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Scandale « sexiste » Riolo-Rothen: une polémique bien inutile

Comme souvent, l'idéologie prend le pas sur le pragmatisme


Scandale « sexiste » Riolo-Rothen: une polémique bien inutile
L'équipe de l'After Foot. De gauche à droite: Gilbert Brisbois, Nicolas Vilas, Daniel RIolo et Jérôme Rothen Image : Capture d'écran Twitter RMC

La foudre s’est abattue sur les deux experts du foot Daniel Riolo (journaliste) et Jérôme Rothen (ancien footballeur), après leurs propos peu distingués au micro de RMC. Mais ces ennuyeuses cabales féministes modernes sont contre-productives.


Comment se fait-il qu’il y ait encore autant d’inégalités entre les femmes et les hommes en 2019 ? Une des réponses tient, selon moi, à l’inefficacité des mouvements féministes dominants : quand l’idéologie prend le pas sur le pragmatisme, on brasse beaucoup de vent, mais les résultats sont décevants.

Haro sur le sexisme !

Plusieurs événements de ces derniers jours confirment cette hypothèse.

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En lisant le portrait par Raphaëlle Bacqué de Sibeth Ndiaye dans M, le magazine du Monde, j’ai manqué de m’étrangler devant le sexisme présent dans le papier. La journaliste (que j’adore habituellement) écrit : « Sa tenue était des plus chics, probablement pour la photographe du Monde, le sourire avenant mais le regard un peu dur », puis nous apprend que la porte-parole du gouvernement porte « une petite robe jaune de pique-nique champêtre », puis nous décrit « ses tenues d’ado – baskets, robes colorées – ». Au passage, j’apprends qu’il suffit qu’une femme porte une robe colorée pour faire ado. Vous le saviez, vous ? En tout cas, il est rare que les journalistes du Monde attachent la même importance aux tenues vestimentaires des hommes politiques. Quelques lignes plus loin, je vois écris « Sibeth », Sibeth tout court, sans son nom de famille. La journaliste star du Monde  n’appelle quand même pas une femme politique uniquement par son prénom alors que tous les hommes politiques dans l’article ont droit à leur nom de famille, eux ? Eh bien si, et à plusieurs reprises ! Ce n’est donc pas une coquille.

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Marlène Schiappa: dénonciations à géométrie variable

Je ne suis pourtant pas encore au bout de mes surprises. L’article du magazine M évoque encore « les filles du service de presse [du ministère de l’Economie] ». Quel âge ont-elles ? A moins que ce ministère fasse travailler des filles de 10 ans, elles ont droit d’être appelées des « femmes » et non des « filles », non ?

Je me dis alors que Marlène Schiappa va dénoncer le sexisme qui suinte de cet article. Mais non, il n’en est rien. En revanche, la secrétaire d’Etat dénonce avec véhémence le sexisme suintant de propos tenus par Daniel Riolo (journaliste) et Jérôme Rothen (ancien joueur de foot) qui contribueraient à la « culture du viol », ce qui leur vaudra une suspension d’une semaine de l’antenne de RMC.

Avant d’analyser ce qui leur est reproché, il faut bien entendu contextualiser: sur RMC, « L’After foot » est un talk show généralement radio-télédiffusé entre 22 heures et minuit qui s’adresse à un public d’initiés (si on n’est pas fan de foot, c’est difficile de suivre). On est loin d’un programme qui se voudrait familial ou grand public. L’émission réunit des spécialistes qui apportent des informations, commentent l’actualité, critiquent les matchs et présentent des « avis tranchés » tels des éditorialistes. Le mélange des genres est assumé dans la mesure où certains moments de l’émission peuvent être potaches quand d’autres sont « intellos ». Le slogan est « L’émission qui dit tout haut ce que le monde du foot pense tout bas » et il est vrai que la langue de bois n’y a pas sa place.

“Pas un avion de chasse intersidéral”

Alors que l’émission évoque l’accusation de viol portée par une jeune femme contre Neymar, Riolo et Rothen ouvrent un « débat parallèle » au cours duquel ils se disent surpris que cette femme que Neymar a fait venir à ses frais du Brésil ne soit pas un « avion de chasse intersidéral ». A l’aide d’une métaphore filée (celle du niveau des compétitions de foot), les deux hommes disent en substance que Neymar, en raison de son standing, pourrait avoir des relations sexuelles avec des femmes plus belles. Autrement dit, ils expriment l’idée qu’il existe un marché sexuel où certains ont un rapport de forces plus élevé que d’autres et où la beauté est l’une des principales qualités recherchées.

Par aveuglement idéologique, les indignés et la Sécrétaire d’Etat font fausse route ; ils entendent ce qu’ils ont envie d’entendre au lieu d’analyser les propos tenus, dans leur contexte. Mais, pour résumer (et je confesse écouter régulièrement le programme de RMC), les indignés font 5 erreurs de compréhension.

Plus potache que sexiste

1) Ils ne se rendent pas compte que c’est de Neymar (et non pas de la jeune femme) que les deux spécialistes de foot se moquent.

2) Une métaphore filée est tout le contraire de la vulgarité.

3) Cette théorie du marché sexuel n’est pas propre à Riolo et Rothen, on la retrouve sous d’autres formes en biologie, sociologie et économie.

4) Il est difficile de ne pas juger la beauté d’une femme qui est mannequin, qui envoie des photos dénudées et joue elle-même de son physique à la télévision. Il arrive d’ailleurs régulièrement que les participants de cette émission fassent des parenthèses un peu potaches avec des commentaires sur le physique de footballeurs, de leur femme ou d’autres participants de l’émission. Il n’y avait donc rien de spécifique à cette femme.

5) Les deux spécialistes de foot ainsi que le présentateur prennent bien soin de marquer qu’il s’agit d’un débat parallèle qui n’a rien à voir avec le viol. Contrairement à ce que disent les indignés des réseaux sociaux qui parlent d’un débat sur la « violabilité » de cette femme.

Professionnels de l’indignation

Plus grave, les indignés font 2 autres erreurs qui les amènent à jouer aux pompiers (ou pompières) pyromanes. Au lieu d’apaiser les passions et de faire de la pédagogie, ils tiennent des propos peu respectueux envers Riolo et Rothen tout en reprochant à ces deux hommes de manquer eux-mêmes de respect ! Et surtout, ils généralisent une situation pour le moins singulière et pas encore tranchée par la justice à l’ensemble des femmes violées qui n’osent pas porter plainte.

Pourtant, il n’est pas sûr que l’ouvrière violée par son patron ou la femme violée par un inconnu dans un parking s’identifient en premier lieu à cette femme. Pas sûr non plus qu’une femme violée ait davantage envie de déposer plainte après cette énième polémique médiatique. Ce barouf autour d’une simple émission de fans de foot a plutôt de quoi effrayer… On se demande même si les indignations n’ont pas été inefficaces et contre-productives. Il y aurait tellement mieux à faire pour œuvrer véritablement en faveur d’une société plus harmonieuse !

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