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Bilal Hassani et les exorcistes

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Bilal Hassani et les exorcistes
Bilal Hassani à la cérémonie des NRJ Music Awards à Cannes, le 18 novembre 2022 © ROMUALD MEIGNEUX/NMA2022/SIPA

Le jeune chanteur et provocateur Bilal Hassani déplore l’annulation de son concert dans une ancienne église à Metz (57).


Il existe des spécialistes de Proust ou de littérature médiévale. Pour ma part, je suis spécialiste de Bilal Hassani. En effet, cela fait au moins le troisième article que j’écris dans ces colonnes au sujet ce pro du buzz. Toujours pour prendre sa défense. Et, spoiler alert : je ne changerai pas de point de vue.  

Reprenons donc depuis le début. Bilal Hassani devait se produire dans une église de Metz, ce mercredi, plus précisément à l’ancienne basilique Saint-Pierre-aux-Nonnains, ce qui suscita de vives réactions au sein de la mouvance catholique traditionnelle locale et dans les milieux nationalistes. Le concert fut bien entendu annulé. Bilal a une fois de plus fait parler de lui. Et les cathos tradis ont pu se targuer d’une victoire à la Pyrrhus, qui a fait triompher la France éternelle face à celui qui est, selon eux, un dégénéré transsexuel (qui plus est maghrébin !). Tout le monde est content, la balle au centre. 

Les pédés, au bucher!

Je pourrais finalement m’arrêter là. Le buzz stupide du moment vaut-il vraiment un article, alors que les Français se battent pour leur retraite ? Oui, car ce genre d’anecdotes disent beaucoup de l’époque dans laquelle nous vivons et permettent de creuser d’autres sujets. 

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Précisons donc un peu les choses. Les membres de l’association « Lorraine Catholique » se sont lancés dans des gesticulations aux relents quasi médiévaux, criant à la « profanation », appelant les fidèles à une prière collective et à un « chapelet de réparation ». Il ne manque plus qu’un exorciste et un bûcher pour y brûler Bilal ! Tout cela est bien exagéré, et tient, à mon sens, du spectacle. D’autant plus que nous apprenons que cette église est devenue justement une salle de spectacles et qu’elle est désacralisée depuis 500 ans. Mais qu’importe le flacon, pourvu qu’on ait l’ivresse du buzz.

Faire l’andouille à la mosquée serait moins aisé

Les réseaux sociaux en ont évidemment rajouté une couche, certains internautes ont proposé à l’ex-candidat de l’Eurovision, d’aller se produire dans une mosquée la prochaine fois, insinuant qu’il risquerait la lapidation. Peut-être. Mais cet argument est à mon sens parfaitement ridicule, comparaison n’est pas raison, car les mosquées sont des lieux uniquement consacrés à la prière et que la liturgie (si importante dans le catholicisme) n’existe pas dans l’islam. Et à mon sens, le catholicisme, avec sa belle liturgie, ses chants, et ses représentations de toute beauté du Christ ou de la Vierge, est une religion de spectacle, de spectacle sacré, mais de spectacle. Mais le sacré a aujourd’hui effectivement fait place au profane. Même s’ils sont parfois mêlés, et là je pense au magnifique concert qu’avait donné Nico – la chanteuse du Velvet Underground – à la cathédrale de Reims en 1974. Ceux qui savent mes obsessions connaissent ma théorie sur le catholicisme comme dernier avatar du rock’n’roll. Certes, l’entertainer Bilal Hassani est loin d’être Nico, et on l’imagine plus volontiers chez Michou que dans une église. 

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Cependant, Bilal, qui fut élevé dans un pensionnat catholique, est sûrement plus proche de la religion du Christ que de celle de Mahomet. La preuve : en décembre 2021, il a posé en une du magazine Têtu, et la photo le présentait, telle une image pieuse, en personnage à mi-chemin entre la Vierge et le Christ. Interviewé à l’époque chez Hanouna, le rédacteur en chef du magazine LGBT avait souligné une chose très juste : les représentations du Christ et de la Vierge font aujourd’hui partie de la culture pop. Et nombre de collectionneurs de statuettes de la Vierge (dont je fais partie), ne sont ni catholiques ni croyants. Elle représente la mère universelle, une image rassurante et empreinte de douceur. Nul doute qu’elle aurait accueilli Bilal au sein de son église. 


Couverture du magazine Têtu



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