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Les bourgeois à la lanterne!

Tribune de Sophie de Menthon, fière d'être bourgeoise


Les bourgeois à la lanterne!
Sophie de Menthon © IBO/SIPA

Se faire traiter de bourgeoise – ne nous le cachons pas – aujourd’hui est une insulte, j’en sais quelque chose ! Sachant qu’il faut distinguer la bourgeoise du bourgeois, dans les réseaux sociaux on a tout dit lorsqu’on vous a qualifiée comme telle. Cela veut dire que vous êtes une femme ringarde, méprisante, réac, coinços, forcement contre les LGBT, de droite, contre le progrès social, vous êtes « pétée de tune » et la bourgeoise a un fief, c’est une « versaillaise » !


Les « sales bourgeois » n’ont rien compris au wokisme qui rétablit enfin la justice sociétale, l’égalité sexuelle (reste à savoir laquelle), ethnique, artistique au détriment du beau car le beau c’est bourgeois…

Or, il se trouve que la bourgeoisie est à peu près la seule classe sociale qui perdure paisiblement depuis la Révolution et qui transmet le goût du travail, pour cela accusée de vouloir occuper « le haut du pavé », c’est-à-dire d’avoir une position sociale élevée : elle a manifesté des ambitions professionnelles et sociales y compris pour ses enfants. D’ailleurs si vous êtes chef d’entreprise vous êtes forcément un bourgeois ou une bourgeoise, forcément coupable.

La nouvelle bourgeoisie est accessible à tous, commerçants qui se développent, les professions de santé, professions libérales, auto entrepreneurs, travailleurs de toutes sortes qui veulent monter en grade avec comme perspective une ascension pour leur famille… bref sont bourgeois les Français qui ont de l’ambition, et une certaine idée de la France et d’eux-mêmes ; ils ont des traditions et en sont fiers. La bourgeoisie laisse les portes grandes ouvertes et voit entrer les nouveaux accédants avec plaisir à condition qu’ils en aient envie ! Etre bourgeois, c’est un état de d’esprit et une forme de colonne vertébrale. Les « nouveaux riches » sont les bienvenus, symbole de la création de richesses. Les start-uppeurs étant les nouveaux riches du patronat.

Les aristos eux ne sont plus la cible des coupeurs de tête, ils ne sont plus menacés de passer à la lanterne. Merci Stéphane Bern ! grâce auquel entre autres, on reconnait les mérites des efforts de conservation de notre patrimoine, le château n’est plus l’objet du courroux populaire et on commence à bien intégrer que certes, les aristocrates ont un patrimoine qu’on peut leur envier, mais que ce sont devenus des entrepreneurs de leur bien. Hériter d’un château a un coût, c’est une charge et même un devoir familial. Bref, l’aristo n’attire pas les foudres Mélenchonistes ; la cible, c’est le bourgeois, qu’on de le dise.

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C’est la bourgeoisie qui incarne tous les défauts pour cette minorité aboyante qui estime que la décadence est une formidable émancipation. Un mélange de relents communistes assortis d’une liberté sexuelle absolue… jusqu’à abolir les sexes : « j’ai droit au sexe que je veux ». La bourgeoisie en général refuse de fabriquer des enfants en usines corporelles (ce qui lui est beaucoup reproché), soutient les représentants de l’ordre qualifiés de fascistes, apprécie un certain code vestimentaire face à des nouveaux barbares qui scandent volontiers « les cravates au feu, les bourgeois au milieu ! », face à un autre refrain: « venez comme vous êtes ». La bourgeoisie défend un art de vivre et de bien se tenir.

La bourgeoise, elle, persiste à tenter d’élever ses ados de façon à ce qu’ils disent « bonjour madame », « merci monsieur », « au revoir mademoiselle »… Vous savez, ces appellations discriminantes dont l’administration française au nom du bien commun (?) a supprimé l’utilisation dans tous les documents administratifs, youpi ! La bourgeoisie réclame un enseignement scolaire qui ne renie pas les classiques, pire elle trouve que le service militaire avait du bon et apprécie que les scouts de France soit une aide à l’éducation qu’elle souhaite donner aux enfants, (scouts très appréciés d’ailleurs dans les banlieues).

