du Tour 2019 dont la boucle se termine ce dimanche.


Ces trois semaines d’épreuve ont été incroyables, les coureurs, les directions sportives, les suiveurs, les spectateurs ont vécu un Tour de France passionnant et plein de suspense. Une épreuve où le panache, l’honneur, la gloire, la rage, la douleur, la sueur et les larmes, la souffrance, la tristesse et la joie, l’intensité sportive et la tension dramatique ont régné par la grâce de coureurs audacieux et courageux.

Cela a commencé dès la première étape avec le sprint magistral du néerlandais Mike Teunissen battant sur le fil le slovaque Peter Sagan (Bora-Hansgrohe) et l’australien Caleb Ewan (Lotto Soudal), deux maîtres en la matière, et endossant le maillot jaune puis par la victoire de l’équipe Jumbo-Visma sur le team Ineos dans le contre-la-montre par équipes où les formations respectives de Julian Alaphilippe (Deceuninck-Quick-Step) et Thibaut Pinot (Groupama/FDJ) ne perdent que très peu de temps. 

Nos tricolores ont brillé

Puis le feu d’artifice français débute avec la splendide victoire de Julian Alaphilippe dans la troisième étape à Epernay. Attaquant dans la côte de Mutigny (900 m à 12 %), il lâche tous ses adversaires et conquiert la tunique d’or. Renversement de situation au sommet de la très attendue sixième étape, celle de la désormais mythique Planche-des-Belles-Filles où dans la poussière s’élevant de la route, Julian Alaphilippe est déshabillé pour 6 secondes de son paletot. Rescapés de l’échappée matinale, le Belge Dylan Teuns remporte l’étape devant le jeune l’Italien Giulio Ciccone qui devient le nouveau leader du Tour.

Le samedi 13 juillet dans la huitième étape, les Français Julian Alaphilippe et Thibaut Pinot embrasent le Tour de France. La victoire d’étape pour De Gendt, le maillot jaune pour Alaphilippe et de précieuses secondes prises à ses rivaux par Pinot. Nous avons vécu ce jour une étape exceptionnelle: les difficultés s’accumulaient sur la route entre Mâcon et Saint-Étienne. Le parcours comportait 200 km et 3800 mètres de dénivelé dont sept cols et côtes redoutables: col de la Croix Montmain, col de la Croix Paquet, col de la Croix Thel, côte d’Avoux, côte de la Croix Part, côte d’Aveize, côte de la Jaillère, un véritable chemin de croix ! Dès le kilomètre zéro, quatre hommes robustes et vaillants se dressent sur les pédales et prennent jusqu’à quatre minutes d’avance, l’Américain Ben King (Dimension Data), le Belge Thomas De Gendt (Lotto-Soudal), le Néerlandais Niki Terpstra (Total-Direct Energie) et l’italien Allessandro De Marchi (CCC). Dans la côte de la Jaillère, à quelques encablures de l’arrivée, c’est le feu d’artifice avant l’heure, le drapeau français flotte haut et claque au vent. Julian Alaphilippe jaillit du peloton suivi par Thibaut Pinot. Les deux hommes se relaient avalant la bosse et dévalant la descente. Nous retrouvions le cyclisme à l’ancienne. Thomas De Gendt, héroïque, résistant au mal, solide comme un roc continue de rouler à fond et remporte l’étape devançant Pinot et Alaphilippe de 6 secondes. Julian Alaphilippe reprend le maillot jaune et Thibaut Pinot prend du temps à tous ses adversaires. 

Une course pleine de surprises

Puis c’est le coup de Trafalgar sur la dixième étape du Tour de France: bordures sévères, splendide victoire de l’épatant Wout Van Aert et gros coup dur pour Thibaut Pinot. On pouvait penser que cette étape se déroulerait sur un scénario classique d’étape réservée aux sprinteurs: une échappée matinale et le peloton fondant sur eux dans les derniers kilomètres. Mais le cours des choses ne se déroule pas comme prévu. Il y a bien six hommes en fuite dès les premiers kilomètres de la course mais le peloton les garde à portée de fusil (pas plus de 2 min 30’ d’avance). La fin de course devient de plus en plus nerveuse et soudain tout bascule à 35 km de l’arrivée lorsque l’équipe Deceuninck-Quick Step du maillot jaune Julian Alaphilippe initie une bordure qui fait éclater le peloton en trois groupes. De nombreux leaders sont piégés dont Thibaut Pinot (Groupama-FDJ) relégué dans un groupe au côté de Jakob Fuglsang (Astana), Rigoberto Uran (EF Éducation First), Richie Porte (Trek-Segafredo) ou encore Mikel Landa (Movistar). Le peloton d’une quarantaine d’unités rejoint très vite les fuyards et au sprint Wout Van Aert (Jumbo-Visma) crée la surprise en battant les sprinteurs présents: Viviani, Ewan, Matthews, Colbrelli, Sagan… Thibaut Pinot perd 1 mn 40’ sur tous ces coureurs, une perte sèche et une grande déception! Il avait couru à la perfection durant la première semaine. 

