Les vagues de criminalité dont souffre la France sont bien la conséquence d’un choc des cultures qui caractérise les banlieues de différentes villes de l’Hexagone.
Les attaques au couteau se multiplient comme la manne dans le désert français : à Bordeaux, 31 sont comptabilisées pour ce seul mois de juin. Triste exemple par sa banalité, d’une délinquance qui dans son honorable souci d’égalité n’épargne aucune de nos métropoles françaises. La préfecture indique une moitié de mineurs sur la totalité des incriminés, ou des jeunes majeurs venus clandestinement du Maroc ou d’Algérie sans leur famille. Ils multiplient vols et cambriolages, hostiles à toute intégration dans des familles d’accueil. Sans papiers, se prétendre mineurs leur permet d’échapper à l’expulsion ou à la prison : l’enfant roi barbu jouit de son impunité diplomatique. Le pays du lait, du miel et de la CAF leur semble un terrain de jeu : pillons Canaan, sa fin des temps est proche. Dernier exemple en date de privatisation du terrain national, dans la nuit du 1er août, le commissariat de Vitry-sur-Seine s’est vu attaqué par des cocktails Molotov et une pluie de mortiers.
Dans l’état de nature, chacun s’octroie le droit régalien de tuer ou voler son voisin. Lequel pouvant s’avérer d’aussi piètre humeur que moi, il faut nous protéger l’un de l’autre en renonçant réciproquement au pur exercice de nos biceps. D’où la nécessité et l’émergence d’un ordre politique, carotte et bâton de ma survie garantie : l’État détient par sa police l’exclusivité de la force et assure ainsi la sécurité collective. Mais autres temps, les autres meurent. Hier carotte, aujourd’hui carotté : à défaut d’avoir le monopole du cœur, l’État semble n’avoir même plus celui de la violence légitime.
Pourquoi donc, et qui s’empare de cette dernière ? La sociologie incrimine une paupérisation criminogène des banlieues et leur ghettoïsation ethnique. Jean Valjean vole du pain pour survivre, et Robin des bois fait ruisseler le gain sur la smala. Qui se voit contrainte par son dénuement à un entre-soi identitaire et géographique, facteur de violences. Mais d’une part, les quartiers ouvriers de Français dits de souche n’ont souvent pas, loin s’en faut, provoqué de tels remous. Lesquels d’autre part ne semblent pas non plus provoqués par la ghettoïsation à Paris d’un certain 13e arrondissement chinois.
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À moins que répondre au « pourquoi » des délits ne nécessite de répondre d’abord au « qui ». Sans exclure les facteurs sociologiques, ne pourrait-on pas les compléter par une causalité ethnique ? Oui, ostracisation et pauvreté incitent à la violence. Non, elles ne la suscitent pas inévitablement. Pourquoi donc le Français ou l’immigré chinois prolétaires en sont bien plus rarement la source ? La question mérite le courage d’être posée, et ce en dépit des cris d’orfraie de notre camp du Bien médiatique. Vierge effarouchée par le Réel, et qui ne le saurait voir. Le Service statistique ministériel de la sécurité intérieure (SSMSI) publiait en effet le 17 décembre 2020 un rapport sur « les vols et violences dans les réseaux de transports en commun en 2019 ». Bilan :« la majorité (87 %) des mis en cause impliqués dans des vols ou des violences dans les transports en commun sont des hommes, plus de quatre sur dix sont identifiés comme mineurs et plus de la moitié seraient de nationalité étrangère ». Ostracisation identitaire, nous dit La Palice. Mais c’est un peu court, car on pourrait dire bien des choses en somme, réplique Cyrano à vue de nez. Quid de la nationalité particulière des étrangers incriminés ? Exemple tiré du même rapport : 59% des vols ou violences dans les transports en commun d’Île-de-France en 2019 ont été commis par des individus d’origine africaine (dont 47%, d’origine maghrébine), contre 4% de nationalité asiatique, et 25% de Français. La population issue de l’immigration compte plus de délinquants que la population globale : les données recueillies en 2020 auprès des services des ministères de l’Intérieur et de la Justice montrent que les étrangers représentaient 24% de la population carcérale en 2020, alors qu’ils représentent 7,4% de la population en France. Et parmi ces détenus, 54% sont d’origine africaine pour 33% de nationalité européenne. En juin 2021, sur 31% des étrangers mis en cause pour des vols violents sans arme, 25% possédaient la nationalité d’un pays africain.
Mais désireux de sauver les meubles du Bien, notre maison brûle et nous regardons ailleurs. Pourquoi, par exemple, la délinquance maghrébine est surreprésentée par rapport à celle des immigrés asiatiques ?
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Un confucianisme bimillénaire marque l’Empire du Milieu : rites, bienveillance, maîtrise de soi, culte des ancêtres et primat du tout sur la partie en sont les invariants. L’État est désigné par le mot « guo jia », adjonction de « jia » désignant la famille et « guo », le pays. Les rapports sociaux reflètent ainsi les relations familiales : or celles-ci sont fondées sur l’absolue obéissance de l’enfant aux parents. Gérontocratie familiale et prévalence du positionnement social diluent ainsi l’individu dans le tout, lequel lui accorde en retour valeur et identité. L’éducation de l’enfant vise sa réussite sociale pour assurer le futur soutien matériel apporté aux parents, et le prestige social de son identité entièrement dépendante du regard d’autrui, donc du tout. Par ailleurs, la gestuelle rigoureuse des rites apprend la bienveillance et la soumission à l’autorité en jugulant l’anarchie des pulsions égoïstes.
Si l’anthropologie confucéenne de bien des immigrés asiatiques les incline à la soumission holiste au tout familial comme social (donc français), cela ne semble pas le cas de la culture musulmane des immigrés maghrébins. Islam signifie « soumission aux ordres de Dieu », lequel par son prophète ordonne de « combatt(re) ceux qui ne croient ni en Allah ni au Jour dernier » (Sourate IX, verset 29). L’altérité doit être niée, si elle demeure telle en ne se soumettant pas à Allah. Lévi-Strauss montre dans Tristes tropiques comment l’infidèle représente pour la culture musulmane le rappel de la propre contingence de celle-ci et constitue ainsi une dangereuse passerelle vers le doute. Toute assimilation ou intégration du musulman à une culture se revendiquant d’une autre religion semble ainsi structurellement contradictoire avec l’essence même de sa croyance. A moins qu’il dilue cette dernière dans son occidentalisation lénifiante. Les Pangloss de Bien allégueront d’autres passages coraniques à l’aménité plus flagrante. C’est oublier l’abrogation des versets prônant la tolérance par ceux dits de «l’Epée». Quid de la délinquance des immigrés maghrébins ? Ils sont aussi peu musulmans que le matérialisme ambiant devenu leur, pourrait-on dire. Leur paupérisation ferme le paquet dont ils veulent les bonbons. Qu’à cela ne tienne. Ils pilleront la Terre promise du lait, du miel et de la CAF. Retour du sociologique et du Refoulé. Mais celui-ci interdit le réductionnisme de celui-là. Refuser l’altérité et ses lois, privatiser le territoire national pour son bon plaisir, tel semble le retour du Refoulé de l’ « Islam ». C’est-à-dire Soumission. De ceux dont la culture diverge de la nôtre, celle-là même dont on ne retient que le mépris des lois qui n’en relèvent pas. Le beurre, l’argent du beurre et les bonnes grâces de la crémière : piquer le bonbon, et la gloire de soumettre les infidèles. Que demander de plus, si ce n’est qu’ils nous plaignent ? Mais cela, nous l’avons déjà.