Tout cela serait honteux, bien sûr, parce que de droite, toute la bourgeoisie frôlerait-elle l’extrême droite ?! Être qualifiée de « bourgeoise » est particulièrement insultant dans la bouche des féministes car les caractéristiques de la bourgeoise, dans un temps que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaitre, contribuaient – c’est bien connu – à une inégalité féminine flagrante ; la bourgeoise aime se réserver certaines tâches, elle veille à l’ordre, elle transmet à ses filles et à ses fils certains comportements fruits d’un héritage sociétal, des traditions familiales et des valeurs comme le travail, le respect d’autrui, la courtoisie, la galanterie (beurk !). Elle a même inventé la cuisine bourgeoise ; elle insiste pour qu’on se tienne bien à table et trouve inadmissible que dans les cantines on laisse les enfants se vautrer sur leurs assiettes soi-disant pour qu’ils se détendent sans contraintes. Elle trouvait que ce n’était pas mal que son homme ne soit pas exactement le double de ce qu’elle est… et frémit à l’idée que l’on veuille déconstruire son homme ! (Sans d’ailleurs bien comprendre en quoi cela consiste ?). La bourgeoise empêcherait les femmes qui le valent bien de se voiler par exemple, alors que c’est leur droit… la bourgeoise la plus coupable est celle à qui on demande « Et qu’est-ce que vous faites dans la vie ? » et qui répond, honteuse, « Euh, rien… j’élève mes enfants ». En fait, on ne peut rester à la maison… que si on est voilée ?

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Or cette catin tradi, cette bourgeoise que l’on tacle, exerce un rôle fondamental, y compris dans les entreprises où elle travaille et fait passer un savoir être, autrefois dit un savoir-vivre, socle d’une société respectable. Les valeurs de la bourgeoisie moquées et attaquées sont les valeurs d’une France qui peut se définir par son désir de réussite, d’une certaine culture, d’un enrichissement individuel et collectif (on n’aime pas les riches mais on veut le devenir). Et bienvenue à tous ceux de partout et d’ailleurs qui sont d’accord avec ça. Le bourgeois ne se veut plus gentilhomme en singeant les autres, il veut être accepté tel qu’il est et reconnu pour ce qu’il fait ; il ne se retrouve plus dans un pays qui refuse tous ces repères jugés « discriminants ».

Se faire traiter de sale bourgeoise à cause de ses opinions est insupportable et insultant après avoir été qualifiée de « bonne bourgeoise » de « petite bourgeoise » ou de « grande bourgeoise », alors que les hommes souriaient en disant : « Je vais demander à ma bourgeoise ». La bourgeoise incarne tout un monde que l’on rejette et non sans risques.

Le phénomène s’accompagne d’un refus du « bon sens » considéré comme critiquable car il serait de droite selon Bourdieu ! Le sens commun serait donc populiste dans le mauvais sens du terme quand il s’étonne parfois de décisions politiques ou judiciaires qui vont contre la compréhension des citoyens, comme le refus de renvoyer dans son pays un imam aux prêches islamistes. Citons à ce propos J.P Mignard sur Twitter, avocat, docteur en droit, professeur à Panthéon Sorbonne Paris 1, enseignant à Sciences Po me répondant par un twitt explicite: « La bourgeoisie conservatrice n’aime les juges que lorsqu’ils condamnent les gens du peuple, les gens de rien. Elle voudrait remplacer le droit administratif ou le droit pénal par le sens commun ». Nos étudiants à Sciences Po sont ainsi bien prévenus! Faut-il s’en réjouir?

Seule solution: assumons fermement, tous bourgeois et fiers de l’être…

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Chef d'entreprise, présidente du mouvement ETHIC.

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