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Faut-il tirer sur le pianiste?

Est-ce toujours la faute du président ?


Faut-il tirer sur le pianiste?
Le Premier ministre à côté du président du MEDEF, Patrick Martin, hippodrome de Longchamp, 28 août 2023 © Emmanuel DUNAND / AFP

Les réformes en France tardent décidément à voir le jour, malgré les promesses incessantes des présidents successifs: simplifications, décentralisation – tout y passe, mais rien ne change dans les faits. Mais faut-il donc toujours blâmer le président? Alors que les universités d’été du MEDEF ouvrent leurs portes, le coup de gueule de Sophie de Menthon.


Faut-il vraiment continuer à honnir de la sorte le président de la République ? Il faut choisir : on lui reproche de tout faire et en même temps de ne rien faire… « En même temps », il aurait mieux fait ce jour-là de trouver une autre formule que celle qui lui reste scotchée dans le dos comme un poisson d’avril.

Et pourtant la France n’est qu’un magma de « en même temps », les Français ne savent plus comment ils s’appellent, désarçonnés par leurs propres injonctions contradictoires doublées de celles du gouvernement. On veut tout et son contraire toutes catégories confondues, on veut des aides mais stop à l’endettement, on veut moins de fonctionnaires mais on demande de plus en plus à un service public en déroute. Nous sommes libéraux mais protectionnistes, nous voulons moins d’immigrés mais hurlons au racisme dès qu’il s’agit d’en désigner un, nos enfants sont nuls mais dès qu’ils se font réprimander en classe c’est le prof qui se fait engueuler. Nous sommes tous écolos dans l’âme (je n’ai pas dit Verts !) mais pas question de renoncer à quoique ce soit, il faut faire payer les autres; on demande tout à l’État, mais on veut moins d’État ; Un pays laïc ? mais Éric Ciotti souhaite une bonne fête de l’Assomption sous la protection de la Vierge aux Français le 15 août, et en même temps il ne faudra pas de crèche à la mairie, etc.

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Bref, nous n’en sortons pas, la France fonctionne mal, malgré l’efficacité certaine de beaucoup de nos concitoyens, travailleurs remarquables. Répétons-le : nous sommes asphyxiés de mesures stupides, d’une dissuasion permanente à bosser pour mieux nous protéger des chefs d’entreprises et du travail ! De pochettes surprises permanentes, de pseudo aides à tout et n’importe quoi. Dissuadés de nous enrichir, exemptés de responsabilité individuelle…  

La faute du président ?

Mais alors à qui la faute ? Qui dirige ? Qui est responsable par exemple de la ridiculissime aide au raccommodage et au ressemelage des chaussures ? ça ne peut quand même pas être le président de la République ! il ne peut objectivement pas tout voir et contrôler, guetter les minuscules lubies de ses ministres, il ne peut pas être à Playboy pour rhabiller Marlène Schiappa, ni empêcher les sextapes d’un candidat à la mairie de Paris, ni contrôler qu’un ministre ne se goure pas sur les calculs des retraites… Et pourtant il est président donc forcément responsable, alors peut-être faudrait-il commencer par virer immédiatement les coupables ministériels après une bévue sérieuse ? Il faut certes l’impulsion et la volonté, mais surtout la capacité de « manager » la France à l’échelon du dessous, celui des cadres supérieurs comme dans une entreprise avec un DG de poigne… actuellement la Première ministre à l’Assemblée nationale gère un syndic de copropriété, cela n’aide pas pour créer un consensus autour des décisions fondamentales dont le pays a besoin.    

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Tous les secteurs sont à l’abandon, malgré un interventionnisme plutôt nuisible. La santé, par exemple : pourquoi la décision du numerus clausus n’a-t-elle été appliquée que très partiellement (c’est ce que nous expliquent les experts) ? Pourquoi personne n’a-t-il étudié la question des locaux et des profs pour augmenter le nombre d’étudiants en médecine ? pourquoi paie-t-on si mal le personnel hospitalier alors que nous sommes criblés d’impôts et que partout il manque « de moyens »  et de personnel dans la fonction publique ? et pourtant les entreprises paient : nos charges sociales sont les plus élevées et empêchent d’augmenter les salaires. Pourquoi le privé fonctionne-t-il mieux dans tous les domaines ? Et pourquoi méprise-t-on le secteur privé, sans s’appuyer sur lui ? Il faut sous-traiter et confier aux entreprises compétentes, avec un strict cahier des charges, tout ce qui peut leur être confié. Il y a même une plateforme pour cela (« entrepreneurs pour la République »).

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Les contre-pouvoirs ne sont pas là où il faut (je pense par exemple à la Justice). En revanche, pourquoi des ARS (agences régionales de santé) « indépendantes » peuvent bloquer, sans que le ministre de la Santé n’ait son mot à dire ? C’est bien l’organigramme incompréhensible et intouchable français, avec des niveaux hiérarchiques multiples, organisés pour que la paralysie au bout du compte l’emporte sur les initiatives, qui nous tue à petit feu.

Réformer pour de bon

Il faut réformer, mais vraiment reformer, en repensant en profondeur le système entier et en visant l’efficacité et la simplification. Donner des responsabilités et que les vrais responsables le soient sur leur poste ; tolérance zéro pour tous ceux qui sont au pouvoir, y compris dans l’administration, c’est la base. Il faut qu’ils soient plus compétents que les autres, plus responsables – exemplaires en un mot. Arrêter les déclarations-promesses à l’emporte-pièce annonçant des mesures qui ne verront pas le jour. Qui contrôle ces annonces ? Il parait que cela s’appelle « faire de la politique » ! Mais alors qui peut virer et sévir ? ce devrait être le Premier ministre, non ?  Mais en a-t-il le pouvoir ? C’est bien l’entourage du président qui est responsable et coupable, certes, mais en même temps c’est ce dernier qui choisit son entourage ! On peut admettre qu’Emmanuel Macron ait d’autres préoccupations : guerres menaçantes, épidémie, dette abyssale, extrémistes verts, gilets jaunes… bref il en voit de toutes les couleurs.

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Mais la perception qui découle de tout cela, c’est que président de la République lui-même ne sait pas comment s’y prendre pour réformer structurellement et en premier lieu, recadrer et redéfinir précisément les missions régaliennes de l’État. Mais quel président saura donc s’y prendre ?

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Chef d'entreprise, présidente du mouvement ETHIC.

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