Mais le Tour est loin d’être fini. Nous assistons le vendredi 20 juillet à la victoire phénoménale de Alaphilippe vêtu du maillot jaune dans le contre-la-montre individuel de Pau, puis le lendemain c’est LE jour de la France : flamboyants et plein de panache Alaphilippe, Pinot, Barguil, Gesbert, Gaudu font de la quatorzième étape un festival national. Thibaut Pinot (Groupama FDJ), vainqueur flamboyant domine tous les favoris grâce à son audace et au travail exemplaire accompli par son jeune équipier David Gaudu, Alaphilippe termine second et conforte son maillot jaune. Le lendemain, rebelote au sommet du Prat d’Albis, outre la belle victoire de l’impeccable coureur britannique Simon Yates (Mitchelton-Scott) déjà vainqueur à Bagnères-de-Bigorre, Thibaut Pinot remet du cœur à l’ouvrage et finit deuxième de l’étape. Dans la dernière montée, le leader de la Groupama-FDJ lâche tous ses adversaires. Seuls Egan Bernal (Ineos) et Emanuel Buchmann (Bora-Hansgrohe) essayent de le suivre dans son ascension fulgurante. Geraint Thomas (Ineos) et Steven Kruijswijk (Jumbo-Visma) sont distancés. À la veille du jour de repos, Julian Alaphilippe, 11ème de l’étape, craque dans les derniers lacets mais réussi à sauver sa tunique d’or de leader dans l’étape reine des Pyrénées. 

La compétition s’achève sur une tension dramatique !

Le jeudi 25 juillet fût le jour des Colombiens: Quintana et Bernal. Victoire en solitaire de Nairo Quintana (Movistar) parti dans l’échappée matinale. Il triomphe devant le Français Romain Bardet (AG2R La Mondiale) qui s’empare du maillot à pois (meilleur grimpeur). Dans les derniers kilomètres du Galibier, Egan Bernal attaque et prend 32 secondes à tous les leaders et se retrouve second au général derrière l’épatant Julian Alaphilippe qui a lâché du terrain à ses rivaux dans les derniers hectomètres du Galibier mais revient sur eux grâce à une descente fantastique. Thibaut Pinot est un peu juste contre l’attaque de Geraint Thomas dans le dernier kilomètre du col Galibier.

Après la joie, la fougue, le panache, le fol espoir de voir un Français gagner le Tour de France viennent les douleurs, la sueur et les larmes. Le vendredi 26 juillet est jour de souffrance et de tristesse pour les Français dans la dix-neuvième étape entre Saint-Jean-de-Maurienne et Tignes. Thibaut Pinot doit abandonner à 15h01 au kilomètre 36 souffrant d’une déchirure musculaire au vaste interne. Il souffre le martyre, les larmes ruissellent sur son visage et sur ceux des spectateurs qui l’encouragent. Épaulé par William Bonnet, son fidèle capitaine de route, il met pied à terre et monte dans la voiture de son directeur sportif. Le reste de l’étape est incroyable. Les Ineos mènent un train d’enfer, façon rouleau compresseur comme ils savent si bien le faire afin de préparer l’attaque tranchante du jeune prodige colombien Egan Bernal à 16h24 dans les derniers kilomètres du terrible col de l’Iseran (2770m d’altitude). Puis Geraint Thomas, Steven Kruijswijk et Emanuel Buchmann rejoints par Mikel Landa (Movistar) accélèrent et notre héroïque Julian Alaphilippe cède. À 16h36 son beau maillot jaune est perdu, il a 2 minutes de retard sur le Colombien au sommet du col et entame une descente à tombeau ouvert pour rattraper les quatre coureurs qui le précédent de 1 minute. Puis, à 16h45 tout bascule et la course est arrêtée. Un violent orage de grêle vient de transformer la route de la vallée en patinoire glacée et ruisselante! La course est neutralisée et les temps comptant pour le classement général sont enregistrés au sommet du col d’Iserand. Egan Bernal endosse le maillot jaune précédant Alaphilippe de 48 secondes et Thomas de 1 mn 16’. Une journée de folie et de tension dramatique s’achève! 

Le Colombien Egan Bernal (22 ans) devrait être sacré ce dimanche

En ce samedi 27 juillet, à la veille de la parade sur les Champs- Élysées, Vincenzo Nibali (Barhain-Merida) continue de prouver qu’il est un immense champion. De la race de ceux qui ne s’avouent jamais vaincus ! Vainqueur des trois grands tours, la Vuelta en Espagne en 2010, le Giro en Italie en 2013 et le Tour de France en 2014, des Tours de Lombardie 2015 et 2017… Il est venu sur ce tour physiquement entamé par un Giro 2019 difficile qu’il a terminé second derrière l’équatorien Richard Carapaz. Aujourd’hui, il s’impose avec panache et courage à Val Thorens. Julian Alaphilippe – qui aura vraiment tout donné – cède sous les coups de boutoir du rouleau compresseur de l’équipe Jumbo Visma qui place Steven Kruijswijk à la troisième place sur le podium derrière Egan Bernal et Geraint Thomas, Emanuel Buchmann termine quatrième (deux belles places pour des coureurs qui n’ont jamais attaqué et se se contentent de suivre les meilleurs). Alaphilippe est cinquième au général et Romain Bardet remporte le classement du meilleur grimpeur.

Quel champion que ce jeune Colombien de 22 ans Egan Bernal promis très vraisemblablement à un avenir radieux sur les routes de France ces prochaines années! Quant à nous, spectateurs et téléspectateurs, nous nous devons de dire mille fois merci et bravo à nos deux champions et héros français Thibaut Pinot et Julian Alaphilippe et à l’Italien Vincenzo Nibali ! Des combattants plein de panache, des immenses champions qui nous ont fait vibrer et nous ont permis de voir le plus beau Tour de France depuis des lustres, celui de l’audace et des attaquants, le plus beau sans aucun doute depuis celui gagné pour 8 secondes par Greg Lemond devant Laurent Fignon en 1989. Vive le Tour de France! Vive notre douce France, ce cher pays de notre enfance!



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est directeur de cinéma.

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