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Diplomatie: l’Allemagne fait son retour

La France et l'Angleterre rétrogradés ?


Diplomatie: l’Allemagne fait son retour
Réunion des chefs d’État et de gouvernement selon le Format Normandie, le 10 décembre 2019. Numéro de reportage : SIPAUSA30193434_000038 Auteurs : Kommersant/SIPA

L’Allemagne revient sur le devant de la scène, elle est désormais le pays pivot en Europe et peut discuter à égalité avec les États-Unis et la Russie, imposant son ordre et ses volontés au reste de l’Europe. La France et l’Angleterre ont-elles encore la première place ?


Pour Henri Massis et d’autres autour de l’Action française, l’Orient débutait au-delà du Rhin, l’Allemagne c’était déjà l’Orient. Les deux totalitarismes du XXe siècle – selon la brillantissime Hannah Arendt – ont été le nazisme et le bolchévisme. Ces deux mouvements ne pourraient pas naître dans le monde d’avant les tranchées, nous étions sortis d’une époque. Si l’Orient débute au-delà du Rhin, le nazisme et le bolchévisme sont orientaux. Mais l’Allemagne ne chevauche-t-elle pas l’Occident et l’Orient, n’est-elle pas le trait d’union? N’est-elle pas cette Mitteleuropa, carrefour s’il en est? Après la chute de Rome, les liens entre la romanité et la germanité ont été forts, mais la Germania Magna – contrairement aux petites Germania Inferior et Germania Superior – n’avait pas été romanisée, et cela fit toute la différence. D’ailleurs la propagande américaine contre l’Allemagne pendant la Grande Guerre joue sur cette ambiguïté en associant Allemands et Huns, en mentionnant exactement cette essence orientale de l’ennemi.

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Pourtant, pendant le conflit suivant, cela n’a pas empêché quelqu’un comme Patton de rejoindre la position de Laval, il fallait choisir les Allemands contre le bolchévisme. L’Américain a dit qu’en Europe il y avait les Allemands et les Russes et que les Américains devraient faire front commun avec les premiers contre les seconds. Le Français souhaitait une victoire de l’Allemagne pour endiguer la marée bolchévique. Les Germains n’étaient plus des Huns, ils étaient l’avant-garde de la civilisation occidentale contre la barbarie orientale. Certes, cette position n’était pas partagée par tous, mais elle avait beaucoup de partisans, tant en Amérique qu’en France.

Après 1945, l’Allemagne s’est effacée. Depuis 1989 elle revient et redevient, pour la troisième fois, un casse-tête pour les Américains. Pourtant ils ont voulu régler la réunification tout de suite. Les Britanniques et les Français étaient rassemblés contre la volonté américaine, ils voulaient retarder la réunification allemande pendant que les États-Unis voulaient l’accomplir rapidement. Aujourd’hui il y a des voix internes outre-Atlantique très critiques sur le processus, reprochant à leurs leaders leur naïveté. Mais ces voix sont basses et controversées, elles se sentent dans l’ombre, pas dans le débat ouvert au grand public. Les Américains, imbibés d’idéalisme et d’idées sur la fin de l’Histoire, allaient sous-estimer la capacité des Allemands à se redresser et à tracer leur propre chemin.

Le redressement de l’Allemagne

Delors suivait la feuille de route établie par les Américains, cela gênait non seulement Thatcher, mais également Mitterrand. Ils savaient que la réunification devrait augmenter considérablement la…

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