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L’école fourre-tout sociétal!

Nos politiques ont la bonne idée de résoudre tous les problèmes de la société en se déchargeant sur l’école...


L’école fourre-tout sociétal!
Sophie de Menthon, le 17/10/2013/ PHOTO: REVELLI-BEAUMONT/SIPA/SIPA / 00667589_000015

L’école est un secteur en souffrance. Au lieu de revenir aux bases que sont les enseignements généraux et l’apprentissage, nos politiques s’égarent…


En principe, l’école sert d’abord à apprendre à lire et à écrire. C’est du moins ce que tous les politiques nous expliquent. Ils sont bien un peu gênés de constater que l’objectif n’est pas atteint et le déplorent, alors qu’ils ont pourtant tout fait pour en arriver là. Or, même si ce minima en matière de réussite scolaire n’est pas atteint, on attribue force missions nouvelles à l’école, au lieu de se recentrer sur les basiques.

Pourquoi ? Parce que nos politiques ont la bonne idée de résoudre tous les problèmes de la société en se déchargeant sur l’école. On confie donc de plus en plus, tout et n’importe quoi, aux malheureux enseignants qui sont débordés sur tous les fronts ! Tout cela libère les parents d’une éducation dont ils ont peur tant ils sont terrifiés par la menace d’être comparés à la façon dont sont traités « les autres » : leurs copains qui, eux, ont le dernier portable, qui, eux, peuvent passer leur soirée sur un écran, qui, eux, peuvent sortir le soir, qui eux ne se font pas embêter à la maison etc. Cela permet aussi de laisser les profs répondre aux questions dérangeantes à leur place. Or la capacité à aborder des questions essentielles en famille devrait être la base de l’éducation parentale.

Fuyez les salles de classe !

Bien sûr, s’il s’agit d’envoyer les écoliers découvrir l’entreprise, on est content, quelle que soit la classe. Tout cela est parfait… mais la réalité c’est de savoir s’ils auront suffisamment appris de l’entreprise pour l’expliquer à leurs professeurs ? Car c’est aux enseignants qu’il faut offrir des stages de 3 jours en entreprise ! Les patrons sont prêts à les accueillir. À ces stages, vient s’ajouter une nouvelle initiative. En effet, quelle ne fut pas notre surprise en découvrant que le gouvernement voulait aussi « envoyer les écoliers et les collégiens à la ferme ». Cette bonne idée vient de Marc Fesneau, ministre de l’Agriculture. Pourquoi pas ! Il n’en reste pas moins que les raisons justifiant cet énième ajout au plan de travail des élèves laissent pantois : nos chères têtes blondes ou pas, devront en profiter pour comprendre et se préparer à l’alimentation de demain, comprendre mieux le dérèglement climatique, et tout cela grâce bien sûr à une loi et un pacte d’orientation. Et si c’était cette bouillie programmatique pleine de bonnes intentions qui pavait les chemins de l’échec scolaire ?

De surcroît, si l’on en croit le manque de renouvellement des dirigeants d’exploitation agricole, il vaudrait mieux préparer les enfants à reprendre une ferme, plutôt que de seulement les inciter à s’investir dans l’entreprise classique.  

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Cet objectif apparait essentiel car d’ici à dix ans, un tiers des agriculteurs français sera parti à la retraite. Dans un tel cadre, il ne va pas être simple de leur expliquer parallèlement que l’Europe et nous, avons décidé de diminuer drastiquement les cheptels bovins et ovins pour économiser le CO2 et l’envoyer se dégager ailleurs. Tout cela pour importer la viande d’Argentine et le cuir de Tunisie… Nos maitres d’école, devenus médiateurs agricoles par la grâce du gouvernement, ne décolèrent pas. A juste titre. Pour continuer dans le délire prescripteur, le cheptel devant être réduit comme peau de chagrin pour sauver la planète, on pourrait demander aux élèves de tondre l’herbe qui envahira nos champs, faute d’être mangée. C’est plus sain que de la fumer ! Est-ce qu’au moins ils pourront faire de la natation dans les méga-bassines de réserve d’eau ? La question est essentielle, parce que l’emploi du temps idéal de l’enfant doit comprendre aussi beaucoup plus de sport. 

Une « école de la vie »?

Vous pensez que l’on a fait le tour des prescriptions pédagogiques ? Eh bien non. Voilà qu’une ministre attentive à l’économie familiale a décidé de mettre des cours de cuisine au programme. Sans doute pour que les enfants ne mangent pas les mauvais plats préparés que leur imposent leurs mères. Merci pour l’industrie agro-alimentaire qui se voit ainsi assimilée à la malbouffe ! On ne cuisinera bien sûr que des fruits et légumes, cinq par jour. Il faudra aussi interdire le sucre : un vrai poison. Et aussi la viande à cause du pouvoir destructif de la flatulence bovine… Il reste néanmoins un espoir pour tous ceux qui adorent varier les plaisirs et mélanger les genres, vous pouvez mettre vos enfants en cuisine et en prime, leur concocter une bonne dictée avec la recette. 

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On ne reviendra pas sur la question de l’éducation sexuelle ni sur la fameuse directive trans qui dote les enfants mineurs de la capacité à imposer le genre qu’ils choisissent plutôt que le sexe biologique qui existe. Pourtant, ce choix du pouvoir était destiné à montrer aux parents qu’il était temps de faire preuve de plus de tolérance, pardon de « bienveillance inclusive ». Faire la leçon aux parents, en leur ôtant en partie leur responsabilité parentale au nom de leur absence de progressisme, est-ce vraiment le rôle de l’école ? Visiblement la réponse est oui, car le gouvernement a développé une nouvelle idée brillante : l’école des parents. 

Il ne va pas rester beaucoup de temps pour les maths à ce tarif ? Au passage, quelqu’un a-t-il pensé à demander au ministre de l’Éducation nationale s’il est d’accord avec cette diversification tous azimuts des missions dévolues à l’institution scolaire ? 

Gageons cependant que tout cela se fera dans la bonne humeur grâce aux cours d’empathie mis en place récemment ! 



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Chef d'entreprise, présidente du mouvement ETHIC.

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