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Droite: d’une économie politique, on ne peut plus faire l’économie!

Face au grand déclassement, quelle économie politique pour la vraie droite?


Droite: d’une économie politique, on ne peut plus faire l’économie!
Valérie Pécresse devant le MEDEF, Paris, 21 février 2022 © ROMUALD MEIGNEUX/SIPA

Une analyse de Bernard Landais, auteur de Réagir au déclin, une économie politique pour la droite française (VA Editions, décembre 2021). 


La plupart des candidats à l’élection présidentielle, de droite comme de gauche, évitent  les débats économiques parce qu’ils pensent qu’ils sont ardus et électoralement improductifs. Répéter en boucle que les Français sont préoccupés de leur pouvoir d’achat est un peu leur minimum syndical… La poussière économique est mise sous le tapis !

Voir les choses en face et clarifier les principes

La première caractéristique de l’économie politique de droite est qu’elle satisfait au principe général de réalité. Face à l’immigration et ses conséquences et à la place de la France dans le monde, le candidat de droite est celui qui regarde la réalité en face ! Or, la réalité économique française de l’époque est celle du déclin, pire même, celle de l’anti-développement, ce qu’Eric Zemmour nomme le « grand déclassement ». Ce constat qui était naguère brocardé par les médias est devenu une évidence que la crise sanitaire n’a fait que révéler et accentuer. 

Au-delà du réalisme, la « vraie droite » se définit par deux caractéristiques claires:

  • Elle est d’abord libérale au sens précis du terme ; un libéral est quelqu’un qui aime sa liberté et celle des autres. Pour résumer mon propos, un vrai libéral ne peut être favorable au passe sanitaire ni étouffer les gens sous toutes sortes de règlements (les emmerder !). C’est d’autant plus crucial qu’une grande partie de notre déclin économique vient de l’affaissement de l’esprit de liberté, pour nos entreprises mais aussi pour notre vie courante. Dans une économie où la prolifération des investissements aléatoires de toutes sortes (industriel, éducatif, d’innovations et de puissance) est la condition primordiale de succès, l’application systématique des pressions et du contrôle administratif prétendant éviter tout risque est tout simplement suicidaire. 
  • Elle est nationale ensuite, car si le salut économique nous vient de la transmission libre de multiples cultures, on ne peut compter sur qui que ce soit d’extérieur pour le faire à la place des Français. L’Europe politique qui s’est mise en place depuis les années 1990 est totalement impuissante face aux défis posés par notre déclin économique et social auquel elle a plutôt contribué. Qui peut imaginer un seul instant que Madame Von der Leyen porte un réel intérêt aux forces vives de l’économie française ou souhaite encourager la transmission de notre culture au profit de notre développement ? Elle fait tout le contraire, en bonne gestionnaire du mondialisme.

Quelles politiques économiques pour contrer le déclin ?

Les politiques économiques à mettre en œuvre dans une perspective de droite sont des « politiques de l’offre généralisées ».

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Les politiques de l’offre, popularisées sous Ronald Reagan et Margaret Thatcher dans les années 1980, consistaient en un bouquet de mesures  fiscales et d’incitation au travail. Leurs réformes se sont avérées efficaces. Mais à cette époque, les économies nationales n’étaient pas aussi abîmées en profondeur et les ressorts d’un capitalisme des classes moyennes étaient encore bien tendus. Désormais, il nous faut généraliser la stratégie d’offre et la combiner à une patiente reconstitution des cultures humaines qui nous font défaut. L’une des tâches les plus urgentes est de remettre en place un système éducatif qui rehausse le niveau scolaire mais aussi le goût de la découverte, de la liberté et du risque. Abolir le principe de précaution est la mesure emblématique la plus urgente à prendre ; elle concerne l’ensemble de l’économie et de la société en France. 

En réalité, ce qui se rapproche le plus de la politique idéale de droite fut celle des années De Gaulle et Pompidou car les dirigeants français de cette époque avaient lié la libéralisation de l’économie française (Traité de Rome) à la défense ardente de son indépendance et de sa puissance. La liberté du commerce et le nucléaire civil et militaire furent les deux outils les plus utilisés et les mentalités étaient dans le bon alignement… dans une France rajeunie !

Qui pour la mener ?

Les candidats de droite les mieux placés se saisiront-ils du thème économique ou préféreront-ils enfoncer le clou uniquement sur les questions d’immigration et de sécurité intérieure ? On ne peut faire l’impasse sur le déclassement économique car il y a urgence. 

Mais gageons qu’un mandat présidentiel aussi court que cinq ans est en soi un défi tactique pour quelqu’un qui voudrait réagir à ce déclin de quarante ans. Il sait d’emblée que ça demandera du temps et surtout il ignore ce qu’en savent ou en pensent vraiment les Français qui vont voter en avril. C’est sans doute pour cette raison que le débat relatif au grand déclassement n’a pas encore vraiment débuté, et ne commencera sans doute pas, sauf pour ce qui concerne la réforme scolaire. Il faut tirer le fil un peu plus loin !

Réagir au déclin: Une économie politique pour la droite française

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Professeur de Sciences Économiques aux Universités de Brest, Rennes et Bretagne-Sud et doyen honoraire de la Faculté de Droit et des Sciences Economiques de Brest

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